Pour lire la lettre de la CSEEE : https://www.filiere-3e.fr/wp-content/uploads/2020/02/CSEEE-lettre-actu-smarthome-électricien-78.pdf
En consacrant plusieurs ateliers métiers à l’IRVE depuis cinq ans, la CSEEE a pu mesurer la maturation progressive de ce marché. La découverte des technologies est passée au second plan par rapport aux questions de mise en œuvre technique, d’intégration normative et de fourniture de services associés. Ce premier atelier 2020, suivi par une cinquantaine de professionnels, a été l’occasion de détailler l’écosystème de la recharge, de la conception d’une offre jusqu’à l’expérience client et de mieux appréhender les différentes composantes de la chaîne de valeur. Une large place a été accordée aux aspects normatifs et réglementaires avec la question centrale des raccordements au réseau électrique. L’IRVE est techniquement simple à appréhender pour un électricien qualifié, en revanche l’accompagnement client est complexe, car la borne peut s’intégrer à de multiples configurations, qui imposent des dimensionnements et des règles d’intégration précises à respecter. Des solutions doivent être également apportées pour la maintenance et la facturation des charges.
Des questions multiples
Comment réaliser concrètement le raccordement d’une infrastructure de recharge de véhicule dans un immeuble neuf, existant, de logements ou ERP ? Quels périmètres d’intervention des acteurs dans un raccordement sous NF C14-100 ou NF C15-100 ? Pourquoi faire appel à un opérateur d’itinérance ou un opérateur de recharge ? Quelle contractualisation des services de recharge dans un bâtiment avec un sous comptage (MID) pour le décompte ? Pourquoi refaire une note de calcul d’ICC lors d’un renforcement de PDL ? La responsabilité de l’électricien peut-elle être engagée en cas de défaillance de l’installation lors d’un impact foudre indirect ? Toutes ces questions et bien d’autres ont été abordées lors de cet Atelier Métiers CSEEE.
Les Interfaces s’organisent
L’opérateur d’itinérance (type GIREVE) à l’aide de partenariats auprès d’opérateurs de mobilité (réseau) et de charge (facturation) garantit à ses clients un ensemble de services : possibilité de créer un réseau de stations avec une meilleure visibilité sur la toile, échange de données d’usages et matérielles, supervision des stations, réservation de bornes de charge, calcul d’optimisation d’itinéraire et de recharge, sécurité de fonctionnement et hotline. La déclaration de l’infrastructure à cette plateforme est aussi nécessaire pour bénéficier des aides ADVENIR pour les IRVE ouvertes au public. En 2019 a été lancé le démonstrateur aVEnir partiellement financé par l’ADEME, afin de faciliter le développement à grande échelle de la mobilité électrique. Les solutions de recharges intelligentes sont promues afin d’optimiser les contraintes sur le réseau (charge, stockage, décharge). GIREVE est en recherche active de partenaires pour le démonstrateur dans le résidentiel collectif.
L’opérateur de recharge
L’opérateur de recharge (type FRESHMILE) apporte une solution (badge, application mobile, CB…) pour un usage à la maison ou en déplacement. Il permet de trouver une borne disponible et de procéder à la recharge en retrouvant le même environnement d’usages et les services. La présence d’un opérateur de recharge pour accompagner l’installateur et le BE permettra de globaliser l’offre. L’opérateur peut répondre aux copropriétaires en recherche d’installations « clé en main » ou pour l’exploitation de l’équipement (maintenance et déploiement). Pour cela, il fait appel à un réseau de 250 installateurs qualifiés qu’il cherche aussi à étoffer. Les interlocuteurs peuvent être des particuliers, des aménageurs (immobilier, transport, centre commercial, commune). La solution est compatible avec plus de 180 équipements testés et validés par FRESHMILE avec un développement informatique interne de la plateforme d’échange de données et des interconnexions logicielles avec d’autres (en marque blanche si besoin). L’opérateur traite 1500 appels par mois suivant la charte qualité AFIREV. Cette entreprise française d’une dizaine d’année d’existence a bénéficié dans son capital de la présence de la Caisse des Dépôts et participe activement à l’écriture de protocoles pour l’interopérabilité des systèmes. D’expérience, il est important d’informer le demandeur d’équipement, que la recherche d’une installation à faible coût s’accompagnera invariablement de problématiques de maintenance (fiabilité, mise à jour, sécurité, accès). Sur ce type de produit installé pour 5 à 10 ans, il n’est pas envisageable de pâtir d’aléas techniques lors d’un besoin de recharge.
