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Cahier technique : quelles formations en éclairage ?

Mise en lumière effectuée par des stagiaires lors d’une formation IFEP. © IFEP

AFE, IFEP, ACE, ces organismes ne sont pas les seuls à dispenser des formations  en éclairage : il existe de nombreuses écoles d’architecture qui font appel à des acteurs de la filière (entre autres, des concepteurs lumière) pour dispenser quelques heures de cours, mais aussi d’autres établissements d’enseignement supérieur comme l’IUT de Béthune, qui a développé des partenariats avec l’AFE, ou l’École nationale supérieure d’ingénieurs de Poitiers, qui proposent tous deux des cursus en éclairage professionnel depuis presque quarante ans. L’ENSI Poitiers offre un parcours EAT (éclairage, acoustique, thermique) dont sont issus de nombreux ingénieurs éclairagistes expérimentés d’aujourd’hui. Le diplôme EAT conduit à la formation d’ingénieurs à la triple compétence incluant les capacités à concevoir et à réaliser des projets détaillés, à établir des cahiers des charges et à comparer des solutions techniques.

La liste serait sans doute beaucoup trop longue si l’on répertoriait ici tous les enseignements en éclairage proposés sur le territoire français. De quelques heures à plusieurs jours, les cours s’inscrivent la plupart du temps dans des programmes de stages de formation continue ou en association avec d’autres disciplines, comme c’est le cas à Poitiers. Citons néanmoins les « académies » qui fleurissent un peu partout chez les fabricants, qui déploient des moyens à la pointe des dernières technologies pour former leurs clients ou partenaires.

© Wenbin Photo

Il y a par exemple l’Akademie de Trilux, ouverte en 2017 dans les locaux du fabricant situés à Entzheim. Lionel Witkowski, PDG de Trilux France, expliquait alors que « dans un secteur où l’évolution technologique constitue une véritable révolution, il est essentiel que nous, industriels, soyons à l’avant-garde de la formation et de l’information, non seulement en ce qui concerne nos produits mais aussi tout ce qui a trait à l’éclairage – confort des utilisateurs, réduction des consommations, respect de l’environnement. Autant de notions que notre Akademie explique, détaille et prend en compte ». Le secteur est en constante évolution, tant en ce qui concerne les méthodes de calcul que la réglementation, sans oublier les produits eux-mêmes. Et devant le manque de diplôme d’État d’éclairagiste, l’offre se multiplie avec un besoin constant de reconnaissance de la profession.

La formation AFE : un renouvellement des contenus
C’est ce qui a conduit Marie-Pierre Alexandre à modifier l’identité visuelle du CFPE. « Les formations ne cessent d’évoluer, aussi bien dans leur contenu que dans la forme, et les stagiaires ont de plus en plus besoin de véritables références, facilement et rapidement identifiables, précise-t-elle. La formule des logos qui correspondent à un niveau de compétences acquises nous a semblé devoir s’imposer afin de montrer d’un seul coup d’œil l’évolution du CFPE et son nouveau positionnement. »

Baliser la pyramide des savoirs… À chaque niveau sa barrette. Vert très clair : initiation. Vert très foncé : perfectionnement. Violet : formation thématique. www.lux-editions.fr

En parallèle, le contenu des programmes a été ajusté à l’actualité, notamment concernant la réglementation et la normalisation. De plus, la partie projet d’éclairage a été revue pour s’axer davantage sur les besoins humains et beaucoup moins sur les calculs et prendre en compte la notion de connectivité (l’Internet des objets), qu’il s’agisse des installations intérieures ou extérieures. Des formations en ligne ont également vu le jour. Elles s’adressent à des professionnels ayant déjà des connaissances en éclairage, avec des séances qui commencent généralement en début de matinée et durent au maximum deux heures.

« Nous pouvons proposer jusqu’à trois modules de 2 heures chacun, précise Marie-Pierre Alexandre. Le programme couvre des points essentiels et pratiques, par exemple : comment répondre à un appel d’offres, monter un dossier CEE, définir les besoins visuels selon les applications, en collaboration avec l’Asnav (Association nationale pour l’amélioration de la vue). » Six ou sept personnes au plus peuvent participer à la formation. Les supports de cours sont partagés pendant les modules et envoyés en format PDF à la fin de chaque session. Autre nouveauté : la mise en place d’une « validation des acquis en éclairage ». Il s’agit d’une procédure qui vise à attester des connaissances en la matière pour ceux qui n’ont jamais passé le diplôme AFE. Les demandeurs doivent soumettre un dossier à un jury constitué de formateurs ; ils sont ensuite admis à passer un examen du niveau de base ou de perfectionnement. Cependant, les formations professionnelles classiques, organisées par niveau, font toujours l’objet de nombreuses sessions ; les dates de 2019 pour l’initiation, les stages de base, de perfectionnement et de maîtrise en éclairage sont disponibles sur le site.

Les stages à la demande remportent aussi un franc succès, selon Marie-Pierre Alexandre : « Les stages se déroulent en région, souvent dans les locaux de nos partenaires : collectivités locales, fabricants, installateurs, distributeurs, etc. Les programmes sont élaborés sur mesure. »

L’IFEP : des parcours pédagogiques éligibles au CPF

© IFEP

Du sur-mesure aussi pour les stages organisés par l’IFEP qui, fin 2017, est devenue une société SAS complètement indépendante en rachetant à Philips Lighting le fonds de commerce, le matériel pédagogique et le site Internet. Le capital est désormais réparti entre différents partenaires : Philippe Perrin, PDG, le Syndicat de l’éclairage, la FDME (Fédération des distributeurs de matériel électrique) et trois formateurs : Pascal Loiré (Intension), Christophe Luquet (DYNAlighting) et Jean Reydellet (Isis Création).

Le siège de l’IFEP, situé à Boulogne-Billancourt, est doté de deux salles de 40 m² chacune et équipées de matériel high-tech. Les formations se déroulent, comme par le passé, un peu partout en France et avec les mêmes formateurs. « Les stages catalogue sont toujours assurés par trente-huit formateurs qui sont tous spécialisés dans un domaine, et nous continuons à nous appuyer sur la pratique pour présenter les technologies en éclairage, détaille Philippe Perrin. Ce qui a changé, poursuit-il, le matériel est désormais issu de l’ensemble des fabricants adhérents du Syndicat de l’éclairage. Nous avons créé une activité coaching qui consiste à accompagner les commerciaux qui rencontrent des difficultés. Cette formation peut être individuelle ou en groupe. Nous avons monté des formations spécifiques à certains produits des fabricants, soit pour leurs équipes internes, soit pour leurs clients ou prescripteurs. Enfin, autre innovation, nous organisons des événements pour les distributeurs, les fabricants ou leurs clients, via des mises en lumière éphémères, conférences, etc. Nous souhaitons nous adresser à l’ensemble des acteurs de la filière : preuve en est l’invitation faite à leurs représentants de nous rejoindre dans le comité de pilotage pédagogique. »

L’IFEP, c’est : – 38 formateurs – 63 modules de formation répartis en 5 thèmes – 200 m3 de matériel – 4 certifications inscrites au CNCP et éligibles au CPF (compte personnel de formation) – Nouvelle adresse : 95 bis, rue de Bellevue 92100 Boulogne-Billancourt © IFEP

63 modules sont inscrits au catalogue et les formations couvrent quatre niveaux en éclairagisme : de l’initiation à la conduite d’un projet d’éclairage intérieur et extérieur, en passant par « apprendre à vendre la technique » et la conception d’un projet.

Formation « concepteur lumière »

© Lev Dolgachov

Voilà déjà quelques années que l’ACE réfléchit à la mise en place d’une formation diplômante de concepteur lumière. Certes, la profession est reconnue depuis longtemps, mais elle n’a pas réussi à s’imposer, disons comme celle des architectes, faute de diplôme reconnu par l’État.

Virginie Nicolas, présidente de l’ACE, reconnaît que « cela prend du temps de mettre en place une telle formation, mais notre commission, qui compte une dizaine de personnes, vient d’élaborer un programme proposé à plusieurs établissements d’enseignement supérieur ». Deux cursus, nécessitant trois années de prérequis (d’études en paysagisme, architecture, urbanisme, design, arts appliqués), ont été définis : un Master 2 ou un Master de professionnalisation. En parallèle, les concepteurs lumière ont élaboré une « fiche métier » qu’ils ont soumise à l’Onisep. « Nous souhaitons que cette formation reste accessible au plus grand nombre, et donc gratuite. Chaque université fixera ses frais de dossier. Chaque enseignement est détaillé afin que les doyens d’université à qui nous avons proposé le programme bénéficient d’un maximum d’informations sur le contenu de la formation. Les cours seront dispensés par des concepteurs lumière de l’ACE. Nous espérons intéresser plusieurs établissements et pouvoir discuter des modalités de mise en place dans les prochains mois. »

Afin de séduire également les candidats à une telle formation, l’ACE a procédé à une étude qui a permis d’estimer le nombre d’embauches possibles annuelles au sein de ses adhérents. Ainsi, 12 étudiants d’une promotion pourraient sortir diplômés de l’université chaque année et trouver un emploi dans les agences de conception lumière.

 

L’IFEP organise des formations au cours desquelles
les stagiaires peuvent mettre en pratique
les connaissances acquises lors des sessions.
Ci-dessous, les participants mettent en œuvre le projet
d’éclairage de la façade du bâtiment qu’ils ont élaboré
à l’issue du stage.

© IFEP
© IFEP
© IFEP
© IFEP
Isabelle ARNAUD: Rédactrice en chef de la revue Lumières
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