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DOSSIER – Pleins feux sur la « smartisation » des espaces de travail

(c) ABB

Les avantages de la « smartisation » des espaces de travail
« Un bâtiment de “bureaux smart” peut se définir comme un bâtiment qui permet d’accroître l’efficacité et le confort de chaque type de personnes qui l’occupe ou y transite : les collaborateurs, le personnel d’entretien, les équipes de maintenance et de sécurité, les visiteurs. Et c’est aussi un bâtiment durable, qui consomme moins et mieux, avec une empreinte carbone la plus faible possible, et une réemployabilité claire pour lui assurer la plus grande pérennité. La crise actuelle nous donne l’opportunité unique de repenser le bureau, du neuf à l’existant, ce qui nous permet d’inclure des exigences plus strictes en matière de consommations énergétiques ou d’empreinte carbone », introduit Christelle Aroule, Directrice Stratégie Building & Channels France au sein de Schneider Electric.

Smartisation des bureaux, quelle(s) architecture(s) ?
Le bâtiment doit être techniquement équipé en conséquence. Des certifications comme le R2S (Ready To Service) mis au point par la SBA permettent déjà de rassembler des critères de base d’un bâtiment prêt à être digitalisé, poursuit l’experte de Schneider.

« Et cela se traduit par une infrastructure matérielle universelle, c’est-à-dire un réseau TCP/IP connecté à Internet irriguant le bâtiment sur lequel on connecte les équipements et constitue le réseau Smart de R2S. En sus, nous recommandons la mise en place d’une infrastructure logicielle de type BOS capable de mutualiser et contextualiser les données, et qui serait peuplée des informations des équipements connectés, de la base de données technique de la ou les GTBs ou systèmes du bâtiments » explique Serge Le Men, Responsable plateforme digitale Smart Building.

Guidage vers une salle de réunion via My personify workplace de Distech Controls.

Joël Désiré, chef de produits, solutions de bâtiment connecté au sein de Distech Controls, souligne que le plus important est de pouvoir garantir le support de tout type de capteurs ainsi que l’ouverture à des services avancés, et d’être capable de prendre en compte ces nouvelles données pour piloter la GTC de manière optimale. Dans le cas d’un nouveau bâtiment, c’est plus simple, car nous contrôlons l’ensemble du système qui est, par design, une passerelle entre les mondes de l’IT et de l’IoT. Dans le cas d’une rénovation, il est important d’offrir ces mêmes passerelles entre la GTC existante et les mondes de l’Internet des objets et des services numériques avancés.

« Une architecture basée sur le protocole BACnet IP, avec la possibilité d’échanger des données avec des services tiers via des protocoles ouverts et sécurisés bien connus dans le monde informatique (RESTful API), est une architecture adéquate. La possibilité de connecter le système GTB nativement à un cloud, qui peut être celui du client ou du fournisseur de services, est aussi un atout indéniable, car elle offre une grande flexibilité et permet de s’adapter aux contraintes liées à la protection des données et à la cybersécurité », ajoute l’expert de Distech Controls.

Serge Le Men

La puissance de la mutualisation des données
Pour Serge Le Men d’ABB, il y a un point remarquable dans les projets de smart bureaux : « la puissance de la mutualisation des données, et les sources d’économie qui en résultent. En guise d’exemple, nous avons connecté, sur trois des tout derniers bâtiments d’Orange, à Toulouse, Lyon et Nantes, l’application mobile de Orange Business Services « Facilities Now » au BOS de ABB.

L’application d’Orange Business Services est un compagnon de l’usager dans le bâtiment pour gérer ses réservations de salles de réunion, son confort, ses alertes de non-fonctionnement d’équipements, ses services comme la recherche de salles de réunion les plus proches, suivant des critères personnalisés, et propose même de guider les usagers, mais aussi de consulter le menu de la cantine, les prochaines activités proposées par l’entreprise, etc…On se rend compte que le service connecté au BOS peut se nourrir d’informations logicielles variées et mutualisées et ainsi éviter des coûts supplémentaires. Ici Orange Business Services récupère les informations de contextualisation et d’occupations des Zones du BOS ABB, et évite de rééquiper en capteurs les installations, ce qui contribue à diminuer le coût des travaux des preneurs.

En somme si le BOS est réussi, l’infrastructure est opérationnelle pour pouvoir exposer les informations et données en Web services sécurisés et alors il est facile de développer des applications diverses. Ainsi l’écosystème de services de sociétés tierces augmente, le choix offert aux clients augmente et la plateforme naît, se consolide et s’accroît.


