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Formations : anticiper l’essor de l’autoconsommation

Pénestin, exemple d’autoconsommation collective en Bretagne

Anticiper l’essor de l’autoconsommation
En Allemagne, près de 1,5 million d’installations sont en service, contre moins de 50 000 en France (source : Comwatt, Grégory Lamotte). Les perspectives de développement sont donc très importantes car la France porte par ailleurs des objectifs très ambitieux. « Et l’autoconsommation est un véritable atout pour les structures du tertiaire ou les bâtiments agricoles, dont les principales activités, et donc consommations électriques, s’effectuent en journée. En France, les surfaces disponibles qui sont particulièrement intéressantes sont les supermarchés, les hangars agricoles ou les entrepôts. Pour les particuliers, l’autoconsommation reste assez marginale car la réglementation tarifaire ne favorise pas encore assez bien ce type de raccordement », expose Antoine Dizier, ingénieur solaire photovoltaïque au sein de la plateforme Formation & Évaluation de l’INES (Institut national de l’énergie solaire).

« Avec les prix croissants des énergies et des augmentations futures de près de 6 % par an, le marché repart et l’autoconsommation s’impose de fait », ajoute Henri Perez, directeur de l’organisme de formation Formapelec. Et ce, dans un contexte, comme l’affirme l’Ademe, où les coûts d’installation, notamment des centrales au sol, vont encore diminuer dans les années à venir, de plus de 30 % sur les cinq prochaines années.

La filière, pourtant, découvre encore ce marché et son potentiel, et les besoins de formation sont importants pour accompagner la croissance et le positionnement des entreprises. Des besoins qui d’ailleurs peuvent être différents, entre une PME qui a besoin de former à la fois son bureau d’études et ses techniciens de terrain, et des micro-entreprises, pour lesquelles l’essentiel est avant tout la pose de l’ensemble, illustre Henri Perez, de Formapelec.

« Nous avons développé à l’INES un outil baptisé AutoCalSol, pour pré-dimensionner les installations solaires PV en autoconsommation. L’outil permet de simuler des études détaillées pour s’assurer de l’intérêt économique de l’autoconsommation, évaluer le taux d’autoconsommation et d’autoproduction, notamment, ajoute Antoine Dizier de l’INES. Au-delà de son usage dans le déroulé pédagogique, le but de cet outil est également de fournir des données fiables à l’ensemble de la filière afin de lutter contre le fléau de l’éco-délinquance qui sévit encore dans notre secteur. »

Développé par les experts de l’INES, en lien avec les acteurs clés de la filière solaire, un des parcours de formation « Autoconsommation photovoltaïque : individuelle, collective et mobilité électrique » aborde également, sur trois jours, l’état des lieux du marché de l’énergie et du contexte réglementaire, l’autoconsommation et son optimisation (par la production, le stockage, le pilotage des charges), l’analyse économique des projets et les produits types du marché, mais également l’autoconsommation collective avec les premiers retours d’expérience et l’usage de l’autoconsommation pour la mobilité électrique.

Simulation d’un projet d’autoconsommation (c) INES

L’autoconsommation collective, opérationnelle aujourd’hui, et avec un fort potentiel pour les territoires
Aujourd’hui, Enedis soutient cinq projets d’autoconsommation collective au niveau national. Autant dire que le marché n’en est qu’à ses débuts. Le Syndicat national des dirigeants généraux de collectivités territoriales (SNDGCT), dans le cadre de leur dispositif de réflexion « Partenariat des Savoirs », a ainsi soutenu l’initiative Partagélec, qui est l’association loi 1901 qui porte le projet d’autoconsommation collective sur la petite commune rurale de bord de mer de Pénestin.

Le projet concerne un centre technique municipale pour 234 m2 de toiture, et a permis de produire dès le premier mois près de 5 200 kWh. Les premiers clients de cette électricité opérationnelle depuis mars 2018 sont les voisins, principalement des artisans de la zone d’activités. « À ce jour, 75 % de la production électrique a été autoconsommée et l’objectif à court terme est bien d’autoconsommer la totalité », rappelle Jo Brohan, président de Morbihan Énergies, le syndicat maître d’ouvrage du projet.