Optimiser les recharges, mailler le territoire
Le déploiement des IRVE avance avec cependant encore des grandes disparités géographiques et tarifaires, sans oublier que sans électricité, il n’y a pas de charge. La consommation IRVE pour un particulier est importante et peut doubler sa facture. Le territoire comprend assez de centrales de production pour absorber un surcroît de consommation. Mieux vaut éviter de se brancher tous les soirs et optimiser sa recharge le pour week-end. Une nouvelle filiale d’EDF, DREEV développe des solutions de recharge et décharge des batteries des véhicules V2G (Vehicle-to-Grid ) permettant au véhicule de s’intégrer dans le système électrique. IZIVIA (ex SODETREL) exploite un réseau de bornes à la demande des collectivités, des grands comptes et désormais du grand public 9.000 bornes ouvertes au public sont en supervision par IZIVIA. Le Grand Lyon vient de s’équiper de plus de 600 bornes mises en service début 2020. RENAULT a implanté près de 1000 points de charge sur des sites qui accueillent les véhicules de ses salariés et visiteurs. Le réseau Corri-Door est constitué de bornes de recharge rapides ou ultra rapides (150kW) réparties tous les 80 km en moyenne. Durant l’été 2019, des défaillances ont affecté des bornes sur les autoroutes entrainant un mécontentement des utilisateurs. Problèmes logiciels, chaleur excessive et besoins croissants des utilisateurs ont montré les limites des infrastructures et des mesures correctives ont été prises depuis.
Des sites à équiper pour faire face à l’augmentation du parc de VE
Les constructeurs automobiles et concessionnaires ont depuis cette année une obligation de résultat vis-à-vis du rejet de CO2. Des amendes seront infligées si l’ensemble des ventes réalisées en 2020 dépasse la moyenne de 95gCO2/km. Dans ce contexte, les ventes de véhicules électriques enregistrent une progression de 2,5% par an. Les demandes d’équipement sur le collectif à Paris sont assez récentes (18 mois environ). Les recharges se font pour 90% au domicile ou travail, et un logement sur deux est du collectif. Le GRD est transparent et ne favorise pas plus une solution qu’une autre. Il assure la maintenance du réseau depuis l’entrée d’immeuble jusqu’au premier compteur. Dans tous les cas, il est conseillé pour la copropriété de se faire accompagner par son installateur électricien mandaté afin d’établir un bilan de puissance nécessaire pour le projet IRVE en tenant compte de la puissance nominale unitaire, le foisonnement et la réservation par rapport à l’activité. Puis de demander au GRD une étude de capacité réseau et du pied de colonne avant de s’orienter sur une solution. Il est préférable de consulter les copropriétaires et de voter les décisions (participation, facturation, …) pour grouper les demandes et trouver une solution globale, car les coûts ne sont pas les mêmes en fonction des solutions.
Pour les petits parkings de 30 à 40 places, il est possible de créer un départ IRVE depuis les services généraux (sous réserve de capacité technique) ; puis d’installer un décompte à l’aide d’un sous-comptage MID souvent intégré à la borne et permettant de pouvoir déduire les consommations (solution simple et rapide à mettre en place).
Pour les capacités supérieures, il est préférable de monter une colonne horizontale IRVE pour l’ensemble du parking, sur laquelle chaque usager pourra, via son installateur électricien, raccorder son infrastructure. Le raccordement peut se faire, soit depuis un nouveau branchement en voirie (plus cher) ou depuis le coffret d’immeuble s’il est prévu (ou à modifier) ou depuis le pied de colonne si le matériel présent le permet (norme et vétusté). L’investissement est plus lourd tout de même pour la copropriété s’il s’agit de la création sous NF C14-100 d’un PDL, ou d’un renforcement d’un pied de colonne déjà existant.
Un fort besoin d’électriciens sachant accompagner les projets
Les syndics sont un peu désorientés sur les besoins et la réglementation. Souvent on demande une recharge rapide là où du standard à 7,4kW pour 8 à 12h est suffisant en copropriété ou bien un taux d’équipement à 100% là où 20% est préconisé.
La validation en Assemblée Générale du projet, est aujourd’hui fondée sur un chiffrage de chacune des solutions d’installation possibles. Les études détaillées réalisées par ENEDIS (gratuit) amènent des délais de réponse de 6 semaines à 2 mois puis, si besoin, l’ouverture du réseau en voirie de 18 à 22 semaines, soit 6 à 8 mois sur le projet global. Les délais de décision en copropriété étant assez longs, il est nécessaire d’effectuer une validation de disponibilité de réseau au bout de 3 mois en faisant alors réaliser un devis engageant ENEDIS. Pour les parcs stationnements classés BE2 (risque incendie) le matériel doit-être classé IP5X ; aucune connexion ni appareillage ne doit être mis en œuvre sur le parcours de la canalisation, les conducteurs sont non-propagateurs de la flamme et protégé en amont contre les courts-circuits. Pour la colonne horizontale on utilise généralement du câble type aérien (PRC) torsadé et pour effectuer les connexions sans usage de distributeur, les perforateurs d’isolant. La pose se fait sur chemin de câble ou dans un fourreau noir à liseré gris. En cas de présence, le box privé fermé est alimenté depuis les parties communes au travers d’un tableau divisionnaire (option éclairage et prise de courant). Une coupure générale pompier (CCPC) séparée du coffret de branchement (ERP), permet de dissocier les interventions IRVE sans impacter l’immeuble.
