Les pinces de l’électricien

L’outillage pour électriciens fait partie des gammes les plus élaborées, car il doit protéger la personne des risques électriques.

Chaque développement de pinces isolées répond à l’optimisation de certains critères : sécurité, confort de travail, durée de vie et gain de temps. Il existe trois méthodes pour isoler les outils et garantir la sécurité. Pour être certain de sa sécurité, l’électricien travaille avec des outils isolés marqués du double triangle 1000V de la norme CEI EN 60900 qui garantit que les outils sont conformes à cette norme. VDE est un marquage complémentaire qui indique que les essais de la norme CEI EN 60900 ont été réalisés par le laboratoire du VDE allemand.

Est-ce que la mention « VDE » est obligatoire ?

VDE signifie Verband der Elektrotechnik, Association du Génie Électrique. Il s’agit d’un organisme chargé de tester et de certifier les outils et les appareils. L’institut de test et de certification VDE est une organisation accréditée aux niveaux national et international dans le domaine du test et de la certification de dispositifs, de composants et des systèmes de génie électrique. Il vérifie la sécurité, la compatibilité électromagnétique et d’autres propriétés des produits électriques, notamment les outils certifiés VDE. La mention VDE représente les outils spécialement développés pour les électriciens : ils sont totalement isolés et sont testés sous 10000 V, pour des travaux sous tension allant jusqu’à 1000 V. VDE n’est en aucun cas une norme. C’est un organisme de test et de certification allemand qui dispose d’un laboratoire. Pour être certain qu’un produit protège des surtensions, seul le respect de la norme CEI EN 60900 et son marquage valide qu’un outil peut être utilisé dans le domaine des travaux sous tension BT.

Cette norme pousse à multiplier les contrôles et les tests. « Nous faisons des tests sous tension, mais aussi des tests de combustion sur les plastiques pour contrer la propagation du feu, il ne faut pas qu’elle alimente le feu. Des tests thermiques (chaud/froid) sont aussi effectués pour voir s’il n’y a pas d’impact sur la qualité du plastique », souligne Gary Paillet, responsable Prescription chez Knipex France.

Les trois procédés de fabrication

Trois grandes familles de pinces pour trois procédés cohabitent et répondent à la norme CEI EN60900. Le premier procédé est une isolation plastique. Une couche protectrice vient épouser la gaine. L’outil en métal est trempé dans un bain plastique pour que l’isolant enrobe le manche afin de protéger l’électricien lors d’un contact direct ou indirect.

La deuxième et la troisième famille de pinces gainées protègent des risques de court-circuit et des flashs qui en résultent, entraînant bien souvent de fortes brûlures au visage des électriciens. « Nous développons dans la deuxième famille des pinces entièrement faites en matériau thermoplastique, tête comprise, avec un élément coupant en métal. Il s’agit des pinces hybrides », explique Frédéric Derancourt, : DG de l’entreprise qui porte son nom. « Nous avons l’injection plastique qui, au-delà de protéger l’utilisateur, lui amène un certain niveau de confort », ajoute Gary Paillet.

Et enfin, l’isolé 1 000 V, VDE, avec un affichage très souvent rouge et jaune. On le trouve, par exemple, vert et jaune chez (e-robur> et orange chez Derancourt. « Le marché s’est fortement aligné sur ce code couleur pour développer les produits répondant aux mêmes critères. Maintenant, VDE est identifié », précise Gary Paillet. « Derancourt propose les pinces isolées qui sont faites en thermoplastique et dont l’élément coupant est en céramique, qui n’est pas conducteur, à la place du métal. Le seul défaut est l’usure plus rapide qu’une pince classique métallique, mais quelle sécurité ! », exprime Frédéric Derancourt.

Comparatif avec et sans DynamicJoint – Wiha

Pourquoi utiliser des outils certifiés VDE ?

Tous les outils certifiés VDE sont rigoureusement testés pour garantir que la qualité, la sécurité et même l’ergonomie sont conformes aux exigences de protection de la directive de l’Union européenne. L’utilisation de ces outils ajoute une tranquillité d’esprit et une sécurité à votre travail. La certification de tous les outils isolés par l’organisme a un coût supplémentaire pour le fabricant, mais il garantit à l’électricien une sécurité maximale et l’assurance de travailler avec cet outil pendant de nombreuses années. Conserver un outil isolé 1 000 V est compliqué, car la moindre entaille peut engendrer un risque de choc.

