Jusque-là l’un des principaux fournisseurs d’équipements électriques pour les bâtiments et les infrastructures, ABB se positionne aujourd’hui comme fournisseur de Building Operating System (BOS), c’est-à-dire d’un écosystème ouvert permettant de rendre les bâtiments réellement intelligents. Serge Le Men, en charge des questions liées au BOS chez ABB, nous explique les particularités et le potentiel de ces solutions reposant sur le modèle de l’IT et visant à « désiloter » les métiers du bâtiment dans le but d’apporter une vision unifiée et non technique.
Quelles sont les possibilités offertes par le Smart Building ?
Serge Le Men – Le Smart Building, c’est d’abord un bâtiment Smart. L’objectif est donc de rendre intelligent l’objet bâtiment en conservant ses fonctions intrinsèques, que sont le confort et la sécurité, tout en intégrant de la connexion et des services. Ce que l’on peut faire avec un Smart Building par rapport à un bâtiment classique est du même ordre de différences que ce que l’on peut faire avec un smartphone vis-à-vis d’un téléphone : il offre des cas d’usage infinis en plus de ses fonctions de base. Tout fournisseur de services à valeur ajoutée avec des cas d’usage aboutis doit pouvoir s’interfacer au bâtiment et proposer des services aux usagers, via un Building Operating System (BOS).
Pouvez-vous nous présenter vos nouveautés ?
S. Le M. – Le Smart Building se compose donc du bâtiment et de ses fonctions intrinsèques, mais aussi d’un Operating System (OS) qui le rend intelligent et Smart. Seul l’OS est capable de faire du Smart, sinon ce sont des silos capables de s’interfacer les uns aux autres, comme c’est le cas pour l’ensemble des solutions proposées actuellement. ABB, au niveau mondial, se positionne en fournisseur d’un BOS, c’est-à-dire d’une brique logicielle en capacité de faire la totalité de l’abstraction de la technologie du bâtiment. Le BOS modélise les équipements dans une couche baptisée Middleware qui dialogue avec les protocoles techniques ouverts et récupère les informations autres que la technique pour modéliser les différents objets présents dans le bâtiment, dans une couche supérieure baptisée ontologie. Ces données sont modélisées dans le BOS et reliées à un API ouvert et sécurisé pour permettre aux fournisseurs de services de proposer leurs solutions. ABB se positionne donc en Building comme Microsoft se positionne en IT.
Microsoft, c’est le logiciel Windows, mais c’est aussi des claviers ou des souris. Bien que Microsoft fabrique des souris, il est possible de connecter n’importe quelle souris de n’importe quel fabricant sur les ordinateurs fonctionnant sur Windows. Microsoft est donc totalement agnostique en bas, au niveau des périphériques connectables. En haut, au niveau des services, c’est la même chose : Windows peut prendre en charge Office, mais aussi Open Office qui n’est pas un plugin d’Office, il fournit Edge, mais on peut aussi faire tourner Google Chrome ou Firefox avec le même niveau de puissance. Microsoft a compris la puissance de l’écosystème. C’est ce que fait ABB dans le Building et nous sommes les seuls en capacité de le faire. Nos solutions de supervision doCONTROL et d’efficacité énergétique LEO sont totalement interopérables avec des solutions tierces, tout comme nos équipements, et nous proposons quelques services en complément.
Selon vous, quelles seront les grandes évolutions du Smart Building dans les années à venir ?
S. Le M. – Le Smart Building va rapidement détrôner le bâtiment, comme le smartphone a détrôné le mobile. La couche logicielle intermédiaire est ce qui rend possible cette ouverture technologique. Aujourd’hui, les solutions disponibles sur le marché sont des super-GTB. Le bâtiment va poursuivre sa progression dans l’univers des services, va être de plus en plus connecté et il va surtout casser les silos qui existent depuis des années et qui n’offrent aucune continuité d’information. L’objectif est de proposer à l’usager un voyage digital cohérent dans le bâtiment. Notre choix de favoriser l’écosystème vis-à-vis des solutions fermées nous permettra de passer d’un marché de Push, où l’offre pousse la demande, à un marché de Pull, où la demande encourage le développement de nouvelles offres.
Propos recueillis par Alexandre Arène