Le stockage de l’électricité est l’élément fondamental qui permettra la généralisation des énergies renouvelables. Et le stockage par batterie est l’une des réponses qui permettront le succès de la transition écologique. En permettant la mise en œuvre d’un mix énergétique moins carboné et grâce à leurs applications multiples, les batteries sont très certainement en train de modifier notre monde. En France, EasyLi, jeune entreprise innovante, pousse ses pions pour affranchir notre quotidien des ressources fossiles, rendre nos déplacements et le fonctionnement de nos habitats encore plus verts, et donc plus vertueux pour notre environnement.
L’aventure EasyLi démarre en 2011, lorsque trois managers décident de mettre en commun à la fois leurs moyens financiers et leurs expériences respectives, acquises dans des groupes leaders du secteur des batteries de haute technologie. La vocation de leur entreprise sera « de répondre à des besoins non satisfaits en matière de solutions innovantes de stockage d’énergie clés en main, à destination des acteurs de la transition énergétique en France et dans le monde », explique François Barsacq, le PDG. Dès sa création, EasyLi, qui vise deux marchés, « l’électromobilité et le stockage d’énergies renouvelables de petite puissance pour les particuliers », fait le pari du « made in France » en s’installant à Châtellerault. Aux confins du Poitou et de la Touraine, en Nouvelle-Aquitaine, EasyLi conçoit et assemble les batteries sur un site industriel d’une capacité de 10 000 unités par an, afin de répondre « à des besoins spécifiques, parfois sur mesure ».
L’entreprise, afin d’anticiper ses besoins futurs en termes de compétences et de savoir-faire, « a répondu à la demande de l’Agence nationale pour la formation professionnelle (AFPA) de Châtellerault, de transmettre ses connaissances dans le domaine des batteries », en s’investissant « dans la mise en place d’une nouvelle formation dédiée au domaine des solutions de stockage, en participant à la formation des enseignants de l’AFPA à la définition du référentiel des compétences requises et de la minichaîne de fabrication prévue sur le site du centre ». La première promotion devrait rejoindre les troupes d’EasyLi d’ici le début de l’été afin de parfaire ses savoir-faire en grandeur nature. Un positionnement qui lui permet de s’ancrer durablement sur son territoire, de participer au maintien du tissu industriel et d’y pérenniser des emplois qualifiés.
EasyLi, qui en 2014 a fait entrer IFP Énergies nouvelles* dans son capital, est devenu en moins de 10 ans une PME technologique spécialiste reconnue notamment de la mobilité électrique. À ce jour, la jeune pousse est encore le seul fabricant français de batteries à destination des vélos à assistance électrique (VAE). Les perspectives du marché du VAE sont réjouissantes, le vélo étant perçu aussi comme un moyen de mobilité au même titre que la voiture ou le scooter. Les chiffres en témoignent : en 2016, il s’est écoulé 134 000 VAE, soit 33 % de plus qu’en 2015 ; dix ans plus tôt, il ne s’en vendait que 10 000**. EasyLi, « qui est aussi présent sur la fourniture de batteries pour les scooters », se développe également sur le créneau des flottes en auto-partage de type Vélib’ et les flottes d’entreprise.
Son autre cheval de bataille est le bâtiment intelligent. S’appuyant « sur les compétences de nos équipes en matière de R&D, nous avons développé Storelio, une solution de stockage pour les installations résidentielles pour optimiser l’autoconsommation d’énergie solaire ». Le système « se connecte entre les panneaux photovoltaïques et le tableau électrique de la maison ». L’énergie solaire générée par les panneaux est consommée en priorité, « le surplus est stocké dans les batteries lithium de Storelio, pour une utilisation différée ». Une solution qui rend l’habitation autonome à 80 % vis-à-vis des réseaux d’approvisionnement traditionnels et « favorise la convergence du Smart Home et de la mobilité électrique personnelle, puisque l’énergie stockée est disponible aussi pour recharger un véhicule électrique ».
La transition énergétique, qui génère une hausse de l’utilisation des énergies renouvelables, augmente par ricochet les besoins de stockage des surplus. Cette production d’énergie propre peut laisser penser que l’usage des ressources fossiles n’est finalement plus d’actualité. Ce n’est pas le cas, « les batteries reposent sur des technologies issues de la filière lithium-ion qui est une grande consommatrice de matières premières ». Outre le fait que ces ressources minières ne permettront pas de répondre à la demande indéfiniment, l’exploitation a quant à elle un véritable impact négatif sur l’environnement. Il n’y a pas de solution idéale qui s’imposerait quelque part dans le monde, mais il y a des démarches qui permettent de diminuer les atteintes à la nature. Les dirigeants d’EasyLi sont conscients de leurs responsabilités dans ce processus, « les produits qui sont fabriqués dans nos ateliers […] font l’objet de traçabilité unitaire par code-barres permettant ainsi d’assurer un suivi après-vente sans faille tout au long de leur cycle de vie, jusqu’au recyclage ultime ». Une phase fondamentale, car « recycler réduit l’extraction de matières premières et les nuisances sur l’environnement de l’exploitation minière, et évite la dispersion dans la nature de matières chimiques ». Une démarche créatrice de valeur, « produire des métaux recyclés requiert moins d’énergie que la production de matière première, ce qui donne du sens à notre démarche RSE ». D’autant qu’en l’absence de véritable substitut, et malgré des recherches en cours, la filière lithium-ion pour les batteries « devrait demeurer au cœur de la question des transitions énergétiques et numériques pendant quelques années encore ».
À court terme, EasyLi compte bien continuer à créer de l’emploi : « En triplant nos effectifs, nous serons environ une centaine dans l’entreprise d’ici trois ans. Avec beaucoup de R&D, en nous appuyant sur nos compétences en électrochimie, connectivité et logiciel, nous avons l’objectif de devenir l’un des leaders du stockage et de la gestion de l’énergie », avec en ligne de mire un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros d’ici 2022.
Olivier Durand