Ce n’est un secret pour personne que le recyclage des matériaux et notamment celui des plastiques est bon pour l’environnement. Pourtant depuis des décennies ces matières premières en déshérences vieillissent, au mieux dans des décharges, parfois jonchent les rues, quand elles ne s’évacuent pas dans les océans avec les conséquences que nous savons. Pour enrayer le phénomène ou tout au moins le ralentir, l’économie circulaire est une solution. Faire du neuf avec du vieux, Il y a des freins à lever bien évidemment, et qui ne sont pas que techniques. Mais il y a nécessité de reprendre à son compte la formule du chimiste Antoine Lavoisier, « rien ne se perd, tout se transforme ». Ou, devrait-on dire tout, ou à peu près tout, peut se transformer, à condition que les acteurs concernés le veuillent bien. A ce jeu-là, le Groupe Hager a décidé de jouer, même si ce n’est pas un jeu mais un enjeu porté par ses dirigeants, qui en font une étape majeur de leur stratégie.
C’est en 2018 que le groupe Hager recycle et prend le chemin de l’économie circulaire. Un projet initial qui consiste « à inclure un certain pourcentage de matières recyclées post consommation dans la fabrication de pièces de coffrets électriques encastrés », détaille Skander Hassayoune, ingénieur développement durable au sein du Groupe Hager. Pourtant la prise en compte des notions environnementales et du recyclage en particulier ne sont pas des concepts nouveaux au sein de l’entreprise, « depuis une décennie, par exemple, l’emploi de moules d’injection à canaux chauds, qui optimisent les quantités de matières employées, réduisent la production des déchets plastiques dans les ateliers, et depuis bien plus longtemps le rebroyage des chutes, permet de les réintroduire dans le flux industriel ».
Mais cette fois, c’est un pas en avant qu’effectue le Groupe Hager, en faisant usage de matières recyclées à partir de « Déchets d’Equipements Electriques et Electroniques » (DEEE). Ce sont « des matériaux post consommation, qui proviennent de biens d’équipements arrivés en fin de vie ». Le projet Hager, représente l’opportunité de prendre en charge certains de leurs composants pour leur donner une seconde vie.
Dans un premier temps, le choix des pièces concernées « doit générer à terme un volume de production suffisamment important pour que l’expérience devienne probante d’un point de vue industriel ». Les ingénieurs et les experts en plasturgie du Groupe Hager portent leur choix sur deux pièces, « l’une en polycarbonate, l’autre en polystyrène ».
Mais de l’idée à la concrétisation il y a un pas, qui ne s’improvise pas, « simplement broyer de vieux matériaux ne les rendra pas réutilisables tel que ! ». Un des premiers défis était d’identifier la source capable d’assurer l’approvisionnement des matières recherchées. Pour franchir cette étape, « nous avons sollicité ecosystem* pour nous accompagner. L’organisme met à notre disposition sa connaissance de l’écosystème de la filière recyclage pour investiguer des possibilités de matières qu’offrent le marché et répondant à notre cahier des charges. ». Pendant 18 mois, des études sont menées en interne, « les produits impactés doivent garantir des caractéristiques identiques à ceux conçus à partir de matières vierges. Nous devions être certains que les matériaux recyclés ne dégraderaient d’aucunes manières les propriétés mécaniques ou thermiques de nos composants ». Ainsi toutes les contraintes sont passées en revue et prises en compte, «la pluparts de nos produits sont soit très clairs ou de couleur blanche, or les matières recyclées peuvent modifier la colorimétrie ou provoquer des taches ». C’est un détail qui a toute son importance, et qui peut changer l’image que l’utilisateur peut se faire de la qualité du produit.
Le choix du groupe Hager « se porte sur la société Galloo Plastics installée à Halluin dans les Hauts de France ». Un partenaire « en mesure à la fois de fabriquer une matière prête à l’emploi et de garantir les volumes nécessaires sans risquer une rupture d’approvisionnement et de devoir recourir à des matières vierges ». Ce nouveau prestataire devait, « savoir mettre en œuvre des compétences techniques pour mélanger les additifs avec la matière, pour lui redonner les caractéristiques physiques, thermiques ou bien esthétiques requises ». Cette phase, le Groupe Hager, « ne souhaitait ni la confier à une autre entreprise, ce qui aurait généré une logistique supplémentaire, ni l’intégrer dans ses propres procédures industrielles, à moins de consentir à un investissement financier majeur ».
Aujourd’hui, le projet est désormais passé à la phase industrielle, puisque pas moins de 85% des coffrets électriques encastrés de la gamme impactée, fabriqués sur deux sites en Espagne et en Allemagne, intègrent 33% de matériaux recyclés. Et ce ne sont pas moins de 140 tonnes de matériaux recyclés qui sont utilisés par an. C’est un succès, qui n’est qu’une étape.
De manière contre intuitive, « l’emploi de ce type de matériaux ne génère pas de gains économiques sensibles, d’autant que maintenant nous gérons deux sources d’approvisionnement de matières premières ». Mais l’essentiel est ailleurs, Ralph Fürderer, Chief Technical Officer du Groupe Hager le rappelle : « le chiffre d’affaires et la marge ne doivent pas être les seuls critères pour juger si un projet doit être mené à bien. Nous devons également prendre en compte sa durabilité et son caractère innovant ». L’initiative est, de facto, doublement créatrice de valeur, d’une part parce que c’est un levier qui pérennise l’entreprise sur ses marchés et d’autre part, parce qu’il lui permet de prendre en charge sa part en termes de responsabilité environnementale, et donc de dépasser sa seule raison d’être qui est de concevoir, fabriquer et commercialiser des produits. De ce point de vue, Hager veut faire partie de la solution et non du problème. Et l’entreprise de pousser ses pions dans ce sens, c’est ainsi que fin 2019, Daniel Hager, Président du Directoire, qui tient le sujet très à cœur, a demandé à une équipe transverse de plancher encore plus loin sur la problématique de l’usage des matériaux recyclés au sein de son groupe, « d’en formuler les tenants et les aboutissants et de lancer une dynamique ». La matière plastique est partout, autant la réutiliser quand c’est possible avant qu’elle ne déborde dans l’environnement. Une accroche, Think ! Plastic ? Et un groupe de travail qui « a pour objectif la mise en place d’une stratégie globale d’écoconception de nos produits, en intégrant l’emploi des matières recyclées dès leur conception ». Techniquement, « nous serions capables de fabriquer certains de nos équipements à partir de 100% de matériaux recyclés ! Mais nous devons aussi considérer les contraintes de coût et de design, surtout la couleur ! ». Reste donc à convaincre les utilisateurs…
Olivier Durand
*Eco-organisme en charge de la collecte et du recyclage des équipements électriques et électroniques en France et résultat de la fusion des deux éco-organismes Eco-Systèmes et Recylum en 2018.
Le Groupe Hager en quelques mots :
Hager Group est une entreprise leader dans la fourniture de solutions et de services pour les installations électriques à destination des bâtiments résidentiels, tertiaires et industriels.
Innovant dans son secteur, les prestations du Groupe Hager produites sur 22 sites dans le monde et commercialisées dans 120 pays, vont de la distribution d’énergie à la commande de bâtiment intelligente, en passant par le câblage et les technologies de sécurité.
Entreprise familiale qui siège à Blieskastel (Allemagne, Land de Sarre), le Groupe Hager est dirigé par son propriétaire et ses 11 500 employés génèrent un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros.