Incandescente, rougeoyante, tremblante, Notre-Dame de Paris est restée vaillante et debout malgré l’assaut des flammes… 850 ans forgent une certaine résistance. Maintes fois restaurée au fil des siècles, ce n’est qu’au cours de ces trois dernières décennies qu’elle s’est parée de ces plus belles lumières.
En 1989, la Caisse Nationale des Monuments Historiques et des Sites et la Ville de Paris décident de renouveler la mise en lumière de la cathédrale Notre-Dame, qui datait de 1954. Après deux années d’étude et d’essais sur site, le projet d’illumination est arrêté en 1992 pour permettre le ravalement des façades.
En 1999, les façades nettoyées laissent apparaître d’une manière plus criante les défauts de l’ancien éclairage, déréglé et de technique âgée. La Ville de Paris relance alors le projet et demande aux concepteurs lumière, Roger Narboni (Concepto), Louis Clair (Light Cible), et Italo Rota, architecte, lauréats du concours de 1989, une refonte complète du projet initial.
Le concept réactualisé intègre la couleur retrouvée de la pierre, sa douceur et sa luminosité. La nouvelle illumination est réalisée avec une seule tonalité de lumière blanc chaud et se décline en un éclairage de fond des façades et un éclairage d’accentuation fait de rehauts et d’enluminures, qui vient souligner les portails, les détails architecturaux et les rambardes en pierre.
Ensuite, il fallut attendre 2012 pour voir l’éclairage intérieur renouvelé à son tour. L’éclairagiste Armand Zadikian propose alors d’utiliser des sources LED dans des projecteurs compacts, légers et pouvant facilement être positionnés dans des endroits accessibles pour leur entretien. Benoit Ferré (Compagnie Européenne d’Architecture, EUROGIP), architecte du clergé affectataire, lance l’opération qui démarre sous le regard attentif de la DRAC Île de France en charge de l’édifice, de Benjamin Mouton, architecte en chef des monuments historiques, et des équipes de la cathédrale.
La priorité fut donnée à l’édifice, avec ses rythmes et sa verticalité, avant l’aspect scénique ponctuel. La plupart des projecteurs sont disposés dans la partie supérieure de la cathédrale, au niveau du triforium et orientés vers l’autel, l’ambon, le siège, la nef, les transepts, les stalles, la piéta, l’orgue et la colonnade du triforium. Le chœur, la nef, le transept et l’abside sont éclairés par des projecteurs type scéniques, disposés par 2 ou 4, sur des rails avec des points de fixation entre les joints des pierres des colonnades, afin de ne pas détériorer celles-ci.
Cet éclairage est complété par des réglettes posées sur la margelle du triforium, de part et d’autre des colonnes. Positionnés légèrement en retrait et orientés vers les voûtes, des projecteurs RGB, adaptés par Armand Zadikian, accentuent la profondeur du triforium. La lumière semble émaner de la pierre elle-même, les luminaires faisant voir sans s être vus ; elle crée une atmosphère de recueillement tout en soulignant l’architecture et accompagnant le visiteur. Les salles du Trésor, le bureau de la sacristie et les couloirs dans la partie administrative ont également été éclairés en LED.
Les deux rosaces Nord et Sud, construites au XIIIe siècle, constituent des prouesses techniques et artistiques. Posés au-dessus de chacune des portes Nord et Sud, deux projecteurs d’une puissance de 250 W, et complètement invisibles des visiteurs, dirigent leurs faisceaux sur la rose du côté opposé, donnant l’impression que c’est le vitrail lui-même qui rayonne.
Les éléments architecturaux, comme ceux qui coiffent les tambours des portes Nord et Sud sont soulignés par des luminaires linéaires de 12 W, tandis que des projecteurs de 24 W mettent en valeur les clefs de voûte.
Fin 2015, Armand Zadikian met en lumière la clôture séparant le déambulatoire de l’intérieur du chœur, révélant les deux fresques de 20 m de long chacune, réalisées de 1300 à 1350, par les artistes Pierre de Chelles, Jean Ravy et Jean Le Bouteiller.
Puis, début 2017, c’est au tour des chapelles latérales de l’édifice de connaître le pinceau de lumière de l’éclairagiste, sous la houlette de Monseigneur Patrick Chauvet, recteur archiprêtre de Notre-Dame-de-Paris depuis 2016. La plupart des treize chapelles du pourtour du chœur renferment des mausolées ou des tombeaux réalisés par les sculpteurs des XVIIe et XIXe siècles.
Les quatorze chapelles latérales sont ornées, quant à elles, de 76 Mays. Il s’agit de tableaux offerts à la cathédrale par la Confrérie des Orfèvres, presque chaque année en date du premier mai (d’où leur nom), en hommage à la Vierge Marie, et ce, de 1630 à 1707.