Quels sont les enjeux de l’autoconsommation dans le contexte actuel ?
Bertrand Moulaire – Aujourd’hui, beaucoup de personnes souhaitent devenir « prosumer », c’est-à-dire à la fois producteur et consommateur, avec pour objectif de devenir maîtres de leur approvisionnement électrique. Il faut pour cela prévoir mes consommations et déterminer ce que je peux produire pour répondre à mes niveaux de consommations. Aujourd’hui, trop de personnes pensent qu’autoconsommer c’est produire de l’électricité et la stocker sur des batteries, mais à nos yeux c’est loin d’être le cas. Devenir autonome c’est réduire et sécuriser sa facture d’électricité tout en maîtrisant ses consommations. L’enjeu n’est bien évidemment pas le même pour les particuliers et les industriels. Les industriels tirent profit de leurs bâtiments pour produire de l’électricité, qui servira à l’alimentation des process industriels. Il s’agit d’un levier vertueux de valorisation du bâtiment. Aujourd’hui, le coût du kWh photovoltaïque baisse et une industrie qui connaît bien ses consommations et ses profils de charge a tout intérêt à autoconsommer. Mais avant de mettre en place une installation d’autoconsommation, il est nécessaire d’optimiser la performance de son bâtiment et de ses process en amont. Le point de départ de la réduction des consommations dans les supermarchés, par exemple, pourra être la mise en place d’éclairage LED et l’installation de portes aux armoires réfrigérantes. Ensuite, après une analyse globale, la question de la production d’électricité arrive rapidement sur la table. Dans le cas des appels d’offres de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), les industriels sont bonifiés s’ils autoconsomment la majeure partie de leur production. Il est donc essentiel de consommer la majorité de l’énergie produite, car la réinjection sur le réseau est très peu rentable, voire pénalisée.
Quelles sont les clés d’une installation d’autoconsommation performante ?
B. M. – Une installation performante est une installation bien dimensionnée ! Pour y parvenir, il y a trois étapes essentielles. La première consiste à analyser les consommations. La deuxième étape consiste à gérer intelligemment les charges en installant un onduleur capable de piloter des consommateurs. Enfin, il faut stocker l’excédent, soit en produisant de l’eau chaude, ce qui reste le plus rentable, soit dans des batteries. Il faut pour cela mettre en place un logiciel de monitoring pour visualiser les flux en temps réel et dresser un bilan énergétique. En France, il existe trois types de contrats pour le solaire : la vente totale, la vente au surplus à 10 centimes jusqu’à 9 kW crête et à 6 centimes jusqu’à 100 kW crête, et l’autoconsommation totale. Le Code de l’énergie prévaut sur les exigences d’Enedis et toute installation peut réinjecter jusqu’à 3 kW crête maximum. Dans ce cas, autoconsommer sa production PV et stocker l’excédent deviendront la règle, comme c’est le cas en Allemagne.
Pouvez-vous nous en dire davantage sur vos offres et leurs particularités ?
B. M. – Nous proposons des solutions à la fois pour le résidentiel, le tertiaire et l’industrie, allant de 3 à 100 kW pour les onduleurs. Disponible à partir de l’été 2020, notre nouvelle génération d’onduleurs GEN24 Plus hybride a été conçue à la fois pour piloter des charges et stocker si nécessaire l’excédent sur des batteries. De plus, en cas d’absence réseau, l’onduleur peut répondre ponctuellement en mode « backup » en alimentant des charges dédiées. La gamme GEN24 Plus comporte deux modèles : Primo GEN24 Plus monophasé, Symo GEN24 Plus triphasé. Pour des puissances supérieures à 50 kW, notre gamme s’étoffera en 2021 avec l’onduleur Tauro. Pour optimiser l’installation, tous les onduleurs Fronius sont couplés à un compteur, le Fronius Smart Meter, et à un portail de monitoring, Fronius SolarWeb, pour visualiser les flux de production et de consommation en temps réel, effectuer des bilans énergétiques, archiver les données, mais aussi traduire le fonctionnement de l’installation en gains financiers et informer 24 h/24 l’exploitant du bon fonctionnement de sa centrale solaire.
Propos recueillis par Alexandre Arène