Services digitaux pour les bureaux, la dimension humaine et organisationnelle

Christelle Aroule

La dimension organisationnelle est un élément incontournable de la smartisation des bureaux, avec nécessairement de la conduite du changement. « Les locataires doivent être prêts à utiliser les services pour les bureaux, ce qui suppose une intégration et une adoption de ceux-ci aussi bien par la direction de site que par les équipes de ressources humaines, et donc avec une réflexion avec ces acteurs en amont de la phase de conception. En effet, ces nouveaux services impliquent des changements de pratiques de la part des collaborateurs qu’il faut accompagner afin de les pérenniser, mais aussi de les enrichir en fonction de leurs besoins, auquel cas cet investissement technologique risque de ne pas être utilisé. De surcroît, nous entrons dans une ère post-Covid où la valeur d’usage du mètre carré de bureau a significativement évolué : le télétravail a imposé de nouvelles habitudes chez les salariés, ce qui implique un besoin impératif de nouveaux services attendus au bureau », développe Christelle Aroule de Schneider Electric.

« Les équipes d’exploitation et de maintenance doivent également disposer d’outils innovants pour leur permettre de gagner en efficacité et assurer une continuité de service robuste, même en temps d’imprévus comme les périodes d’occupation exceptionnellement faible que nous avons connues en 2020, ou encore l’intégration des nouvelles mesures de sécurité sanitaire », poursuit l’experte.


Autre exemple avec le nouveau siège de Pernod Ricard à Paris dont le bâtiment Grand Central a été primé aux MIPIM Awards 2020. « Le bureau dispose du système EcoStruxure Workplace Advisor de Schneider Electric, avec une application mobile qui permet aux collaborateurs la gestion de badges, la réservation des salles à distance, les réglages du confort, l’activation des accès Wi-Fi ou l’alerte d’incidents et la gestion des infrastructures pour les services d’exploitation. Pour faire un bâtiment au service de ses occupants, et non l’inverse, et après une année de télétravail massif qui force une réinvention des usages du bureau », expose Christelle Aroule de Schneider Electric. L’autre exemple, c’est le bâtiment de bureaux Intencity, avec de surcroît une performance énergétique et une consommation de 20 kWh/m2/an à terme, soit environ moins de 2,5 fois la consommation d’un bâtiment actuel qualifié de « basse consommation », grâce à une gestion centralisée et intelligente des données.

« Les services peuvent être très variés et dépendent des attentes des occupants et de leur façon de travailler. Par exemple, un employé peut réserver une salle de réunion et être informé et guidé vers celle-ci afin d’y arriver à temps. Si la réunion n’a pas lieu et que personne ne vient, le système doit automatiquement mettre la salle à disposition pour une autre réunion. Pour les autres entreprises, qui passent par le hot-desking, le bâtiment doit pouvoir leur trouver un emplacement et le réserver automatiquement pour un temps donné. Les équipes de nettoyage seront informées des emplacements qui ont été occupés afin d’optimiser leur travail et le Facility manager aura une bonne compréhension de l’utilisation de son bâtiment pour prendre les bonnes décisions afin de répondre aux nouveaux besoins tout en assurant la satisfaction des occupants et en optimisant le budget de fonctionnement », illustre Joël Désiré de Distech Controls.

Jean-François Moreau


Les entreprises de services numériques, clé de la smartisation des espaces de travail

Exemple d’ESN avec une application d’optimisation des espaces de bureaux, par Ubigreen.

Pour Christelle Aroule, de Schneider Electric, « les équipes d’intégration de systèmes pour le bâtiment connecté doivent être formées et accompagnées pour assurer un niveau optimal d’innovation attendu par les investisseur, promoteur et grands preneurs. C’est ce que nous garantissons à travers notre réseau de partenaires certifiés EcoXpert, une certification unique en France dédiée aux intégrateurs de systèmes du bâtiment intelligent capables de concevoir et d’intégrer les solutions digitales de la gestion technique et de l’énergie du bâtiment, ainsi que les nombreux services numériques associés, pensés pour les différents utilisateurs du bâtiment : les collaborateurs, les responsables immobiliers, les exploitants. Le réseau EcoXpert regroupe environ 200 partenaires en France ». De son côté, avec le programme Symbioz, Distech Controls met en relation ses clients intégrateurs et des ESN (entreprises de services du numérique) rigoureusement sélectionnées. « Ces acteurs partagent un ensemble de bonnes pratiques pour rendre les bâtiments plus performants, communicants et attrayants. Le concept de Symbioz s’inscrit donc dans une démarche d’ouverture, élément clé de l’ADN de Distech Controls » explique Joël Désiré de Distech Controls.

 

Chaque intervenant obtient, au préalable, la certification Symbioz : d’un côté, les clients intégrateurs de Distech Controls, spécialistes de la régulation et du contrôle des bâtiments, se distinguent par une formation et un accompagnement complémentaire et garantissent avec Symbioz un déploiement de qualité et un accès aux données compatible avec les attentes des services connectés.

De l’autre, les ESN sont des entreprises reconnues dans leurs domaines d’expertise tels que la géolocalisation indoor, le BIM et le BOS, l’intégration numérique, la gestion et l’optimisation des espaces, ainsi que l’intelligence artificielle et le bureau connecté. « Assurer la coordination entre les intégrateurs, les ESN et les propriétaires de bâtiments, c’est aussi permettre l’indépendance des solutions technologiques, donc tirer la filière vers le haut », conclut l’expert de Distech Controls.


 

Filière 3e: