Pierre Amouyal – TE Connectivity est un très grand groupe, leader mondial de la connectique industrielle, avec un chiffre d’affaires de 12 milliards d’euros. Il est présent dans la plupart des pays, avec 80 000 employés dans le monde. Entrelec a passé près de 20 ans au sein d’ABB, période durant laquelle l’activité de connectique sur rail DIN s’est bien développée. Il y a deux ans, l’entreprise a décidé de faire évoluer sa stratégie produit et de s’en séparer. Le rachat par TE Connectivity s’est conclu en août dernier, avec le transfert d’une structure « stand-alone », constituée des équipes dédiées et des moyens de production. La volonté de TE Connectivity était d’intégrer rapidement Entrelec au sein de sa division Industrie, ce qui est déjà presque achevé six mois après le rachat. Les derniers liens structurels et informatiques avec ABB seront coupés le 30 juin prochain, conformément à l’échéance fixée au moment de la transaction.
Quel était l’objectif de TE Connectivity en rachetant Entrelec ?
P. A. – TE Connectivity a été très clair dès le départ sur ses intentions. L’entreprise est surtout présente sur le marché de la connectique industrielle via deux canaux importants, les ventes directes à de très grands comptes et au travers des réseaux de distribution spécialisés. Le rachat d’Entrelec permet à TE de s’ouvrir les portes d’un troisième canal de vente, la distribution électrique, pour accéder à un marché de culture plus « électrotechnique », notamment celui des tableautiers industriels dans lequel il est peu présent. Le groupe bénéficiera ainsi des relations historiques d’Entrelec avec la distribution, ce qui permettra de créer des synergies avec ses autres entités. L’autre raison de ce rachat était l’absence de solutions de connectique sur rail DIN au catalogue de TE Connectivity. Cela permettra également de créer un effet de gamme pour les clients historiques. Enfin, TE Connectivity a décidé de conserver la marque Entrelec, qui bénéficie d’une forte notoriété chez les tableautiers.
L’usine de Chassieu, pôle d’excellence d’ABB Entrelec, conservera-t-elle cette fonction au sein du groupe TE Connectivity ?
P. A. – Tout à fait. ABB nous lègue un outil de production performant et nous pouvons remercier le groupe pour sa grande compétence industrielle. L’usine de Chassieu est dédiée aux grands volumes, avec des chaînes de montage automatisées pour les blocs de jonction ainsi que des lignes de moulage plastique pour la fabrication des parties isolantes. En termes de coûts, de qualité et de productivité, l’usine est très performante. Cela permet de compenser la main-d’œuvre bon marché disponible dans d’autres pays et de préserver ainsi notre compétitivité sur les marchés mondiaux. En 2019, TE Connectivity a investi dans deux lignes supplémentaires de production automatisées, permettant de gagner encore en efficacité. Le site de Chassieu accueille depuis toujours le centre de recherche et développement d’Entrelec, ainsi que le marketing produit. Il s’agit donc d’un pôle de compétences homogène, cohérent et performant que TE Connectivity souhaite conserver et améliorer. Pour illustrer cette excellence collective, l’usine vient d’être requalifiée ISO 9001 sous la nouvelle entité de rachat, six mois après l’intégration.
Quelles sont les perspectives de développement d’Entrelec au sein de TE ?
P. A. – L’intégration dans le groupe TE nous ouvre de nouvelles perspectives d’innovation produit très intéressantes, d’une part grâce aux moyens que le groupe investit sur la R&D – nos investissements vont doubler d’ici deux ans pour atteindre les ratios du groupe –, d’autre part grâce à l’accès privilégié aux projets des grands fabricants d’équipements électriques, clients historiques de TE, qui nous sollicitent de plus en plus pour des développements de connectique spécifiques, ce qui a l’avantage de stimuler énormément nos équipes R&D.
Propos recueillis par Alexandre Arène