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Réunir toutes les compétences pour la rénovation énergétique grâce à la formation

Plateau pédagogique Apave : mise en place de systèmes PV. © Xavier Haquard

L’électrochoc attendu du plan de relance et la rénovation énergétique pourraient booster la formation
« Conjugué au plan de relance qui doit consacrer près de 30 milliards d’euros au financement de la transition écologique avec une priorité à la rénovation thermique des bâtiments, avec près de 4 milliards d’investissements répartis entre collectivités, régions et bâtiment d’État, et près de 4000 projets en devenir pour 2021, le contexte est plus que favorable, voire clé, dans un contexte économique particulièrement difficile en 2020 », introduit Rémi Paccou, directeur marketing France, bâtiment digital, de Schneider Electric.

Côté compétences, tout passe en premier lieu par une nécessaire amélioration de la culture digitale des différents corps de métier, mais aussi par une adaptation en termes de savoir-faire tant techniques qu’humains. « Les assistants à maîtrise d’ouvrage sont concernés en premier lieu, car leur métier évolue, il n’est plus uniquement technique. Que le bâtiment soit certifié ou non, il est nécessaire de se poser les bonnes questions quant aux usages attendus de celui-ci, mais également d’avoir de bonnes connaissances des référentiels comme le R2S, WiredScore, LEED ou aussi le BREEAM pour que les spécifications embrassent le lot Smart et le projet de rénovation énergétique dans sa complétude, et ce, jusqu’au commissionnement dont il faut s’assurer de la parfaite exécution.

L’intégrateur voit son métier aussi changer et la nécessité grandissante de la polyvalence pour se positionner en intégrateur multi-lot incluant le lot Smart. Nécessairement, la rénovation énergétique et donc en partie digitale apporte aussi de nouvelles problématiques, avec des sujets comme le RGPD et la gouvernance des données au-delà du bâtiment, la cybersécurité des installations. C’est en ce sens que Schneider Electric a développé un réseau d’Eco-experts pour aider à organiser la filière.

Enfin, les opérateurs de services, les exploitants voient aussi la prise en compte plus forte des usages et cela impacte leur quotidien tant en termes de reporting et indicateurs que de maintien opérationnel optimal des services aux occupants du bâtiment et ce, conjugué à l’efficacité énergétique.

« Formation, informations et sensibilisation sont donc clés pour que le projet de rénovation et de digitalisation du bâtiment soit réussi. C’est en ce sens que le réseau des intégrateurs EcoXpert de Schneider Electric a été créé, ainsi que la plateforme ouverte Exchange pour permettre le codéveloppement, la mise en place de solutions et services multi-partenaire et notamment des start-up », poursuit l’expert.


AVIS D’EXPERT
Un nouveau modèle de formation pour les professionnels avec FAB21 TV

Dominique Vignot, fondatrice de l’organisme FAB21 Formation

FAB21 Formation propose depuis près de 10 ans un large éventail de formation à la transition énergétique du bâtiment. « Basée sur cette expérience, avec l’équipe pédagogique et les moyens techniques existants qui nous ont permis d’être à l’avant-garde des MOOC, SPOC et e-learning, nous lançons pour début 2021 une nouvelle expérience de la formation professionnelle et du développement de compétences au travers de la mise en place d’un magazine vidéo ou WebTV à orientation pédagogique. »

Nous souhaitons ainsi rendre les formations accessibles à un plus grand nombre, et accélérer la montée en compétences avec des supports pédagogiques, des vidéos pros, des webinar filmés, des reportages chantiers…

« Les publics ciblés sont les MOEs, les professionnels et artisans toutes compétences confondues et il est possible pour un industriel de participer au magazine TV trimestriel, voire de créer son propre infocentre de formations pour ses clients ou son réseau », ajoute Dominique Vignot.

Une démarche innovante qui s’inscrit dans un appel à projets européen, et qui reçoit déjà un accueil enthousiaste des industriels et fabricants partenaires du premier numéro, notamment car la WebTV va prolonger leurs actions de formation et réunir et structurer des informations aujourd’hui le plus souvent éparses, tout en démultipliant les liens et contenus professionnels auprès de leurs clients.


