Agnès Jullian souligne l’importance des missions de la commission Éclairage extérieur du Syndicat de l’éclairage qu’elle préside : « L’actualité de nos travaux de réflexion est directement en lien avec les préoccupations des maîtres d’ouvrage et leurs attentes relatives aux recommandations gouvernementales et ministérielles. Nous axons notre réflexion sur une démarche qualitative associée à une meilleure efficacité énergétique et une décarbonation. L’arrêté nuisances lumineuses de décembre 2018 a permis de mettre l’accent sur l’urgence à faire mieux qu’avant. Comme le soulignait Olivier David, chef du service du climat et de l’efficacité énergétique à la direction générale de l’énergie et du climat du ministère de la Transition écologique, il n’existe pas d’autre domaine d’activité où les économies sont aussi importantes avec des rendements si immédiats. » En effet, si l’on considère les installations neuves, on s’aperçoit que là où l’on utilisait des sources sodium de 250 W, on met en œuvre aujourd’hui des luminaires LED de 35 W ou 50 W, divisant ainsi par 5 la consommation au point lumineux.
Valoriser les projets qualitatifs
Au-delà de ce réel potentiel d’économies, les acteurs français de l’éclairage extérieur proposent aussi des solutions qui réduisent considérablement les nuisances lumineuses. « Malgré cela, il faut reconnaître que les collectivités, en particulier les petites communes, n’ont pas toujours les moyens d’engager des dépenses pour rénover leur parc d’éclairage public, remarque Agnès Jullian. La commission souhaiterait qu’une partie du plan de relance dédié à la transition énergétique accompagne les collectivités dans ces investissements avec des aides prescriptives. Il ne suffit pas de remplacer un luminaire obsolète par un module LED, qui certes génère des économies d’énergie : il faut apprécier les performances et la pérennité du matériel dans son environnement. Il est primordial de privilégier des interventions de qualité en accompagnant les collectivités dans leur démarche. »
« LA CONSOMMATION EN ÉCLAIRAGE EXTÉRIEUR
POURRAIT ÊTRE DIVISÉE PAR 3 »
Si l’on pouvait systématiquement mettre en œuvre ces solutions performantes, la consommation globale d’énergie en éclairage pourrait être divisée par 3 au minimum, ce qui représente des gains colossaux au niveau national. « Aider les collectivités, poursuit Agnès Jullian, c’est aussi soutenir les fabricants français et éviter de voir les installations s’équiper de produits exotiques, bon marché et peu efficaces. Si les collectivités peuvent être accompagnées au titre de la rénovation énergétique, il convient également de s’assurer de la qualité des projets au travers d’une charte, ou de les accompagner, par exemple, d’une maîtrise d’œuvre : car nous avons la chance de compter en France des concepteurs lumière qui seront la caution morale d’un projet vertueux. »
Éclairage solaire et relocalisation d’une filière LED
D’autres axes de développement, au sein de l’industrie de l’éclairage extérieur, contribuent à créer des projets respectueux de l’environnement. Il s’agit des solutions d’éclairage solaire en pleine expansion – dont les fabricants sont fortement représentés au sein de la commission Éclairage extérieur – et des systèmes de gestion.
« L’ÉCLAIRAGE EST UN SECTEUR VERTUEUX
POUR L’ENVIRONNEMENT »
« En France, explique Agnès Jullian, grâce à une évolution du design et de la technique, nous voyons émerger des projets de qualité en solaire avec des solutions développées notamment sur les cheminements piétons ou les pistes cyclables, dépourvues de réseau d’éclairage public. L’avènement de la LED et sa faible consommation énergétique contribuent à l’émergence de ces projets. Mais paradoxalement, cette LED – tant utilisée et vulgarisée dans tous les domaines de l’éclairage (domestique, bâtiment public, médical, automobile, aéronautique, etc.) – est moins verte qu’il y paraît. Alors que nos approvisionnements sont essentiellement asiatiques, les dispositifs d’accompagnement visant à la relocalisation devraient nous décider, nous industriels, à nous fédérer pour gagner en autonomie en créant notre propre filière LED. Nous avons les capacités pour développer cette filière d’avenir : il existe de belles entités en France, fleurons d’une industrie européenne, capables de relever ce défi. »