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Pompes à chaleur : une montée en puissance dans le secteur de la construction neuve

Début 2020, une nouvelle réglementation prendra effet dans le bâti neuf : la RE2020. Pour aller plus loin que sa grande sœur, la RT2012, qui a limité les consommations d’énergie au m2, la RE2020 vise ni plus ni moins qu’à réduire fortement les émissions de CO2 au m2 en cohérence avec l’objectif de neutralité carbone de la France. Ce principe de neutralité carbone implique un parc immobilier « zéro émission carbone » d’ici 2050. Mais à 30 ans de l’échéance, le secteur du bâtiment est encore loin de ses objectifs. Premier consommateur d’énergie en France (44 %) loin devant les transports (31,3 %), il est aussi responsable de près d’un quart des émissions de gaz à effet de serre dans le pays. Et pour cause : plus de 60 % des foyers français seraient encore équipés de systèmes de chauffage à énergies fossiles (fioul, gaz). Des sources polluantes (polluants chimiques, monoxyde de carbone et CO2, principalement) pour l’air extérieur comme intérieur, dont les conséquences sont aussi néfastes pour la santé des résidents que pour l’environnement.

Fonctionnement et atouts de la pompe à chaleur

Sur le marché du chauffage, ces systèmes vieillissants, toxiques et coûteux ne font pas le poids face à des solutions plus modernes comme les pompes à chaleur (PAC). Différents types de pompe existent en fonction de la situation du logement. Leur principe est toutefois commun : récupérer de l’énergie à l’extérieur (sol, air ou eau) pour chauffer ou refroidir l’intérieur de l’habitat. Parmi les modèles les plus courants, les PAC air-air utilisent l’air extérieur pour le transformer en air chaud ou froid. Même fonctionnement pour les PAC air-eau, qui servent cependant à chauffer l’eau pour diffuser de la chaleur dans le logement (chauffage centrale avec radiateurs à eau, plancher chauffant) et fournir de l’eau chaude sanitaire. Enfin, les PAC géothermiques et hydrothermiques vont chercher l’énergie dans les sous-sols, nappes phréatiques et cours d’eau proches de l’habitation pour alimenter le système de chauffage intérieur. La quantité d’électricité utilisée pour transformer la source extérieure d’énergie est trois à cinq fois  plus faible que  la chaleur ou le froid restitué à l’intérieur du bâtiment. Facilement installables, les PAC peuvent être associées à d’autres formes de production d’énergie, comme des panneaux photovoltaïques, chauffe-eau solaires, radiateurs d’appoint, inserts et poêles à bois… Quand elles sont bien adaptées à l’habitat, elles permettraient d’économiser jusqu’à 70 % en dépenses de chauffage

Les pompes à chaleur plébiscitées en France

D’après le baromètre de l’association Qualit’EnR, les pompes à chaleur seraient le système de chauffage préféré des Français. Plébiscitées par 81 % des personnes interrogées, elles devancent les systèmes solaires combinés chauffage et eau chaude (80 %), chauffe-eau solaires (79 %) et inserts bois (76 %). En France, le marché des PAC a fortement crû ces dernières années pour devenir l’un des leaders en Europe avec l’Espagne et l’Italie. En 2018, le parc français de pompes à chaleur a dépassé les 3 millions, d’après l’association française des pompes à chaleur (AFPAC). Sur l’année, le nombre de PAC aérothermiques vendues dans l’Hexagone a augmenté de 18 % par rapport à 2017. Et sur les huit premiers mois de 2019, la tendance est encore plus prometteuse avec +31 % pour les PAC air-air et même +69 % pour les PAC air-eau, selon les chiffres de PAC & Clim’Info. Cette progression exceptionnelle est facilitée par le coût réduit d’installation grâce à différentes aides d’Etat. Ces équipements sont en effet éligibles : au CITE, à l’éco-prêt à taux zéro, à la prime CEE, à la TVA à 5,5 % et aux subventions de l’ANAH. Dans certains cas, il est même possible d’arriver à des restes à charge de 1 euro pour la conversion des chaudières thermiques vers des systèmes plus économiques.

Les enjeux de la construction neuve

Pour le gouvernement, cette démarche d’aide au développement de la pompe à chaleur répond à différents enjeux : réduction de la précarité énergétique et décarbonation du bâtiment. Ce dernier point est capital car ce secteur est le premier émetteur de carbone en France quand on prend en compte la fabrication des matériaux et équipements et  « il est encore très dépendant des énergies fossiles, pour le chauffage notamment, rappelle Julie Daunay, manager au cabinet Carbone 4. Pour ce faire, Jean-Pierre Hauet, président du Comité scientifique, économique, environnemental et sociétal de l’association EdEn considère qu’« on ne décarbonera pas si on n’arrive pas à atteindre, à horizon 2050, une situation où la pompe à chaleur dessert 40 à 60% du parc immobilier (neuf et ancien confondus). 

Comptant chaque année pour plus d’1% du parc bâti, la construction neuve doit donc jouer un rôle dans cette mutation énergétique du secteur. En effet, la durée de vie d’un bâtiment s’étend en moyenne à 50 ans. L’implantation, la conception et le choix des équipements sont autant de pistes pour réduire son impact environnemental. La future RE2020 sera également décisive dans la mise en application du principe de bâtiment à faible impact carbone. Favorisera-t-elle les systèmes décarbonés, notamment à base d’électricité, contrairement à la RT2012 qui privilégiait les énergies fossiles ? La réponse courant 2020.

Filière 3e: