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Dossier : Éclairage des commerces de proximité

© Ledvance - Photo Francis Strempel - Maître d’ouvrage : Addiction - Architecte : Gilles Clauss - Installateur : TEGI - Solution éclairage : Ledvance

L’éclairage des commerces de proximité représente sans doute le secteur où la rénovation s’opère le plus, sans référence à la réglementation, de façon presque automatique. Comme le souligne Pascal Loiré, les gérants de boutiques renouvellent souvent leur éclairage. Question d’image de l’enseigne bien sûr, mais aussi d’attractivité : le premier regard du client se porte sur la vitrine qui, elle, change chaque saison et doit pouvoir bénéficier d’un éclairage modulaire, adaptable. Rien n’est plus facile avec les luminaires LED dont l’électronique embarquée offre de nombreuses possibilités d’effets lumineux.
À l’intérieur également, la lumière organise les espaces, accentue, crée des ambiances variées, mais son rôle ne s’arrête pas là : un éclairage bien étudié et bien dosé permet aussi de réduire les consommations et d’améliorer le bien-être des clients comme celui des collaborateurs du magasin.

DE L’UTILE ET DU BEAU
DANS UN MÊME BUDGET

Intension, spécialisée en éclairage architectural, englobe plusieurs activités : distribution de luminaires et de systèmes de gestion pour un certain nombre de marques, fabrication de profils LED sur mesure et conseil en éclairage.

Lumières – Les commerces de proximité occupent une place très importante dans notre quotidien, surtout en cette période de pandémie. Quelles sont leurs attentes en matière d’éclairage ?

Pascal LOIRÉ,
gérant de la société Intension

Pascal Loiré – Il s’agit de besoins de performance avant tout. Lorsqu’un commerce indépendant doit refaire l’éclairage de son magasin, il va devoir faire une adéquation, un calcul pas toujours très aisé, qui combine trois items essentiels : le beau, l’utile, et le budget qui doit comprendre le tout. Bien souvent, les travaux de rénovation concernent l’aménagement de tout le magasin – reconfiguration des espaces, décoration, électricité, climatisation – et l’éclairage entre pour une partie de l’investissement. Dans la pratique, le gérant doit faire des choix parmi tous les paramètres et technologies, tout en faisant appel aux mêmes codes de design que ses concurrents qui appartiennent à des grandes chaînes. Il utilise les mêmes méthodologies, les mêmes modes de création et de recherche que des agences de design. Il a aussi les mêmes envies que les magasins, mais pas tout à fait les mêmes moyens, il va donc utiliser plus d’astuces pour atteindre ses objectifs. Pour l’éclairage, cela revient à combiner quelque chose qui est beau – c’est-à- dire l’esthétique du luminaire à proprement parler et dans le sens de l’effet lumineux – et la performance qui est un critère déterminant.

À quelles contraintes le projet d’éclairage doit-il faire face ?
La première des contraintes est budgétaire, comme je viens de l’évoquer, et ensuite viennent les critères techniques. Les commerces indépendants présentent généralement de petites surfaces, ce qui limite les possibilités qu’ils contournent en associant plusieurs solutions, en jouant sur les effets lumineux. Disposer d’un éclairage général reste une bonne base pour créer un effet de volume par exemple ; ensuite, théâtraliser l’espace permet de faire oublier les surfaces réduites en redessinant les volumes. Dans certains cas, on va peut-être privilégier la performance, parce qu’on sait que cela permettra de réduire le nombre de points lumineux. Autre contrainte : la pérennité de l’installation, pour des raisons évidentes de moyens. En effet, le commerce indépendant investit plutôt sur le long terme, une dizaine d’années environ ; ce qui a des conséquences sur le choix et la qualité des matériels d’éclairage, qui doivent afficher une certaine durabilité, avec une maintenance réduite.

