Electricien+ – Les usages numériques se sont fortement développés pendant la crise sanitaire, quels sont les enseignements qu’un opérateur important comme SFR a pu tirer de cette période ?
Joseph Choueiri – La crise sanitaire Covid-19 a eu un effet de loupe qui a mis en avant les faiblesses et les enjeux futurs qui attendent les acteurs de l’univers TIC. L’accès au très haut débit, la fracture numérique, la sûreté/sécurité des réseaux, le dimensionnement des réseaux avec les équilibres entre fixe et mobile, ainsi que le réseau dédié aux B2B et B2C.
E+ – Qu’avez-vous observé concrètement dans l’utilisation des réseaux et les usages ?
J. C. – Dès le premier confinement du printemps 2020, les profils de trafic ont connu des variations significatives. Le trafic a basculé des réseaux B2B (entreprises) vers les réseaux B2C (abonnements individuels). Nous avons connu une augmentation du trafic voix mobile et des pics de trafic data mobile supérieurs. Cela s’est accompagné évidemment de besoins croissants de connectivité : usages augmentés (télétravail, télémédecine, streaming, etc.), des risques de fracture numérique accentués, besoin d’un plus grand confort de l’habitat (touchant tous les domaines : usages numériques, mais aussi ameublement, équipements, etc.). Durant le deuxième confinement, nous n’avons pas enregistré les mêmes variations. Cela est sans doute dû au fait que les usagers se sont adaptés progressivement, avec une amélioration des connectivités et des forfaits, l’utilisation du Wi-FI, les progrès dans les outils de bureautique et de travail collaboratif.
E+ – Comment vous êtes-vous adaptés à ce contexte inédit ?
J. C. – Trois leviers essentiels ont été mis en œuvre. Nous avons amélioré la redondance et augmenté la capacité des réseaux. Une attention particulière a été portée aux cœurs de réseau (à redonder), les déploiements des réseaux urbains se sont accélérés. Des budgets dédiés et des sites de supervision « sécurisés » ont été mis en place avec accès limité et risque sanitaire contrôlé. Nous avons développé des offres sécurisées pour les entreprises avec cryptage renforcé, mots de passe, accès distants, VPN. Nous avons mis en place des offres sociales, sur des publics fragilisés, en partenariat avec Emmaüs Connect pour la connexion de 75 000 personnes exclues du numérique dont 50 000 élèves, et les pouvoirs publics pour équiper en box 4G les structures d’aide sociale à l’enfance (pour les cours en visioconférence). Notre offre Numerisun avec Internet social inclus dans les charges a permis la distribution de nombreux modems pour assurer la connectivité de foyers.
Pour permettre le travail collaboratif, nous avons mis en place des solutions numériques sécurisées pour les entreprises : Softphone, outils de travail virtuel (conferencing, salles de réunions virtuelles, etc.), messageries, accès fixes et mobiles sécurisés. Nous avons également un service SIS (service Internet sécurisé) Intégral et managé (pare-feu, filtrage URL, filtrage mail, accès distant (IPsec et SSL et sonde IPS).
Enfin, nous avons accompagné le tout-connecté par l’amélioration des débits et de la connectivité au niveau des accès et des réseaux capillaires. Le développement des réseaux fibre FTTH et 5G a été priorisé, avec, notamment en 2020, le déploiement par le groupe Altice, maison mère de SFR, d’un million de prises FTTH ainsi qu’une avancée rapide sur les zones AMII (appel à manifestation d’intention d’investissement et lancement de plusieurs AMEL (appel à manifestation d’engagements locaux) et délégations de services publics.
E+ – Quels solutions et services mettez-vous en œuvre pour le logement connecté ?
J. C. – Côté habitat, nous proposons des offres très haut débit et des solutions de logements connectés avec connectivité native du logement pour le maintien à domicile, la domotique, les services immobiliers. Nous développons de nombreux partenariats pour une intégration croissante des services tels que domotique, contrôle d’accès, comptage, réseaux.