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Les bonnes pratiques et les nouveautés pour optimiser l’impact de l’éclairage de sécurité

Intégration de BAES à l'hippodrome de Longchamps, Paris. (c) Behar sécurité

En France, le parc installé de produits d’éclairage de sécurité est estimé à 27 millions d’unités. Selon Didier Giraud, PDG de Behar Sécurité, « 30 % des produits installés sont soit défaillants, soit totalement hors service ». Ce qui représente un total de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres de couloirs mal éclairés ou mal balisés en cas de sinistre. Ces défaillances peuvent être de deux natures, dues soit à une maintenance négligée ou non effectuée, soit à une mauvaise installation.

La réglementation sur l’éclairage de sécurité part d’un drame. En 1970, l’incendie du dancing « Le 5-7 » en Isère a fait 146 morts. En cause, des manquements graves aux règles de sécurité et un balisage défaillant. En 1973, un décret visant les établissements recevant du public (ERP) a été publié, suivi en 1986 par un décret sur les bâtiments d’habitation. Le dernier décret, publié en 2011, a de son côté prévu les obligations pour les établissements recevant des travailleurs (ERT).

Que dit la loi ?
En France, les bâtiments recevant du public doivent donc être équipés pour assurer un éclairage antipanique et baliser les circuits d’évacuation en cas d’incendie ou de coupure de courant par exemple. Selon Rémy Ostermann, responsable marketing des offres connectées chez Schneider Electric, « l’éclairage de sécurité est un marché normatif qui impose la mise en place d’équipements ou de systèmes pour assurer a minima le bon cheminement des personnes ».

Exemple d’intégration de BAES au Stade Roland-Garros, court Simonne-Mathieu. (c) Behar Sécurité

La loi prévoit qu’en cas de défaillance de l’éclairage de sécurité, c’est bien le chef d’établissement qui est responsable civilement et pénalement (Art. R 152-4 du code de la construction et de l’habitation). En cas d’audit, la fermeture de l’établissement est prévue jusqu’à la mise en conformité. En cas de sinistre occasionnant des dommages corporels, l’établissement est fermé et le responsable poursuivi.

Il est donc essentiel de mettre en place des processus de suivi du fonctionnement des installations d’éclairage de sécurité dans le temps, pour s’assurer en permanence de son bon fonctionnement, c La réglementation prévoit qu’en cas de défaillance de l’éclairage normal/remplacement, les blocs autonomes d’éclairage de sécurité doivent continuer à fonctionner pendant une heure minimum.

Didier Giraud, PDG de Behar Sécurité.

Si l’installation est défaillante, l’installateur peut également être poursuivi. Pourtant, certaines installations douteuses parviennent à passer le stade de la vérification et du contrôle de mise en service des commissions de sécurité, comme nous l’explique Didier Giraud : « Nous avons observé des exemples de BAES (blocs autonomes d’éclairage de sécurité) positionnés derrière des poteaux ou des poutres, donc invisibles en cas d’évacuation. Autre exemple, certains BAES nécessitent de lever les yeux au plafond lors d’une évacuation pour avoir l’information, car le pictogramme n’est pas correctement orienté ou est placé trop haut. »

Gare aux mauvais usages
Dans certains cas, l’éclairage de sécurité est bien installé et correctement maintenu, mais les gestionnaires de sites coupent l’alimentation de l’éclairage normal tous les soirs en partant et la rétablissent tous les matins en arrivant. Cette mauvaise utilisation de l’installation altère considérablement le fonctionnement des batteries et nécessite des remplacements plus fréquents.

Les solutions techniques pour assurer le bon fonctionnement de l’éclairage de sécurité

Optimisation de la durée de vie
Très tôt, les industriels se sont organisés pour répondre à ces enjeux via les syndicats professionnels. La norme NF relative aux installations d’éclairage de sécurité est très exigeante et permet de garantir le bon fonctionnement des équipements dans le temps.

Grâce aux évolutions technologiques, les produits sont de plus en plus fiables et affichent des durées de vie considérablement augmentées. Les sources lumineuses qui équipaient les premières générations d’éclairage de sécurité affichaient des durées de fonctionnement de 1 000 à 2 000 heures, contre 6 000 à 8 000 heures pour les générations suivantes équipées de sources fluorescentes. Pour les nouvelles générations qui intègrent des LED, cette durée de vie dépasse les 100 000 heures. Cette augmentation de la durée de vie contribue à une réduction des besoins en maintenance.

Rémy Ostermann, responsable marketing des offres connectées chez Schneider Electric.