Quels paramètres et technologies doivent être pris en compte dans l’étude d’éclairage ?
Les solutions mises en oeuvre sont exclusivement en LED bien entendu. La technologie a atteint un seuil de maturité qui ne fait plus de doute, même si les produits évoluent sans cesse, notamment au niveau de leur intégration dans l’architecture : par exemple, les rubans LED en PCB et les effets que l’on peut obtenir aujourd’hui sur de grandes longueurs. D’autres paramètres entrent en jeu : l’ambiance donnée par les matériaux et le mobilier et les dimensions du local. Il faut disposer d’un maximum d’informations sur le site avec le plus de critères possibles afin de renseigner le logiciel utilisé pour l’étude d’éclairage.

Peut-on parler de caractéristiques d’éclairage adaptées au type de commerce ?
Je préfère évoquer des ambiances différentes définies grâce à la température de couleur que l’on ajuste en fonction du type de produits vendus et du positionnement de l’enseigne. Par exemple, une lumière froide donne l’impression de prix réduits tandis qu’une ambiance chaude offre plutôt une image de qualité, mais rien n’est gravé dans le marbre ! Les enseignes prennent parfois le contre-pied de ces schémas en toute connaissance de cause, pour afficher une différence avec la concurrence. La typologie de plafond joue également un rôle essentiel et constitue le fil conducteur du projet dont va dépendre le mode de fixation des luminaires. Aujourd’hui, il est possible de les encastrer, de les installer en saillie, de les suspendre, de les mettre en applique, etc., le choix est considérable et conditionne le rendu final du projet. Il est très important que l’exploitant et l’architecte échangent avec nous afin d’optimiser le choix des sources de lumière. Souvent, ces discussions aboutissent d’ailleurs à une combinaison de différents types de luminaires : spots sur rails, wallwashers, rubans LED, qui créent des ambiances variées, en adéquation avec l’architecture et qui mettent bien en valeur les matières et les volumes des objets en vente.

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PAPIER TIGRE par iGUZZINI

© Hervé Goluza – Maître d’ouvrage : Papier Tigre – Maître d’oeuvre : Cent15 Architecture – Solution éclairage : iGuzzini

Papier Tigre, marque d’objets de papeterie contemporains, réhabilite son showroom rue des Filles du Calvaire dans le Marais, au cœur de Paris. Il rassemble à la fois un espace de vente, un espace dédié aux produits sur mesure et l’atelier de fabrication en arrière-boutique.

© Hervé Goluza

La modularité de l’espace est le fil conducteur du concept architectural développé par Cent15 Architecture dont la volonté est de trouver une solution lisible qui mette en valeur les produits par une utilisation simple de matériaux bruts. Ils transforment l’existant et lui confèrent une nouvelle écriture porteuse d’image et de renouveau. Le plan libre met en valeur les différents modules de présentation, qui sont mobiles pour une meilleure distribution et appropriation du lieu par ses utilisateurs et aussi interchangeables afin de remanier facilement les propositions de présentation. Adaptés à la pente existante du magasin, les modules offrent une dynamique au projet ; une réelle ascension du visiteur au fur et à mesure qu’il pénètre dans le showroom. Le mobilier, élément clé du projet, permet d’obtenir une surface tramée entre architecture et sculpture.

L’architecture propose une itinérance, un parcours au visiteur, pensé en amont depuis la voie publique. Le passant identifie la boutique depuis l’extérieur grâce à la nouvelle façade agrandie et allégée. Elle efface la frontière entre l’extérieur et l’intérieur et invite le passant à pénétrer dans la boutique. Trois espaces sont créés au sein du showroom. Le premier est public, il s’agit de la boutique. Les produits de la papeterie sont présentés sur six modules mobiles en inox vibré qui organisent l’espace et définissent les circulations au coeur de la boutique. La partie inférieure du mobilier offre un espace de stockage fermé. En partie supérieure, des armatures tubulaires empilables les unes sur les autres soutiennent les étagères en feuille de verre striée et peuvent se déployer selon deux trames, soit l’intégralité de la largeur du module, soit sa moitié. Ici, le travail de la lumière met en valeur la double hauteur haussmannienne.

