Président de la commission Éclairage intérieur du Syndicat de l’éclairage, François Darsy constate : « Partant du postulat que 3 % du parc immobilier sont rénovés tous les ans, il faudra 30 ans pour tout rénover ; c’est extrêmement long et ce n’est pas à l’échelle des enjeux. » L’opportunité énergétique apportée par la LED permet d’aller beaucoup plus vite. Les différents modèles de business montrent que la rénovation complète de l’éclairage peut s’effectuer entre 5 et 10 ans. « Notre rôle est d’aider les acteurs à rénover l’éclairage le plus vite possible pour réaliser des économies. Un éclairage obsolète, c’est comme un robinet qui fuit : on répare la fuite le plus vite possible pour éviter le gaspillage et donc, optimiser les économies d’énergie. »
Les enjeux de la rénovation de l’éclairage
L’éclairage joue également un rôle essentiel dans l’amélioration de notre bien-être, la « vivabilité » et la qualité d’usage des espaces. « De plus, ajoute François Darsy, à l’heure de l’Internet des objets, en rénovant l’éclairage, on redistribue une infrastructure dense, stable et uniforme connectée, capable de digitaliser le bâtiment. Cet éclairage connecté, mettant en place des capteurs de présence par exemple, permet aussi de mesurer le taux d’occupation dans le bâtiment et donc d’adapter la façon d’utiliser le bâtiment. » L’arrêté du 3 mai 2007, modifié par l’arrêté du 22 mars 2017, indique des niveaux de performance énergétique à atteindre lorsqu’on modernise le chauffage, la climatisation, l’éclairage, d’un bâtiment existant. Parmi les nouvelles exigences, outre la limite de la puissance installée pour l’éclairage général de 1,6 W/m² par tranche de 100 lux d’éclairement moyen à maintenir, l’arrêté impose la gradation ou l’extinction par détection d’absence, ainsi que la gradation automatique de l’éclairage artificiel en fonction des apports de lumière du jour. « Entré en vigueur au 1er janvier 2018, cet arrêté est encore trop mal connu et peu appliqué, souligne François Darsy. La consommation de l’éclairage dans un bâtiment tertiaire représente environ 15 à 30 % de la facture globale d’énergie ; or, une rénovation complète de l’éclairage permettrait de la réduire pour atteindre 5 à 10 %. »
Quelles incitations pour la rénovation ?
« La transition énergétique est en cours. Notre rôle est de l’encadrer. La LED est arrivée à maturité. Pour bien expliquer les enjeux, il faut que nous soyons audibles, poursuit François Darsy. La parution du guide “Rénover l’éclairage dans les bâtiments tertiaires” en est une illustration : il a été élaboré par le Syndicat de l’éclairage et l’ADEME, en concertation avec plusieurs organismes tels que l’AFE, la Capeb, Ecosystem, la FDME, Fedelec, la FFIE, Ignes et le Serce. D’autres organismes, comme la Smart Buildings Alliance, le Cluster Lumière, etc., oeuvrent dans ce sens, et contribuent à élargir notre communication. »
« IL EST IMPÉRATIF D’ACCÉLÉRER
LA RÉNOVATION DE L’ÉCLAIRAGE
SANS ATTENDRE LA RÉNOVATION GLOBALE »
Si les publications actuelles se concentrent sur le tertiaire, c’est parce que la rénovation y reste plus lente que dans l’industrie ou les commerces et ce, pour une simple raison : « Les propriétaires des lieux – et donc du matériel d’éclairage – ne sont généralement pas les occupants et donc ceux qui paient la facture d’électricité. Cependant, si on note une petite accélération de la rénovation de l’éclairage dans le secteur privé, en revanche, il n’en va pas de même pour le secteur public, notamment dans les locaux d’enseignement, où les enjeux sont importants. Selon l’Association française de l’éclairage (AFE), la consommation de l’éclairage intérieur des collectivités locales (7 TWh) pourrait être divisée par 5 après rénovation. » « Les aides existent, précise François Darsy : les CEE, notamment avec l’augmentation de la prime de 30 % sur les fiches BAT-EQ127, IND-BA 116 et BAR-EQ-110 lorsqu’on fait appel à la gestion combinée détection de présence et de lumière du jour, en particulier dans les locaux d’éducation et les Ehpad. Nous souhaiterions retravailler l’outil des CEE afin de les valoriser davantage et surtout, de les simplifier. Nous poursuivons nos efforts pour expliquer les enjeux de la rénovation, notamment en impliquant les pouvoirs publics, comme la direction générale de l’Énergie et du Climat du ministère de la Transition écologique et le Plan bâtiment durable avec lesquels nous avons des échanges fructueux qui permettront de redéfinir les enjeux et de redonner un souffle à ces actions. »