Si, dans l’hôtellerie de luxe, les consommations ne sont ni un enjeu prioritaire ni une préoccupation clé, pour la petite et moyenne hôtellerie, les économies d’énergie permettent de traduire un engagement environnemental recherché par certains clients et surtout de réduire les frais d’exploitation.
Pour Frédéric Sobotka, responsable commercial de ThermoZYKLUS, le virage semble enclenché et de nombreux hôteliers ont d’ailleurs pris le parti de démarrer les rénovations dans le contexte actuel. Le besoin est là et le vivier d’économies conséquent : « La crise sanitaire que nous traversons a bouleversé notre façon de voir le monde et cela se ressent également dans l’hôtellerie. La prise de conscience est réelle, le cadre législatif est posé, l’envie de tous les acteurs est là. » Après, soyons réalistes, sur ce marché, les solutions devront être écoresponsables mais toujours répondre aux exigences spécifiques du secteur. Les préoccupations esthétiques sont également plus fortes que jamais, le besoin de se différencier par des prestations haut de gamme et innovantes. Par exemple, les hôteliers ne se contentent plus d’une régulation de chauffage performante, ils souhaitent qu’elle devienne invisible ou même mieux, un produit design en matériaux nobles, en phase avec l’image de l’hôtel.
Un autre besoin, particulièrement dans la petite et moyenne hôtellerie, est lié au pilotage des installations. Le confort des clients et la maîtrise des consommations sont des enjeux majeurs qui se heurtent parfois à des freins organisationnels. Le pilotage doit être simple, idéalement réalisable depuis l’accueil, et permettre une supervision et un monitoring réels. Par ailleurs, les petites structures ne disposent pas toujours de GTB/GTC et c’est pourquoi une solution « webserveur embarqué » pouvant se synchroniser avec des calendriers, des logiciels de réservation… grâce à l’interfaçage possible, rassemble des atouts clés, souligne l’expert de ThermoZYKLUS.
La fin programmée du fioul, et des générateurs gaz toujours plus performants
Pour Christian Bonnet, responsable Marketing produit au sein du groupe Atlantic, la recherche des économies d’énergie et la volonté d’aller vers des solutions décarbonées vont de plus en plus favoriser les solutions vertueuses. Atlantic s’inscrit depuis plusieurs années dans cette démarche. Par exemple, la chaudière sol gaz à condensation Varmax offre le choix d’un raccordement hydraulique de l’installation en 2, 3 ou 4 piquages. « Cela permet ainsi de favoriser au maximum la condensation, et donc les économies d’énergie, quels que soient les circuits chauffage et ECS alimentés par la chaudière », poursuit l’expert.
Le décret BACS devrait lui aussi permettre une meilleure gestion des consommations d’énergie du bâtiment. Depuis plusieurs années, Atlantic Solutions Chaufferie intègre d’ailleurs dans les cahiers des charges de ses nouveaux produits la possibilité d’un raccordement simple à un système de gestion technique de la chaufferie ou du bâtiment (GTC ou GTB). C’est le cas des chaudières équipées de la régulation Navistem B3000 (Varmax, Varprim, Varfree, Condensinox…), qui peuvent être équipées de la passerelle Navipass Modbus pour communiquer facilement avec un automate de chaufferie. C’est également le cas du préparateur d’ECS RUBIS, dont la régulation permet de communiquer avec le protocole Modbus. De même, la version 2 de la PAC au CO2 Hydragreen, lancée cette année, dispose désormais d’un module de communication Modbus en option.
Viessmann poursuit le développement de ses activités de R&D dans les technologies innovantes avec les « solutions prêtes pour l’énergie verte », notamment en multipliant des systèmes mixant innovation et énergies renouvelables. On va ainsi retrouver les chaudières murales à gaz compatibles avec l’hydrogène, les piles à combustible à hydrogène, les pompes à chaleur au R32 et les batteries de stockage.
Pour le groupe Viessmann, il n’y a pas de transition thermique sans hydrogène, et toutes les chaudières gaz sont désormais « H2 Ready », c’est-à-dire d’ores et déjà prêtes pour brûler jusqu’à 20 % d’hydrogène ou de biométhane, ce qui se traduit par une diminution de GES de -7 % sur toute la gamme. Avec un objectif jusqu’à 100 % d’hydrogène en 2025.
Globalement, environ 50 % des ventes Viessmann sont désormais générées par l’activité « Solutions prêtes pour l’énergie verte ».
Enfin, pour accompagner la décroissance du fuel classique, sont proposées des chaudières « Green Fuel Ready » qui peuvent également fonctionner avec des sources d’énergie liquide à faible émission de gaz à effet de serre. Il s’agit du HVO (huile végétale hydrotraitée), du PtL (e-fiouls) et de concentrations plus élevées de FAME (esters méthyliques d’acide gras). Des solutions hybrides gaz et fioul sont également disponibles au catalogue.
La régulation terminale est aussi une solution adaptée au monde hôtelier
« Le gros avantage d’une régulation terminale thermocyclique, c’est qu’elle permet, avec une régulation algorithmique très efficace, de gagner en confort et en efficacité énergétique sans nécessiter un renouvellement massif des équipements », introduit Frédéric Sobotka de ThermoZYKLUS. De plus, la mise en œuvre est immédiate sans aucune perturbation de l’activité. Avec à la clé des économies constatées par nos clients de 20 % en moyenne, et ce par la seule précision du système. Mais on peut encore aller plus loin, ajoute l’expert.