Certifications, qualifications et formations sont au rendez-vous

Rémy Ostermann, président de KNX France.

Premier exemple avec le réseau de terrain KNX France, « dans le contexte favorable et les ambitions affichées pour la rénovation énergétique, KNX France poursuit intensivement ses programmes de formations certifiantes à la mise en œuvre, l’exploitation et la maintenabilité des systèmes, avec un contenu adapté, et dispensé dans plus de 30 centres en France répartis sur le territoire », explique Rémy Ostermann, Président de KNX France.

 

Par ailleurs, le Collège Intégrateurs créé en avril dernier et constitué d’intégrateurs système est la voix opérationnelle du terrain. Le Collège permet à la communauté des échanges approfondis sur l’état de l’art du réseau KNX, ses évolutions, sa compatibilité avec les autres réseaux. Les travaux du Collège Intégrateurs KNX seront soutenus par des parutions de guides de bonnes pratiques, pour accompagner les maîtres d’ouvrages et leur donner des garanties de performance, de fiabilité et de durabilité.

Les qualifications ont également un rôle clé et les organismes qualificateurs interviennent aussi pour identifier les nouvelles opportunités de marché et les besoins de formation correspondants. « À travers ses différentes qualifications, dont certaines permettent aux entreprises d’obtenir le label RGE, Qualifelec participe à garantir la maîtrise des savoir-faire des professionnels et favorise ainsi la réalisation de travaux de rénovation énergétique de qualité, et notamment l’installation d’équipements performants dans la durée », introduit Alexandra Del Medico, secrétaire générale de Qualifelec.

Alexandra Del Medico, secrétaire générale de Qualifelec.

Les professionnels du génie électrique et énergétique jouent un rôle essentiel dans la transition énergétique des bâtiments et son appréhension globale, pour piloter et consommer la juste énergie, pour le confort optimal des occupants. Pour cela, différentes « briques » s’articulent et peuvent ainsi être mobilisées : les systèmes de production d’électricité alternatifs, les énergies renouvelables, l’électromobilité, le pilotage du bâtiment et de ses systèmes…

« Les formations relatives à cette capacité de compréhension globale du bâtiment et d’optimisation des usages sont amenées à se développer. Qualifelec s’attache ainsi depuis plusieurs années à accompagner les entreprises dans leur montée en compétences sur la rénovation énergétique et l’évolution des bâtiments, grâce notamment au fléchage du parcours formation – qualification », souligne la secrétaire générale de Qualifelec.

À titre d’exemple, l’indispensable rénovation des colonnes montantes électriques, dont Enedis est titulaire depuis le 23 novembre (loi Elan), repose sur l’association formation des techniciens-qualification de l’entreprise. Suite à une convention de partenariat, signée en octobre 2019 avec Enedis, les entreprises prestataires doivent posséder la qualification « QUALIFELEC Installations Électriques Logement Commerce Petit Tertiaire » assortie de la mention « Colonnes Montantes ». L’éligibilité à cette mention repose sur une double formation (un module technique installateur et un module administratif) qui permet de garantir la compétence des entreprises dans un objectif de massification des travaux.

Céline Granoux, responsable technique bâtiment, Apave.

Citons un second exemple avec les IRVE, où la formation des installateurs est un élément clé pour garantir des possibilités de recharge sécurisées, quels que soient les besoins en termes de charge. La mention IRVE (infrastructures de recharge pour véhicules électriques) s’obtient depuis 2015 en complément de cinq qualifications, afin de répondre aux demandes des différents maîtres d’ouvrage.