Amélioration de la performance énergétique
L’évolution des sources a également permis une réduction considérable de la consommation énergétique des équipements d’éclairage de sécurité. Rémi Rémy Ostermann explique : « Les premières générations équipées de sources incandescentes consommaient 10 watts, contre 5 à 6 watts pour les sources fluorescentes de la génération suivante. Aujourd’hui, les blocs de sécurité à LED consomment en moyenne entre 0,5 et 1 watt, ce qui est considérable en termes de performance énergétique. »

Évolution des batteries
Autre évolution notable, l’amélioration des technologies de batteries. Les sources très énergivores utilisées dans les premières générations sollicitaient davantage les batteries. Aujourd’hui, avec la LED, le problème a disparu. « La profession est très responsable et a prouvé sa véritable conscience environnementale. En plus de la question technique, les industriels se sont mis d’accord très tôt pour améliorer la prise en compte des enjeux environnementaux. Le syndicat professionnel a favorisé la mise en place d’une norme NF Environnement contraignante afin d’améliorer l’écoresponsabilité des produits. Les industriels ont aussi contribué à la mise en place très tôt d’une filière de recyclage à 100 % des produits d’éclairage de sécurité. Pour aller plus loin, certains fabricants ont abandonné les batteries au cadmium pour favoriser les batteries lithium, moins impactantes pour l’environnement », poursuit Didier Giraud.

La technologie au service de la maintenance
Chaque année en France, environ 2 à 3 millions de blocs sont installés, et 6 ou 7 millions de blocs ont besoin d’être maintenus ou remplacés. L’enjeu est donc à la fois sécuritaire, mais également pratique. En plus de l’évolution des technologies qui a permis de réduire considérablement les besoins en maintenance, des solutions techniques ont été développées pour simplifier et rationaliser encore davantage le processus.

Benjamin Pourteau, responsable des produits d’éclairage de sécurité chez ABB Kaufel.

SATI
Les installations d’éclairage de sécurité doivent faire l’objet de vérifications périodiques. La réglementation française impose de connecter les produits d’éclairage de sécurité à une télécommande pour permettre leur mise au repos en cas de coupure volontaire de l’éclairage normal/remplacement, comme nous l’explique Benjamin Pourteau, responsable des produits d’éclairage de sécurité chez ABB Kaufel : « Le système SATI (système automatique de tests intégrés) permet de rendre les BAES autotestables. En fonctionnement correct, la LED sur le bloc est verte ; si le bloc est défectueux, la LED est orange. Mais pour avoir ces informations, il faut passer bloc par bloc et site par site pour vérifier visuellement et individuellement chacun des produits d’éclairage de sécurité, ce qui occasionne d’importants coûts de maintenance. »

Pascal Ruiz, directeur d’URA.

Connecté
Pour aller plus loin que le SATI, tout en conservant sa simplicité, URA a développé une solution d’éclairage de sécurité connecté. Elle permet un diagnostic à distance et en temps réel de l’installation via la Web application EVA et un smartphone, comme l’explique Pascal Ruiz, directeur d’URA : « Grâce à la Web app, il est possible de paramétrer un seuil d’alerte de BAES en défaut et de visualiser le nombre de blocs en défaut et la nature des pannes. Des notifications sont envoyées pour chaque site surveillé. L’application permet également d’éditer une liste de pièces détachées pour remplacer les produits défectueux et d’éditer des rapports d’état pouvant être annexés au registre de sécurité de l’établissement. »

 

Web application EVA, d’URA.

Une solution qui délivre les mêmes informations que les systèmes adressables, mis à part la localisation précise des blocs défectueux. « Dans les sites qui comptent moins de 100 blocs, la mise en œuvre de solutions adressables est bien trop lourde et coûteuse. D’autre part, avec le SATI, nous constatons que personne ne réagit malgré les pannes. Cette solution cible les petites et moyennes installations avec une mise en œuvre identique à une installation traditionnelle et un suivi simplifié, ce qui est un atout pour les installateurs, mais aussi les mainteneurs et les exploitants », précise l’expert.

 

Adressables
Enfin, les systèmes adressables constituent la troisième possibilité pour optimiser la maintenance des installations d’éclairage de sécurité. Il s’agit d’un véritable système communicant entre les blocs et les contrôleurs, comme nous l’explique Rémy Ostermann : « chez Schneider, nous avons lancé la solution DiCube. Il s’agit d’un système adressable qui permet de répondre aux besoins de tous les bâtiments, quelle que soit leur typologie. Dans les grands bâtiments, il faut s’assurer que tous les blocs fonctionnent. Pour cela, on vient les connecter sur un outil d’exploitation local ou distant. Les luminaires communiquent en Dali, dans une version spécialement conçue pour l’éclairage de sécurité. Les informations des blocs de secours BAES remontent vers des contrôleurs de lignes, puis vers les unités de contrôle, elles-mêmes connectées en Modbus à une GTB de type spaceLYnk par exemple ou à tout autre système tiers. »

Solution de maintenance adressable NaveoPro d’ABB.