© Hervé Goluza

Les chemins de câble sur lesquels vient s’accrocher un système lumineux (projecteurs Tecnica Pro), abaissés d’1 m par rapport au plafond de 3,40 m, accentuent les perspectives visuelles créées par les modules et permettent d’obtenir une lumière précise et directionnelle sur l’objet exposé. Le second espace en retrait de la façade est plus intime. Ici, l’usager crée ses propres objets sur mesure. L’esprit du lieu est confiné, les matériaux plus chauds, la lumière plus diffuse et immersive. En jouant sur différentes intensités, la compression et la dilatation de l’espace, les architectes offrent une expérience sensible, une zone tampon qui amorce le dernier espace : l’atelier de fabrication de la papeterie. Cette dernière sphère est réservée aux employés. Une large partie est baignée de lumière naturelle par l’apport zénithal de pavés de verre, dont les dalles LED iPlan prennent le relais. La dilatation est à son maximum, elle incite le visiteur à observer les machines, les artisans, le savoir-faire de Papier Tigre à travers un rideau à lanières en PVC souple et transparent. Les vues sont dégagées. L’atelier, visible depuis la rue, participe à la lecture transversale du showroom et l’ouverture de celui-ci vers l’extérieur. Cent 15 Architecture prend le parti du minimalisme pour mettre en valeur l’identité très marquée de Papier Tigre, en travaillant tout particulièrement l’homogénéité des matériaux, les ambiances lumineuses et les perspectives visuelles.

Maxime Scheer, Cent15 Architecture

© Hervé Goluza

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BOUTIQUE MOON YOUNG HEE PARIS,  par Delta Light

© Delta Light – Architecte : Alexander Moon Kim

Après avoir ouvert sa boutique-atelier au 62, rue Charlot, dans le 3e arrondissement de Paris, Moon Young Hee s’offre un nouvel écrin de choix en prenant ses quartiers au 19, quai Malaquais, dans le 6e arrondissement. Pour la griffe, qui avait initié son développement retail en s’installant rive droite, il s’agissait de trouver une deuxième adresse, rive gauche cette fois, afin de toucher une clientèle plus touristique… C’est dorénavant chose faite avec cet espace de 90 m² au style à la fois parisien et industriel. Planchers à l’ancienne, murs de pierre, poutrelles métalliques, miroir XXL… Pour l’ambiance de la boutique, la créatrice d’origine coréenne a décidé de miser sur le contraste bois et métal, en l’occurrence bois naturel/métal rouillé, métal naturel/bois brûlé noir. Le décor intérieur du magasin de la styliste Moon Young Hee a été dessiné pour accentuer la variété des matériaux et les harmonies des volumes de l’espace de couture.

© Delta Light – Architecte : Alexander Moon Kim

Lors du choix de l’éclairage, la priorité reposait sur la volonté d’ennoblir au maximum la couleur et la texture des vêtements sophistiqués. Il était important d’utiliser des luminaires offrant une bonne représentation de la couleur, et donc disposant d’un indice de rendu des couleurs élevé, soit 90. Des rubans LED invisibles, des plafonniers sans bords intégrés, ainsi que le downlight Deep Ringo, constituent l’éclairage général de l’espace. Pour l’éclairage des étagères, la styliste elle-même a choisi le luminaire Spy Trimless qui est complètement ajustable ; rotation jusqu’à 355° et une inclinaison jusqu’à 45°. Le design tubulaire du luminaire permet une source de lumière encastrée qui évite tout risque d’éblouissement.

© Delta Light – Architecte : Alexander Moon Kim

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BIOFRAIS A BONNEVILLE, par Disano

© Disano

Biofrais, enseigne indépendante et locale créée en 2008, compte aujourd’hui trois sites, dont celui de Bonneville (Haute-Savoie), récemment ouvert et qui a choisi les luminaires Disano pour éclairer son magasin. Le décor intérieur associe des parois sombres recouvertes de photos de montagnes à un sol gris foncé et du mobilier en bois naturel. Pierre Tissot, chef des ventes grand Est, Disano, devait répondre à un cahier des charges précis : « Le magasin souhaitait des niveaux d’éclairement élevés, avec une bonne uniformité et surtout, que les appareils soient le plus discrets possible. L’idée était d’accompagner le décor intérieur sans l’écraser et, bien entendu, d’obtenir une lumière confortable et efficace, qui mette bien en valeur les produits. »

