Dans un parcours professionnel cohérent, vous vous êtes engagée au sein de l’AFE, jusqu’à la diriger aujourd’hui. Vous ne niez pas cette addiction aux débats mettant en scène tout au long de ces années les plus grandes figures de l’éclairage en France : bataille d’Hernani ou tempête dans un bénitier ? Pour avoir été présent sur certains de ces champs de bataille, je vous reconnais bien volontiers une résilience peu commune, gage de votre sagesse acquise aujourd’hui et d’une fructueuse collaboration.
À un moment où certains tendent la sébile pour financer la rénovation des monuments historiques, d’autres, comme vous, sont dans l’action sur le terrain en mettant en valeur le patrimoine industriel d’EDF. Évoquons aussi votre activisme au sein de l’association internationale Womenability. Investie à parcourir les villes du monde pour analyser l’espace urbain par rapport au genre avec une même grille.
En deux mots, une « vraie plume » au service de notre métier. L’histoire de l’éclairage est un roman de familles tourmentées auquel vous avez participé de l’intérieur, au Centre d’information de l’éclairage d’abord, puis au Centre de formation de l’AFE et ensuite au sein de la revue Lux. Reste une fraîcheur dans votre approche des questions de notre métier qui vous permet de collaborer avec les fleurons de la presse professionnelle, sans oublier le Syndicat de l’éclairage comme cheville ouvrière de la collection « les Clés pour agir » de l’ADEME. Vous avez récemment relevé le défi en ressuscitant, en tant que rédactrice en chef, la revue Lumières qui, numéro après numéro, affine sa différence.
Est plasticienne celle qui recherche l’expression de la beauté par la reproduction ou la création de formes. De retour au bercail à l’agence Concepto, qui vous a formée à la mise en lumière, vous la dirigez aujourd’hui après son créateur Roger Narboni. Vous avez su aussi fédérer, en tant que présidente de l’ACE, vos alter ego dans la publication de ce manifeste de concepteurs lumière, bien en prise avec notre temps. Pour autant, le futur vous passionne, notamment la recherche médicale avec l’attente d’un homme « augmenté » qui disposerait de sa propre lumière intégrée.
Dans la catégorie défenseur infatigable de la filière éclairage dans les instances normatives et professionnelles, ne se limitant pas au champ de compétences de l’éclairage de sécurité, vous êtes investie dans la gouvernance d’organisations professionnelles nationales et internationales, comme IGNES ou Lighting Europe. Cette normalisation, crainte pour sa langue barbare aux acronymes multiples et par un processus abscons pour la plupart d’entre nous, ne peut s’apprécier qu’en buvant le calice jusqu’au bout. Vous êtes une de ces prêtresses qui a su vulgariser et mettre son savoir au service des ignorants que nous sommes.
Ingénieur éclairagiste, n’est-ce pas une vraie reconnaissance de la spécificité de notre métier par le monde universitaire et professionnel ? Vous avez toujours su communiquer votre passion du bel ouvrage, en rendant intelligibles les notions les plus ardues. Ce goût de la pédagogie vous vaut d’être sollicitée, comme récemment, au titre de présidente de la commission éclairage extérieur du Syndicat de l’éclairage. Aujourd’hui chez Targetti, j’espère que votre soif de partager vous laissera encore un peu de loisirs pour nous fréquenter.
Polyglotte, douée d’un bon sens digne d’une fille de la terre, le Péloponnèse, avec un pouvoir de conviction inégalé, vous êtes une des influenceuses qui comptent depuis un certain temps à Bruxelles. Aujourd’hui porteuse de notre cause dans la définition du futur de notre métier en Europe, vous invitez à l’action en pointant l’insuffisance d’une posture qui se limiterait à la sphère du virtuel des réseaux sociaux.
À la tête de Technilum, fabricant de mobilier d’éclairage urbain, vous semblez aimer observer et jongler au cours d’échanges intellectuels en matière d’enjeux urbains avec tous ceux qui peuvent vous inspirer. Cette marque de fabrique vous a ouvert les portes des plus beaux espaces du monde, comme l’Arche de La Défense ou le Metropolitan Museum à New York. Engagée dans la French Fab, reconnue par cet autredes Entreprises du patrimoine vivant, vous incarnez une icône de la French Touch.
Vous êtes très impliquée au sein de l’association Elles Bougent, dont le but est de promouvoir la féminisation des métiers d’ingénieur. C’est probablement pour transmettre votre expérience après votre double diplôme Polytechnique Madrid et Centrale Paris. Cette biculture sonne à nos oreilles comme une invitation à ne pas nous refermer sur nos stéréotypes que certains ont pu qualifier de gaulois. C’est aussi ce plus qui vous a permis de franchir ces plafonds de verre invisibles à ceux dont le genre a donné une assurance originelle bien tranquille.