De son côté, ABB a développé en 2010 sa solution adressable Naveo, qui devient cette année NaveoPro. Benjamin Pourteau nous en dit davantage sur les nouveautés de cette solution : « NaveoPro repose sur une solution permettant un accès distant via une App disponible sur iOS, Android et PC. L’objectif est de suivre l’état des différents sites grâce à une solution multisite et multiprofil. Dans cette solution mise à jour, on retrouve toutes les fonctionnalités de Naveo, avec l’ajout de fonctions Cloud, un niveau de cybersécurité très élevé et une intégration sur la plateforme ABB Ability. Cette solution permet de centraliser les retours d’informations sur les blocs et de faire de la maintenance prédictive en déterminant le fonctionnement des sources, des batteries et des différents composants. La remontée de ces informations sur NaveoPro permet d’éditer une liste de pièces détachées pour commander rapidement le matériel. »

Et ces systèmes adressables permettent de repérer la position exacte des BAES défectueux sur le plan du bâtiment et de connaître précisément leur état de fonctionnement. Ces informations peuvent être intégrées dans les tableaux de bord paramétrables, ce qui simplifie le travail de l’exploitant.

Quelles opportunités pour les offres connectées ?

Yann Plévin, Product Marketing Specialist en charge des offres connectées chez ABB France.

Le développement très rapide de la connectivité dans le bâtiment pose la question des prochaines générations d’offres pour s’assurer du bon fonctionnement de l’éclairage de sécurité. Yann Plévin, Product Marketing Specialist en charge des offres connectées chez ABB France, souligne : « Pour les Smart Buildings, on parle de plus en plus d’un organe connecté, le BOS (Building Operating System). Ce dernier récupère les informations de produits tiers pour optimiser le fonctionnement du bâtiment dans son ensemble. La question principale est de savoir ce que la réglementation nous permettra de faire dans les prochaines années. Lier les systèmes d’éclairage de sécurité au BIM et au BOS serait de notre point de vue une formidable opportunité pour rationaliser leur maintenance. À terme, l’objectif du Smart Building est de développer un bâtiment fédéré doté d’un système de pilotage intégrant l’ensemble des composantes du bâtiment. Aujourd’hui, la réglementation prévoit une vérification des blocs tous les mois pour les sources lumineuses et tous les 6 mois pour l’autonomie. Dans les faits, ce sont souvent les gardiens de nuit qui effectuent la vérification durant leurs rondes, lorsque les blocs sont allumés. Ce mode de fonctionnement ne correspond plus aux façons de faire d’aujourd’hui et aux standards de sécurité. Cette intégration du système d’éclairage de sécurité au BOS permettrait de mettre en place des routines d’autotest pour savoir où en est concrètement l’installation. Cela permettra d’anticiper le rachat de matériel et d’optimiser les coûts d’exploitation en évitant les allers/retours pour les Facility Managers. »

Alexandre Arène


Pour aller plus loin

La nouvelle Certification NF Visibilité+

Dans les ERP ou les ERT (établissements recevant du public ou des travailleurs), les systèmes d’évacuation des personnes sont utilisés dans 80 % des cas « secteur présent », c’est-à-dire lorsque l’éclairage général continue de fonctionner. Les fabricants de solutions d’éclairage de sécurité se sont donc organisés pour développer un système capable de simplifier et de fluidifier l’évacuation secteur présent. Lors d’une évacuation secteur présent, le niveau d’éclairement empêche de distinguer correctement les indications des BAES. La nouvelle norme Visibilité+, pilotée par l’organisation professionnelle Ignes, sera intégrée par les constructeurs à la plupart des nouvelles générations de produits. Elle prévoit d’une part l’indexation des blocs d’éclairage de sécurité sur l’alarme incendie ou un dispositif d’alerte au niveau du PC de sécurité du site, et d’autre part le clignotement simultané de tous les blocs pour accroître la visibilité des indications de balisage et ainsi améliorer la sécurité des occupants d’un bâtiment. Certains fabricants comme URA sont allés plus loin que la certification, en proposant des fonctions de balisage lumineux d’évacuation, avec un clignotement alternatif des BAES. Cela permet d’augmenter la visibilité des dégagements et des sorties à utiliser pour réduire encore le temps d’évacuation.

Filière 3e:
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