Il faut savoir que certains clients, comme RTE, indiquent que les outils doivent répondre à différents critères dont celui de ne pas voir la partie inférieure blanche du surmoulage, la plus proche du manche métallique pour pouvoir être bel et bien isolé 1 000 V.

« Nous nous différencions par le fait que nous ne faisons pas de surmoulage avec deux couleurs. Nous préconisons auprès des utilisateurs de vérifier leurs outils avant chaque utilisation pour être certain qu’il soit isolé 1 000 V. Malheureusement, à l’heure actuelle il n’existe pas, à ma connaissance, d’outils de contrôle, ce n’est que visuel, précise Gary Paillet. De ce fait, chaque produit est testé individuellement à sa sortie de fabrication en le plongeant dans un bain chargé à 10 000 V. Nous nous assurons ainsi qu’il n’y a pas de passage d’électricité entre la partie plastique et la partie métallique. »

Système antichute de Knipex

Les pinces évoluent pour éviter les TMS

Les fabricants ont bien compris que le produit seul ne suffit pas. Il faut aller plus loin et allier confort, ergonomie et sécurité. L’étude des troubles musculo-squelettiques montre que les efforts musculaires au moment de la coupe de câble et du serrage de vis sont très importants. « Nous amenons des produits performants et qui suivent cette philosophie avec, notamment, le coupe-câble Stepcut que nous avons sorti en avril 2020. Il est légèrement plus petit que ce que nous pouvons trouver sur le marché (5 mm de moins), mais il a une démultiplication de la force qui permet de diminuer de 40 % l’effort lors de la coupe. Nous avons amélioré le bras de levier et ajouté deux lames étagées. Les capacités maximales sont de 15 mm de diamètre ou 50 mm² de section » détaille Gary Paillet.

Chez Wiha, l’étude des retours d’expérience des installateurs est importante. « Nous savons que l’électricien à un rapport assez proche avec ses outils. Il les utilise au quotidien de façon intensive et sait les risques qu’il prend. La prise en main est primordiale. C’est pour ces raisons que nous avons développé 3 gammes de pinces qui ne se différencient pas par l’isolant, mais pas leurs qualités et l’utilisation qui en est faite. Il y a différents niveaux de qualité qui s’appliquent aux éléments taillants et au bec de la pince. L’isolant reste similaire, mais la capacité et la qualité de coupe sont rarement égalées, notamment grâce à des technologies différentes. Pour vous donner un exemple, nous équipons toutes nos pinces coupantes avec la technologie DynamicJoint®. Nous avons désaxé la pince et au lieu d’avoir deux côtés de forme égale (50/50), nous répartissons l’effort de coupe différemment par un côté plus gros (60/40) », décrit Jérôme Layer, responsable Marketing chez Wiha.

Pince multifonction pour électricien – e-Robur.

L’innovation est omniprésente. Ainsi, Derancourt a fait le choix de ne changer que la partie usable de ces pinces coupantes, à savoir les becs. « De cette problématique d’usure, nous avons développé et déposé un brevet qui permet aux pinces d’avoir un bec amovible et interchangeable. La pince est donc 100 % en thermoplastique, avec la possibilité de changer uniquement l’élément usé : le bec. Nous sommes les seuls à résoudre cette problématique d’usure des pinces », explique Frédéric Derancourt. Le tarif de remplacement devient négligeable comparé au prix d’une pince coupante isolée.

pince Derancourt bec amovible DH22D
Pinces Derancourt avec becs amovibles DH & DI

Chez (e-robur>, l’objectif est la polyvalence. « Nos électriciens nous remontent qu’ils préfèrent avoir un outil multifonction pour éviter d’en changer à chaque manipulation. C’est pourquoi nous avons mis au point la pince 411145 qui rassemble dans un seul outil de nombreuses fonctions indispensables sur le terrain : pince de préhension, coupe de câble cuivre souple jusqu’à 10 mm, dénude-câbles de 0,75 à 4,0 mm², sertissage d’embouts et de cosses nues de 0,75 à 4,0 mm², coupe de fil d’acier doux jusqu’à 1,6 mm, coupe de tige filetée et boulons de M3 et M4 en préservant le filetage, équipée d’un ressort d’ouverture et d’un loquet de blocage », énumère Joël Chrisment, directeur commercial d’AGI Robur.