Qualification rime avec formation
« Qualifelec vérifie que les professionnels sont bien formés mais ne s’immisce pas dans leur choix de formation, et c’est fondamental. Bien sûr, pour le photovoltaïque, la mention RGE est obligatoire mais la formation RGE ne permet pas d’apprendre à concevoir et installer une solution d’autoconsommation », introduit Thierry Grosdidier, responsable du service technique de Qualifelec.

« Nous avons donc conclu des accords avec des organismes de formation, explique-t-il, notamment Formapelec et l’INES et les formations aux métiers préconisées, sont en annexe du référentiel de qualification Qualifelec. Nous considérons en effet que les quatre indices de la qualifications SPV (les trois indices de puissance : indice SPV1, pour les installations ≤ 36 kVA ; indice SPV2 pour les installations > 36 kVA et ≤ 250 kVA ; indice SPV3, pour les installations > 250 kVA ; et l’indice Maintenance) des installations solaires photovoltaïques nécessitent des compétences particulières pour garantir sécurité et qualité, et notamment dans l’accompagnement à l’ouverture sur l’autoconsommation. »

« Les contenus de formation que nous proposons sont construits avec les professionnels, avec l’association Qualifelec et la Commission Énergie de la FFIE. Un de nos modules touche pleinement l’autoconsommation. Nous abordons notamment la conception et le dimensionnement des installations photovoltaïques inférieures à 250 kWc : technologie du matériel, schémas des installations, dimensionnement, analyse financière, suivi du chantier/livraison, utilisation de logiciels spécialisés », illustre Henri Perez, de Formapelec.

Deux autres modules concernent les installations PV raccordées au réseau HT et la gestion des appels d’offres de la CRE. « Tous nos modules évoluent en fonction des nouveautés technologiques et s’adaptent à des contextes particuliers d’entreprise, sous forme de formation sur mesure, par exemple en fonction des matériels, des compétences à acquérir », poursuit l’expert de Formapelec.

Un effort de formation qui peut être financée
« Pour exemple, en région Rhône-Alpes, les formations sont référencées dans le volet “transition énergétique” et les organismes qui gèrent la formation professionnelle peuvent prendre en charge sous conditions une partie du coût des formations », indique Henri Perez.

Une aide financière qui devrait aussi permettre d’accompagner de façon significative l’effort de montée en compétences de la filière, face à l’essor inéluctable de la logique d’autoconsommation.


« Pour atteindre l’objectif de 4 millions d’installations en 2030, l’effort de formation de la filière est conséquent, notamment pour le résidentiel » Grégory Lamotte, fondateur de Comwatt

Les systèmes de nos clients reposent sur notre Box Energie, qui optimise le taux d’autoconsommation par un pilotage intelligent des équipements énergivores des particuliers, par exemple le cumulus électrique, dont la consommation est calée sur la production photovoltaïque. Une facture ainsi optimisée peut au final baisser de 20 à 70 %. Nous proposons à nos clients, artisans électriciens et PME, depuis 2018, une démarche de certification qui inclut l’accès à une hotline de formation et d’expertise ponctuelle sur le kit matériel fourni. Au travers de cette démarche, l’installateur s’engage sur son niveau de qualité et de prix. Enfin, une documentation technique est accessible en ligne et, avec un système d’intelligence artificielle, il est possible de poser des questions et y trouver une réponse immédiate et pertinente.

Suivi de l’autoconsommation sur smartphone. (c) Comwatt

La qualité de la pose et le ressenti de confiance est essentielle et nous vérifions les projets avec notamment une liste de points de contrôle que l’artisan doit dérouler, mais aussi avec le suivi à distance des raccordements et branchements.

En 2019, notre objectif est de former 50 professionnels par mois, en mixant présentiel, vidéo et tutoriel. Par ailleurs, nous poursuivons notre effort de soutien et participons à des formations initiales dans les écoles car les formations nous apparaissent encore trop éloignées des attentes du marché.

Jean-François Moreau

Filière 3e: