À l’honneur jusqu’à début janvier au Petit Palais, des peintures précises et délicates : plus de 200 œuvres d’artistes phares comme Christoffer Eckersberg, Christen Købke, Martinus Rørbye ou encore Constantin Hansen offrent une plongée dans le Danemark du XIXe siècle. Didier Blin, scénographe, Noémie Lelièvre, graphisme, agence Corégone, et Akari-Lisa Ishii, I.C.O.N. ont réuni leur savoir-faire complice pour éclairer les œuvres des maîtres danois.
Fruit des recherches récentes d’une équipe internationale, l’exposition entend porter un nouveau regard sur cette période, particulièrement remarquable en matière artistique. L’exposition est organisée en collaboration avec le Statens Museum for Kunst (SMK) de Copenhague et le Nationalmuseum de Stockholm. Akari-Lisa Ishii a été sollicitée pour la mise en lumière et « les réglages », précise-t-elle modeste, car il s’agit ici d’éclairer l’exposition avec les matériels d’éclairage disponibles au musée et non de créer un concept lumineux. « Nous avons déjà travaillé ensemble avec Didier Blin et Noémie Lelièvre, et entre nous, les échanges se font naturellement sur nos idées de mise en lumière. Nous avons abordé l’exposition de manière à la fois thématique et chronologique. »
Traditionnellement, l’Âge d’or danois correspond à une période d’épanouissement de la vie artistique et culturelle au Danemark, qui va de 1801 à 1848. L’exposition propose une approche plus vaste et originale, prolongeant l’Âge d’or jusqu’en 1864, date de la défaite du Danemark contre la Prusse dans la Seconde Guerre du Schleswig. Cet événement marque une rupture, tant du point de vue de l’histoire de l’art que de celui de l’histoire des mentalités.
Des températures de couleur en accompagnement des œuvres
L’exposition du Petit Palais présente donc, outre Eckersberg et ses élèves, une grande diversité d’artistes, notamment de nombreux artistes dits « cosmopolites » qui se professionnalisent grâce à l’Académie royale, et aiment se portraiturer. Les peintres se mettent à voyager et rapportent de France, des rives de la Méditerranée, et en particulier de Rome, de très beaux paysages « où la lumière naturelle offre une couleur complètement différente de celle des pays scandinaves », remarque la conceptrice lumière. Ainsi, le parcours s’ouvre directement sur une salle où le tableau de Christoffer Wilhelm Eckersberg, Vue à travers trois arches du troisième étage du Colisée, 1815, est reproduit dans le hall. La lumière naturelle, très présente dans ces tableaux, contraste avec les ambiances feutrées des portraits de la salle suivante. Pour marquer encore plus cette différence, et comme on peut le voir sur la photo ci-contre en bas de page, Didier Blin a souhaité accompagner les peintures de paysages jusque dans la mise en scène : les tableaux sont accrochés sur des parois « décollées » de quelques dizaines de centimètres du mur sur lequel les paysages sont reproduits en grand.
« De manière générale, explique Akari-Lisa Ishii, les œuvres de la période classique sont éclairées en lumière chaude, 3 000 K, tandis que nous avons choisi une température de couleur plus froide pour les paysages, 4 000 K, associée à une intensité plus élevée. »
Scénographie des couleurs
L’exposition, axée sur l’immersion du public dans la période de l’Âge d’or danois, va même jusqu’à proposer un atelier participatif où les visiteurs du Petit Palais peuvent s’installer et dessiner « comme l’artiste », bénéficiant des conditions d’éclairage similaires. « J’ai donc simulé la lumière du jour dans l’atelier, commente la conceptrice lumière, en créant un éclairage de 4 000 K disposé derrière une fausse fenêtre recouverte d’une imitation givre ! » L’illusion est parfaite.
Chacune des salles d’exposition est peinte d’une couleur différente que Didier Blin a choisie en fonction du thème des tableaux présentés. Akari-Lisa Ishii s’est inspirée de cette mise en scène pour déterminer l’intensité et la température de couleur de l’éclairage afin d’obtenir une harmonie de tonalités architecturales et lumineuses. Elle précise : « Deux systèmes d’éclairage cohabitent partout : une lumière d’ambiance sur les parois et un éclairage à faisceau étroit dirigé sur les tableaux. » Ce qui n’a pas toujours été facile, car le Petit Palais possède encore un stock de spots aux halogènes, et la conceptrice lumière a dû jouer en toute subtilité avec les appareils d’ancienne technologie et les luminaires LED. À noter qu’un éclairement de 50 lux maximum était demandé sur les œuvres les plus fragiles.
L’exposition ne comporte qu’une seule sculpture, placée au milieu d’une salle devant la toile de Wilhelm Bendz, Un sculpteur [Christen Christensen] travaillant d’après un modèle vivant dans son atelier, 1827. En fait, les commissaires ne souhaitaient pas éclairer l’œuvre (prêtée par le musée du Louvre), car elle illustrait juste ce que l’artiste avait peint sur sa toile et ne devait donc pas attirer l’attention des visiteurs. Akari-Lisa Ishii, tout à son art, a trouvé la solution en recréant la lumière du tableau sur la vraie statue…
Pour les dates de l’exposition, se renseigner au Petit Palais :
www.petitpalais.paris.fr – Tel : 01 53 43 40 00