Bond Street accueille depuis le XVIIe siècle les plus célèbres enseignes de luxe. Elle est constituée en fait de Old Bond Street, qui relie Piccadilly à Oxford Street du nord au sud et traverse le quartier de Mayfair dans la Cité de Westminster, et de New Bond Street, qui est piétonne et située entre Grafton Street et Clifford Street. Old Bond Street est aménagée vers 1686 à l’emplacement d’un manoir démoli en 1683, tandis que New Bond Street est ouverte en 1700-1720. C’est tout récemment, en octobre 2019, que Cartier a célébré la rénovation de son flagship de la New Bond Street, dans un bâtiment classé de cinq
étages.
Fondée à Paris en 1847 par Louis-François Cartier, la Maison ouvre sa première boutique à l’étranger à Londres et tisse très vite des liens privilégiés avec la couronne, qui fera dire à Édouard VII de Cartier qu’il « est le joaillier des rois et le roi des joailliers ». La rénovation du bâtiment a été confiée à l’architecte Bruno Moinard, agence 4BI, fidèle à la marque de luxe depuis plus de 20 ans, qui a créé un décor sobre et raffiné, plongé dans des ambiances à la fois élégantes et chaleureuses, accompagnées de lumières signées par l’agence Ponctuelle, avec pour chef de projet, Clémence Vitrac, architecte d’intérieur, conceptrice lumière.
Un classicisme moderne
Le bâtiment, classé, devait conserver intactes boiseries, corniches et moulures des plafonds qui culminent parfois jusqu’à 4,50 m de haut. « La volumétrie des espaces étant assez grande, nous avons joué sur les nuances de couleurs, avec tout d’abord la lumière naturelle qui pénètre par les fenêtres hautes, une température de couleur chaude de 3 000 K, des éclairages indirects en corniche, le tout gradable afin de pouvoir régler l’intensité en fonction de la volumétrie des espaces et des heures de la journée », explique Clémence Vitrac.
La boutique a emprunté à l’appartement les codes de confort afin de rendre les ambiances plus intimistes. « Nous avons eu recours à quelques subtilités, puisqu’il nous fallait absolument préserver les éléments architecturaux tout en les révélant », poursuit la conceptrice lumière. Ainsi, un éclairage indirect d’ambiance a-t-il été intégré dans les corniches, tandis que des spots encastrés au plafond assurent un éclairage discret et ponctuel sur les collections exposées.
La joaillerie scénographiée
Dans le hall d’entrée, la lumière naturelle, réfléchie par les boiseries qui, ici, ont été repeintes en blanc, donne encore plus de majesté à cet espace, tandis que l’éclairage indirect des corniches souligne les moulures. Ponctuant cette nappe d’une blancheur éclatante, des suspensions décoratives en pâte de verre et laiton, dessinées par 4BI et développées par Mydriaz, apportent des touches de couleur ambre et crème. Un travail de développement de mini spots dans le cœur des pétales a été réalisé afin de permettre un éclairage orienté sur les bijoux dans les comptoirs.
Dans les différents salons et escaliers, les nombreuses iconographies qui tapissent les parois ont été soulignées par un éclairage directionnel ; les accessoires, sacs, lunettes, exposés sur des tablettes ou dans des vitrines sont éclairés de la même façon. À mi-chemin entre la mise en valeur de produits et la théâtralisation muséographique, la présentation des bijoux fait appel à une lumière plus froide de 4 000 K, température de couleur choisie afin de faire ressortir l’éclat des bijoux par des spots encastrés à faisceau serré. Pour la mise en valeur des accessoires, des spots 3 000 K révèlent les teintes des cuirs.
Les salons de vente
Toute une série de salons ont été aménagés afin de rendre la plus confortable possible l’expérience du client. Le salon VIP Men, décoré en hommage à un maharaja de l’Empire britannique, plus bas de plafond que les autres espaces, est éclairé en indirect par des gorges lumineuses et quelques points lumineux en direct sur la table de vente et devant le canapé. Deux températures de couleur sont mises en œuvre : 4 000 K pour les bijoux et 3 000 K pour les accessoires. « Toutes les vitrines comprennent un éclairage embarqué afin de rendre tout leur éclat aux pierres précieuses, tout en évitant de voir la source ou d’avoir des reflets gênants, commente Clémence Vitrac. De même, pour le mobilier mural et les accessoires présentés sur des tablettes, l’éclairage est intégré à l’intérieur pour réduire le nombre de spots en plafond. Cependant, pour chaque comptoir et vitrine, un spot à faisceau serré est dirigé vers les produits de façon qu’ils brillent toujours sous la lumière, même une fois sortis de leurs présentoirs. »
La lumière joue constamment avec la matière sans que le client voie d’où elle provient. Des spots encastrés en partie basse ou partie haute complètent cet éclairage. Pour apporter encore davantage de confort aux clients, tous les éclairages, hormis ceux des mobiliers, sont gradables. Divers scénarios sont mis en scène, espace par espace, afin de créer des ambiances lumineuses en fonction des heures de la journée.