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Interview : Jean-Pascal de Peretti, Président du Serce

J3e – Quels sont les enjeux centraux d’amélioration de la performance énergétique des bâtiments tertiaires ?
Jean-Pascal de Peretti – Les enjeux ne sont pas uniquement liés à la performance énergétique, mais aussi aux émissions de CO2. Le décret tertiaire constitue un enjeu central, et au-delà, les interactions du bâtiment avec son environnement. Je pense par exemple à l’îlot urbain à énergie positive Hikari à Lyon. Dans ces conditions, les systèmes actifs du bâtiment représentés essentiellement par les lots techniques (systèmes électriques, contrôles d’accès, CVC, production et stockage d’énergie) sont les bases qui alimentent les Building management systems (BMS). Les mieux placés pour participer à l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments sont ceux qui ont la meilleure connaissance de leurs clients, alliée à une forte compétence technique. Nos adhérents sont en première ligne pour réfléchir aux optimisations d’aujourd’hui et de demain. Il ne suffit pas de comprendre le contexte réglementaire et d’appliquer les lois, il faut également comprendre les usages et les données. L’énergie représente en moyenne 4 % du coût d’exploitation des bâtiments de bureaux, ce qui est relativement modéré. Si nous parlons carbone, cela permet d’engager davantage d’acteurs dans les démarches de performance. Nos adhérents intègrent les réflexions sur le carbone à leurs projets de construction et d’exploitation, grâce au développement d’outils permettant de calculer des analyses de cycle de vie. Collectivement, nous étudions la possibilité de mettre à disposition de nos adhérents une solution à l’automne 2021.

J3e – Comment concevoir une infrastructure performante de gestion des consommations énergétiques et d’amélioration de la performance opérationnelle ?
J.-P. de P. – Cela concerne surtout les bâtiments existants et soulève les questions des outils utilisés, de l’usage fait des données pour générer des gains de performance. Il ne sert à rien de faire remonter des milliers de gigas de données. Il convient avant tout de réfléchir à leur architecture. Par exemple, pour un bâtiment de logements classique, les données aberrantes peuvent être supprimées, ce qui n’est pas le cas pour les bâtiments plus complexes, pour lesquels elles peuvent fournir des informations importantes. Encore une fois, il faut connaître les usages des bâtiments pour être en mesure d’interpréter les données. Ce besoin de proximité constitue d’ailleurs un point d’attention pour les start-up, qui développent des outils très performants, mais parfois mal adaptés aux usages réels. La cybersécurité est également un véritable sujet. Enfin, les plus fortes optimisations comme les nouveaux usages viendront de la capacité à connecter entre eux plusieurs usages de base verticaux, par exemple les caméras de surveillance, le contrôle d’accès et la protection incendie pour faciliter une intervention des pompiers.

J3e – Quelles tendances technologiques se dessinent à l’avenir et quelles sont les opportunités offertes par ces technologies ?
J.-P. de P. – Le point de synthèse de toutes les technologies du bâtiment, combinées à une architecture de données pertinente, est le jumeau numérique. Il est, à nos yeux, le moyen parfait de connaître le bâtiment dans toute sa complexité. Le sujet de la communication des bâtiments avec leur environnement et notamment le bâtiment comme composante active de flexibilité des réseaux électriques voit émerger des initiatives intéressantes, avec des logiques de territorialité et de réduction de taille des territoires énergétiques. Enfin, les énergies renouvelables et les véhicules électriques intégrés aux bâtiments sont également des thèmes que nous suivons de près et qui concourent à ces objectifs de flexibilité. Toutes ces solutions font remonter nos adhérents dans la chaîne de valeur des bâtiments. La transition énergétique et numérique constitue une véritable opportunité.

Filière 3e: