RE 2020 – Le Gouvernement a lancé la phase de simulations qui permettra de déterminer les seuils principaux de la future réglementation environnementale des bâtiments neufs. Alors que cette future RE2020 s’appliquera dès le 1er janvier 2021, en lieu et place de la RT2012 actuelle, 12 acteurs ont cosigné une lettre adressée au Premier ministre pour l’engager à maintenir le cap fixé pour atteindre la neutralité carbone. Emmanuel Gravier, Président de la Fédération française des Intégrateurs Électriciens (FFIE) fait partie des signataires. Entretien.
La FFIE est signataire d’une lettre cosignée adressée au Premier ministre pour soutenir les orientations de la future RE2020. Pourquoi avoir entrepris cette démarche ?
Nous avons voulu saluer la détermination du Gouvernement à mener la France vers la neutralité carbone. En tant que professionnel à la tête d’un groupe, je constate que les chantiers et réalisations que nous livrons dans le tertiaire s’inscrivent déjà largement dans une stratégie bas carbone. Le numérique, la production photovoltaïque et l’isolation accrue concourent à des bâtiments avec une empreinte carbone réduite. Je crois d’autant plus au bien-fondé des orientations prises dans le cadre de la RE2020 que l’évolution technologique permettra d’accélérer la transition vers des bâtiments bas carbone.
Il ne faut surtout pas ralentir sur l’environnement législatif pour atteindre la neutralité carbone, nous sommes engagés et nous pouvons encore accélérer. Dans cet aréopage de signataires, nous portons la voix du terrain, celles de nos adhérents qui sont aux premières loges pour voir les progrès en cours. Tout n’est pas parfait, mais attention d’un point de vue législatif et réglementaire, il ne faut pas relâcher l’effort en cours.
En tant que intégrateurs électriciens, nous sommes au coeur des évolutions qui se profilent. Les systèmes que nous installons permettent l’avènement d’une “smart energy” à même de réduire les émissions carbone.
En matière de chauffage, soutenez-vous les arbitrages concernant le coefficient de conversion et le contenu CO2 de l’électricité ?
Cette évolution nous semble aller dans le bon sens, mais il est nécessaire de rappeler que le chauffage ne représente pas le gros de toute la consommation énergétique d’un bâtiment neuf. Dès que vous renforcez l’isolation et que vous mettez en place une gestion intelligente de l’énergie dans le bâtiment, vous ne consommez que ce dont vous avez vraiment besoin. Vous évitez un certain gaspillage énergétique, qui a pu être courant dans le passé.
La FFIE n’a pas l’intention de polémiquer sur le chauffage électrique. Nous voulons davantage attirer l’attention sur le rôle de l’électricité pour déployer une gestion énergétique intelligente du bâtiment. C’est cette intelligence qui permettra d’avoir une gestion carbone de plus en plus optimale, pour tendre vers le zéro. C’est une évolution nécessaire, car le bâtiment reste encore un gros consommateur d’énergie, or, la meilleure des énergies est celle que l’on ne consomme pas.
Sur quels leviers faut-il s’appuyer pour accélérer la transition énergétique du bâtiment ?
L’isolation des bâtiments est un premier levier essentiel pour économiser de l’énergie. L’intelligence que nous embarquons dans le bâtiment, par l’intermédiaire de capteurs, et d’automates, participe largement à la transition du bâtiment. Ces dispositifs permettent de faire des économies sur les consommations de chauffage notamment, mais aussi en matière de climatisation et d’éclairage.
Cela sous-entend bien sûr que l’électricité soit propre, donc produite par des énergies renouvelables, la géothermie, l’hydroelectricité et le nucléaire qui sont des éléments essentiels de la stratégie bas carbone de la France aujourd’hui. Cela pose d’ailleurs la question du stockage.
Par ailleurs, réfléchir au bâtiment de demain nous amène aussi à penser les mobilités de demain, car les gens qui sont dans les bâtiments se déplacent. Les mobilités sont traversées par ces sujets production et de stockage énergétique. L’avènement de l’hydrogène sera un formidable atout pour verdir ces mobilités. Il s’agit d’une énergie propre, stockable proprement. Pour préparer son développement, nous avons besoin de monter en compétences sur la gestion des systèmes intégrant l’hydrogène.
Comment accompagnez-vous vos entreprises adhérentes dans l’optique de “construire bas carbone” ?
Notre accompagnement se traduit par deux axes : l’information et la formation. Nous relayons auprès de nos adhérents des données de prospective, que nous recevons des gros constructeurs et fournisseurs ceux qui font le marché de demain en matière de technologies.
Pour que le dirigeant puisse former ses collaborateurs aux technologies de demain, nous assurons aussi des formations.
Le bas carbone passera par la mise en place d’énergies renouvelables et nous avons déjà créé des sessions de formation avec notre organisme de formation partenaire de la FFIE, sur le photovoltaïque. L’enjeu pour nos adhérents est ensuite de susciter l’intérêt de leurs collaborateurs pour monter en compétences. Notre objectif est de réfléchir ensemble à la valeur ajoutée de l’intégrateur électricien de demain, dans l’optique d’un bâtiment décarboné. Nous capitalisons sur notre implantation territoriale en régions pour convaincre les pouvoirs publics et nos entreprises adhérentes de l’importance d’une mise en oeuvre des technologies électriques “smart”.
Notre accompagnement a pour objectif de redonner confiance et d’accélérer la rénovation, qui passe par la sollicitation d’un professionnel du Bâtiment (qualifié, habilité, formé) en particulier les intégrateurs électriciens de la FFIE.