© Disano

Pour ce faire, Disano a proposé la structure LED Techno System qui permet de disposer d’une grande variété d’optiques et de plusieurs configurations. Il a ainsi été possible de donner à chaque zone l’éclairage qui convient avec le luminaire le mieux adapté pour obtenir, par une utilisation rationnelle de la lumière, l’éclairement voulu : « Ainsi, ajoute Pierre Tissot, en gardant la même esthétique, on a éclairé les fresques murales avec des appliques et on a fait appel à des projecteurs Fashion pour l’éclairage d’accentuation des têtes de gondoles. »

Différentes puissances ont été sélectionnées selon les produits, avec une température de couleur de 4 000 K, un IRC de 90 ou plus, par exemple les projecteurs Luthor IRC 93 qui éclairent le rayon des vins. Par ailleurs, la structure suspendue en bois maillé a bénéficié d’un éclairage spécifique réalisé à l’aide de projecteurs asymétriques Micro Rodio.

Les caisses ont été éclairées, quant à elles, par des suspensions industrielles Saturno. L’installation d’éclairage procure un niveau d’éclairement de 1 000 lux dans tout le magasin.

© Disano

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THE HOUSE OF SWISSCOM, par Regent

© Regent – Maître d’ouvrage : Hansruedi Schmitter, Swisscom – Architecte : Christoph Scherrer, Swisscom – Conception éclairage : Toni Oegger, Bering

Inviter les clients à s’attarder sur les lieux en toute détente : tel est le but recherché dans l’aménagement de la House of Swisscom de Bâle. Pour mettre en valeur son nouveau concept de boutique tout en relevant les défis posés par la construction, Swisscom a misé sur le projecteur sur rails Sua et la ligne lumineuse ultraplate Purelite de Regent.

La House of Swisscom est un centre de compétences et d’expérience permettant aux clients commerciaux et privés, dans une ambiance détendue, de se faire conseiller et de découvrir des nouveautés. De plus, les clients Swisscom peuvent y laisser leurs appareils à réparer et acquérir des accessoires. Le visiteur est accueilli ici dans une ambiance agréable et plaisante, où il peut échanger avec d’autres et déguster un café et de succulents snacks. Enfin, la House of Swisscom de Bâle abrite aussi les cours de la Swisscom Academy.

© Regent

Pour exploiter au maximum la hauteur des pièces, le plafond brut avec les équipements techniques a été mis à nu, de sorte que la hauteur des espaces court désormais sur plusieurs niveaux. « En raison de cette configuration du plafond, il était clair pour nous, dès le départ, que nous allions utiliser un système de rails de courant afin de créer visuellement un faux plafond à l’aide de l’éclairage », explique Christoph Scherrer, architecte diplômé EPF chez Swisscom.

Une autre zone a été équipée d’un faux plafond à lamelles blanches afin de créer un espace offrant une certaine intimité pour les entretiens de conseil. Les rails portant les projecteurs à positionnement variable se mettent discrètement en arrière-plan entre les lamelles. « Les projecteurs Regent ont été sciemment choisis dans ce design sobre, car l’attention doit être dirigée sur la pièce », détaille Christoph Scherrer. Pour la zone de vente et la zone restauration, le choix s’est porté sur le projecteur Sua en finition noir pour l’éclairage de base.

© Regent

Dans la salle de formation continue, ce sont des luminaires ultraplats Purelite qui déploient leurs atouts, en offrant un éclairage sans zone d’ombre et adapté aux besoins du bureau. Grâce à sa forme de seulement 35 mm de hauteur, appareillage compris, Purelite n’ajoute pratiquement aucun encombrement au plafond.

© Regent

 

Isabelle ARNAUD: Rédactrice en chef de la revue Lumières
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