Il est aussi clé que les régulations terminales par pièce soient des solutions indépendantes des émetteurs. Et en version radio, l’installation ne nécessite aucun câblage. La régulation terminale par pièce doit être dynamique, ce qui est le cas avec la solution ThermoZYKLUS : les décisions d’ouverture ou fermeture de vannes sont prises en temps réel et de façon automatique grâce à l’algorithme intelligent breveté intégré à l’unité centrale.
« La régulation terminale par pièce répond de façon optimale aux caractéristiques différentes des pièces, mais aussi aux différents comportements et besoins des clients », explique l’expert. La régulation ThermoZYKLUS détecte aussi automatiquement l’ouverture des fenêtres sans pose de contacteurs sur celles-ci, et une fois la fenêtre refermée, procède aux calculs nécessaires pour déterminer si la quantité d’énergie accumulée dans la pièce suffit à elle seule pour atteindre à nouveau la consigne ou bien si la relance du chauffage est nécessaire.
Pour illustration, l’hôtel Troglodyte en Anjou a installé une gestion centralisée permettant un contrôle à distance pour gérer ses planchers chauffants basse température.
Ne pas oublier la QAI et la bonne ventilation
Il s’agit de conjuguer les économies d’énergie avec, à la fois, un renouvellement d’air adapté et une réponse satisfaisante à la réglementation incendie. Côté économie d’énergie, l’utilisation de caissons de ventilation basse consommation ou très basse consommation est l’élément de réponse, souligne l’expert d’Atlantic.
Côté réglementation incendie, et notamment pour les applications liées aux locaux de sommeil, l’extracteur doit être homologué « C4 », c’est-à-dire résistant à des fumées de 400 °C pendant une demi-heure.
Pour les zones d’occupation partielle comme les salles de restauration, les centrales double flux à hautes performances permettent des modulations de débit en fonction de l’occupation.
Vers une hybridation des chaufferies
« L’hybridation des énergies est une tendance qui va s’affirmer et qui fait sens en rénovation comme en neuf, et ce pour répondre aux besoins de chauffage et d’ECS, qui sont très différents dans le domaine hôtelier de ceux des bureaux et des autres activités tertiaires, car quasi permanents pour l’ECS 7/7 », introduit Mickaël Bazerolle, responsable technique avant-vente pour ELCO France Rendamax. Citons un exemple parmi d’autres avec la mise en place de solutions de cogénération associées à la fourniture d’eau chaude et de chauffage pour deux hôtels parisiens. Afin de satisfaire la demande d’énergie, ELCO a mis en œuvre une solution complète combinant une cascade de deux chaudières condensation à haut rendement avec une cogénération à moteur thermique pour chaque hôtel. « Pour l’ECS, nous privilégions une production par échangeur à plaques avec stockage primaire », précise l’expert d’ELCO.
Une solution qui conjugue un confort optimal pour le client – ne monopolisant aucune surface en toiture par comparaison avec des panneaux photovoltaïques – à une meilleure efficacité énergétique, permettant une production électrique permanente et autoconsommée par les forts besoins d’un hôtel.
Par ailleurs, les projets avec du solaire thermique couplé à une énergie gaz ou encore avec une PAC et une chaudière gaz pourraient trouver aussi une nouvelle dynamique dans le contexte actuel, où il y a encore beaucoup à faire en rénovation, notamment pour la petite hôtellerie.
Soulignons enfin que le dimensionnement de la production d’ECS est un élément clé, et assez souvent mal évalué avec des surpuissances parfois nuisibles à l’efficacité du système. Le suivi et la réduction des consommations, demandés par le décret tertiaire, pourront constituer une aide précieuse pour améliorer les outils et les projets.
Jean-François Moreau
ECS : le ballon thermodynamique pour remplacer le chauffe-eau électrique ?
En remplacement de ballons électriques, le ballon thermodynamique est une solution très efficace pour la production d’ECS. Un exemple avec la solution Hydragreen d’Atlantic, qui utilise un compresseur bi-étagé (scroll et rotatif) permettant d’obtenir des hauts rendements jusqu’à – 25° et un Cop de 4,3 à mi-saison, et qui peut s’avérer bien intéressante pour la petite et moyenne hôtellerie, avec à la clé d’importantes économies d’énergie, tout en garantissant le confort.
Pour Atlantic, les solutions thermodynamiques vont continuer de se développer, et, en ce sens, propose également des solutions hybrides – chaudière gaz à condensation et pompe à chaleur. C’est le cas de la solution Hydramax, qui associe une chaudière à condensation assurant le chauffage et une pompe à chaleur pour la production d’ECS, dont l’appoint est assuré par le gaz.
Pour le cas de l’hôtel parisien Moxy, à Bastille, il s’agissait aussi de s’adapter aux contraintes du site, à savoir peu de surface au sol et une hauteur limitée du local technique. Grâce à une production d’eau chaude sanitaire en semi-instantané, le stockage a été réduit à un seul ballon de 1 500 litres en taille basse et la PAC monobloc s’est parfaitement intégrée en toiture sur la terrasse de l’hôtel.
Cette solution de pompe à chaleur utilise le CO2 comme fluide frigorigène, fluide sans impact sur l’appauvrissement de la couche d’ozone (ODP=0), et avec un potentiel de réchauffement très faible (GWP de 1). Par ailleurs, la solution assure la sécurité d’exploitation avec choc anti-légionelle et bouclage assurés par la PAC.
Avec des retours sur investissement intéressants, le plus souvent, entre 3 et 4 ans. Une fiche CEE portée par Uniclima est en cours de définition et d’échanges avec l’Ademe et l’ATEE.