Puissance nominale et puissance minimale
Concernant l’estimation du besoin de puissance IRVE et du coefficient de foisonnement naturel de 0,4, précisons que ce dernier n’est pas réglementairement défini (pas de décret ou d’arrêté à ce sujet). L’évaluation de la puissance IRVE est de la responsabilité de l’installateur et dépend de nombreux facteurs (pilotage, délestage, composition de l’immeuble, …). C’est pourquoi le GRD ne souhaite pas influencer la méthode de calcul. La question des puissances minimales reste à clarifier. Dans un immeuble il ne peut pas y avoir deux régimes de propriété différents. Dans le cas d’installation d’ouvrages neufs dans de l’existant, l’ensemble des ouvrages sont sous le même régime et sont donc placés dans le cas de l’existant. Les travaux pour une colonne horizontale sous NF C14-100 (aux conditions de la loi ELAN) dans sa forme finale, sont alors de la responsabilité du GRD (avec ses prestataires).
Côté CONSUEL
L’attestation CONSUEL (vert, jaune) pour les parties communes d’un immeuble de logement, n’est exigée qu’à la mise en service initiale de l’installation (une Attestation de conformité par PDL). Le DEO (Diagnostic Electrique Obligatoire) ne couvre pas les parties communes, de ce fait la mise à la terre de l’immeuble n’est jamais contrôlée durant sa vie, alors qu’elle est nécessaire notamment pour la sécurité IRVE.
Il est possible de déclencher un certificat CONSUEL (demande volontaire) qui permet de valoriser les travaux de l’installateur, mais aussi en cas de revente de se prémunir des recours contre les risques de vices cachés et de sécurité pour les bailleurs, pour servir de déclaration au notaire d’un bien mobilier, ou d’apporter une garantie de sécurité en cas de location, mais aussi pour déclarer l’équipement à son assurance pour qu’il soit couvert.
Seul un Box fermé, situé dans un parc de stationnement commun, est un bien privé. Une AC jaune sera nécessaire pour le PDL puis un DEO pourra être effectué par la suite.
Pour les installations IRVE >36kVA, il est nécessaire de joindre au certificat CONSUEL-IRVE, le dossier technique SC143 (en réécriture pour les nouveaux usages, repérage technique) qui permet de garantir que les calculs de courant de courts-circuits ont bien été réalisés par l’installateur et que les pouvoirs de coupures des appareils correspondent aux nouvelles données. Se servir de la numérotation. Lorsqu’une option de branchement ultérieur est proposée, il est nécessaire qu’un minimum d’équipement soit présent (exemple : coffret avec PDL, un AGCP ou une prise).
Pour effectuer ses calculs, l’installateur doit connaître les données de départ au réseau en se rapprochant du GRD ou par défaut, partir sur les bases les plus défavorables de la NF C14-100. En cas d’augmentation de puissance, le matériel présent dans le TGBT (sous NF C15-100) doit correspondre à ce nouveau pouvoir de coupure même s’il n’est pas dans la ligne IRVE (mesure des longueurs, vérification des sections pour les canalisations existantes conservées …).
Des informations supplémentaires sur cet atelier métier sont à votre disposition sur www.cseee.fr
D’autres éléments de veille technique sont disponibles sur l’espace réservé aux adhérents CSEEE.
Nous remercions les intervenants qui ont accompagné Patrick DEBELUT, Ingénieur technique – CSEEE dans l’animation de cette journée sur les différents thèmes abordés :
- Présentation et organisation du marché avec Armand GALLET, Business Development Manager – GIREVE (plateforme d’interopérabilité)
- Les contrats de fournitures, responsabilités avec François BEAUFRETON, Chef de projet Mobilité électrique Direction Mobilité Electrique Groupe – EDF et Olivier LEDIEU – Chef de projet – IZIVIA
- Les raccordements avec Fabien PALARIC, Expert IRVE – ENEDIS
- Les raccordements avec Christian DAVAL – Ingénieur technique – CONSUEL
- Les services de facturation avec Jean- Marie RACINE, Directeur commercial – FRESHMILE