Autres exemples, chez Wiha : « Nous avons installé un ressort pour que les pinces grande capacité revienne en permanence en position ouverte. Même si ce n’est pas novateur, cela faisait partie des améliorations que nous souhaitions apporter à nos produits, décrit Jérôme Layer. Nous avons intégré notre technologie Optigrip à nos pinces universelles, ce qui fait que les mors de la pince n’ont pas 2 points, mais 3 points qui saisissent l’objet. »

a surface de prise nouvellement conçue avec « appui trois points » garantit un maintien optimal de la pièce lors du travail

 

Quelques accessoires bien utiles

Les accessoires sont primordiaux à la parfaite réalisation du travail. Les prix des chantiers sont tendus et la perte de temps n’est pas acceptable. « Nous sommes un spécialiste de l’outillage global pour les électriciens. Nous ne faisons pas seulement du VDE, mais tout ce dont a besoin un électricien, couper, dénuder, sertir, mais aussi tirer, guider, percer et poinçonner. C’est très important pour (e-robur> d’offrir la gamme la plus large possible pour que chaque installateur trouve ce qu’il cherche. VDE ou autre », précise Joël Chrisment.

Lorsque l’installateur travaille en hauteur avec longe et mousqueton, les outils peuvent tomber. Dans le cas d’un isolé 1000V, le risque est important de perdre la qualité d’isolation en cas de fissures. Impossible de percer pour ajouter un anneau sous peine de devenir conducteur. « Nous proposons une gamme antichute en 1 000 V. Notre système antichute est constitué d’une pastille à l’intérieur de la gaine, raccordable au cordon qui, lui, est amovible. Et comme on ne touche pas au dispositif 1000V, nous avons un produit isolé 1000V et antichute », ajoute Gary Paillet de Knipex.

De son côté, PCE-France propose des vérificateurs VDE qui respectent les normes VDE 0701/0702 et 0751. Les vérificateurs VDE mesurent par exemple la résistance du conducteur protecteur, la résistance de l’isolement, l’absence de tensions et le courant dérivé substitutif/courant dérivé à des patients. Après l’introduction de la norme VDE 0701/0702/0751, plusieurs mesures dans les nouvelles installations ou des modifications dans les appareils électriques de classe I, II et III doivent être effectuées pour protéger l’usager. Les vérificateurs VDE disposent de toutes les conditions de mesure nécessaires pour respecter la réglementation correspondante.

« À la demande des installateurs, nous venons de sortir une valise mobile complète. Ce kit d’outils pour électricien est un véritable atelier mobile en valise étanche. Il contient les outils indispensables : 50 produits, 98 pièces pour 119 fonctions. C’est, pour nous, quelque chose de très important. Nous développons notre offre selon les besoins exprimés par les électriciens », conclut Joël Chrisment d’e-Robur.

Véritable atelier mobile : 50 produits, 98 pièces pour 119 fonctions – e-Robur.

 

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Les tests pour obtenir la certification de VDE pour la norme CEI EN 60900

Tests sous tension
Les outils portant le marquage VDE subissent des tests dans lesquels ils sont chargés avec 10 000 V CA et sont donc approuvés pour 1 000 V CA (et 1 500 V DC). Cela signifie dix fois plus de sécurité pour les électriciens au quotidien.
Puis, après avoir été stockés dans l’eau pendant 24 heures, les outils sont testés à 10 000 V pendant trois minutes. En immersion, aucune étincelle ni aucune décharge perturbatrice à travers l’isolant ne doit se produire.

Test de choc à froid
Les outils sont d’abord refroidis à -25 °C, L’objectif étant que le, le matériau isolant doit conserver sa ténacité afin qu’il ne se brise pas lorsqu’il est soumis à des chocs ou à des secousses.

Test d’adhérence
L’adhérence du revêtement de matériau isolant est testée en appliquant une force de traction de 500 Nm après un stockage de 168 heures (7 jours) à 70 °C. Le matériau isolant doit continuer à être fermement collé à l’outil pour pouvoir passer le test.

Test de pression – pénétration
Sous une charge de pression de 20 N, avec une température de 70 °C et une tension de 5 000 V AC, aucune décharge électrique ne doit être constatée.

Test de combustion
Lorsqu’il est exposé à une flamme pendant 10 secondes, le matériau isolant ne doit pas continuer à brûler, mais surtout, la flamme ne doit pas dépasser une certaine hauteur pendant le temps de l’observation.

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