Former et accompagner les démarches des maîtres d’ouvrage
« Avec la mise en place de la RE2020 en 2021 et les actions fortes de rénovation énergétique, un changement de mentalité va s’opérer alliant à la fois formation, accompagnement, labels et certifications plus adaptées à la décarbonation pour diminuer les émissions de GES dont le CO2 », explique Céline Granoux, responsable technique nationale au sein d’Apave. Tous nos métiers sont ainsi impactés pour opérer ce changement, mais l’accompagnement des maîtres d’ouvrages et des AMO est un point clé initial, car les enjeux sont vraiment multiples. Pour exemple, cela passe par les techniques de mise en œuvre nouvelles, comme les techniques d’ITE, les produits biosourcés, mais aussi dans l’accompagnement et le conseil dans l’atteinte de labels environnementaux spécifiques ou bien de certifications avec des cibles multiples de développement durable. D’autres questions très variées se posent désormais : va-t-on avoir encore besoin d’autant d’immeubles de bureau et est-il judicieux d’en transformer en immeuble d’habitation ? Quelle est la place de la biodiversité dans les projets, ou encore de la prise en compte plus forte du bioclimatisme et des contraintes climatiques d’été par région ?


AVIS D’EXPERT
Pour accompagner le passage à l’acte des maîtres d’ouvrages, lancement d’un simulateur pédagogique de projets de pilotage des bâtiments

Rémi Paccou

Rémi Paccou, Schneider Electric France

« Soutenu par cinq syndicats professionnels majeurs de la filière FFIE, Gimelec, Ignes, SBA et Serce et l’association Energie Durable, l’initiative a pour objectif le développement d’un simulateur pédagogique pour le déploiement de projets de pilotage des bâtiments des collectivités », explique l’expert de Schneider Electric.

Le simulateur est l’un des outils pour guider la collectivité dans sa réflexion sur son parcours « Réno » entre le triptyque – réhabilitation lourde des systèmes constructifs, actions à gain rapide du pilotage digital et gros entretiens ou renouvellement de systèmes.

Il a pour focus d’aider à mieux comprendre les valeurs ajoutées du pilotage digital du bâtiment, à partir d’une caractérisation simple d’un ou plusieurs bâtiment(s) par l’élu ou bien ses services techniques. Il donne la lisibilité sur les solutions de rénovation disponibles adaptées à chaque situation (bénéfices, délais de mise en œuvre) et aide la collectivité à établir sa feuille de route puis à identifier des professionnels qualifiés pour sa mise en œuvre concrète. Les best practices, référentiels innovants, normes existantes dans les solutions proposées pour garantir leur plus grande qualité de réalisation, seront également disponibles. Enfin, le simulateur est agnostique et sa mise à disposition est prévue pour début 2021.


Plateau pédagogique Apave : mise en place de systèmes PV. © Xavier Haquard

L’AMO doit aussi s’intéresser fortement à la mise en place de chantiers verts, avec la gestion des déchets, le tri et le réemploi possible des matériaux, et la valeur ajoutée de sa mission s’en trouve augmentée pour, au final, déterminer le bon label, le ou les bons produits en fonction du projet de rénovation tout en tenant compte du contexte de localisation dans la ville et de son environnement, des possibilités d’usage d’EnR dans l’intérêt du projet, conclut l’experte.

«  La formation est au cœur de la rénovation énergétique, car les besoins en compétences sont nombreux et, pour 2021, plusieurs formations sont en plein développement ; pour citer trois exemples en formation longue durée et alternance : Technicien de maintenance d’équipements de confort climatique, Technicien de maintenance CVC plutôt dédié aux métiers d’exploitation tertiaire et industriels, et une formation – Agent de maintenance polyvalent des locaux – qui a été remodelée et intègre pleinement la rénovation énergétique et la performance énergétique des équipements dans son cursus », ajoute Alexandre Zelazny, responsable de la gamme formation énergie au sein d’Apave.

Tout cela s’appuie sur une large diversité des plateaux pédagogiques, car mises en situation pratique et alternance sont les gages de l’opérationnalité des personnes formées. Des formations qui peuvent aussi s’inscrire dans un parcours métier à la carte, incluant non seulement les dimensions techniques propres aux équipements, la sécurité et prévention des risques, mais aussi des contenus pédagogiques sur le comportement attendu d’un pro, sur la communication avec les clients et notamment dans l’analyse de leurs besoins.

Jean-François Moreau

Filière 3e: