Que ce soit dans le cadre de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui exprime les orientations et priorités d’action des pouvoirs publics pour la gestion de l’ensemble des formes d’énergie sur le territoire, ou dans le cadre de la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), feuille de route qui vise à la neutralité carbone en 2050, les objectifs de décarbonation reposent essentiellement sur la réduction des consommations d’énergie, et sur la chaleur renouvelable. Or, notre pays accumule les retards, que ce soit en termes d’économies d’énergie comme d’émissions de carbone.
Les orientations présentées dans la PPE en novembre dernier proposent des avancées, mais les discours restent trop centrés sur l’électricité qui ne représente que 25 % de la consommation énergétique finale. Il nous semble que l’aspect économique, qui est déterminant pour la décision de lancer des projets d’économies d’énergie ou d’énergie renouvelable, et qui provoque aujourd’hui des réactions de rejet, est insuffisamment pris en compte. Nos concitoyens sont convaincus de l’urgence climatique et de la nécessité de la transition énergétique, mais peinent à en supporter le coût. Ils attendent donc, à juste titre, une meilleure efficience économique des décisions prises et de comprendre l’utilisation des fonds qui y sont alloués et qui grèvent aujourd’hui leur pouvoir d’achat.
De telles solutions économiquement efficientes existent, efficaces et avérées par de nombreux retours d’expérience, notamment portées par les adhérents de laFEDENE. J’en citerai deux principales, bien que les solutions doivent généralement être conçues au cas par cas et par segment de marché.
En premier lieu, pour les économies d’énergie, ces solutions portent sur la rénovation énergétique « technique » des bâtiments, autour de la modernisation des équipements : chaufferies haute performance, équilibrage de l’installation, mise en place d’organes de régulation et de contrôle, isolation des réseaux de chauffage, amélioration de l’exploitation et sensibilisation des habitants. Ces solutions qui permettent des économies immédiates de l’ordre de 20 à 25 % sont financées en très grande partie par les économies qu’elles génèrent. En complément, les contrats de performance énergétique (CPE) apportent des garanties réelles sur les économies attendues et sont donc un élément majeur de la prise de décision.
Ensuite, les projets de chaleur renouvelable et de récupération, parents pauvres de toutes les politiques récentes, permettent, avec un niveau d’aide optimal, de développer des projets locaux, substituant à des importations d’énergies fossiles des ressources locales (bois, géothermie…) sur la base d’investissements et d’emplois locaux. Le développement des réseaux de chaleur constitue le vecteur le plus efficace pour développer massivement cette chaleur renouvelable dans les centres urbains.
L’équilibre économique indispensable à l’émergence des projets est toutefois fragile et doit être soutenu par des mécanismes de marché, fortement déstabilisés depuis la chute du prix des énergies fossiles en 2014, non encore compensée et complétée par des aides indispensables pour assurer l’attractivité des projets pour les clients et leur compétitivité. Ces aides, CEE, Fonds chaleur…, doivent sans doute être simplifiées, mais surtout être allouées en cohérence avec les objectifs affichés. Des sommes considérables ont été engagées dans le passé avec une efficacité relative en termes d’émissions de carbone, et grèvent sans doute notre capacité à agir actuelle. Ceci renforce l’exigence d’efficience et, sans doute, amène à réévaluer la nécessité d’une taxation carbone.
La validation de la PPE doit être une occasion de sortir du débat à nouveau très émotionnel autour de notre politique énergétique et permettre de refonder celle-ci sur une approche plus rationnelle, factuelle, efficiente et partagée, en évitant de lui donner un caractère trop « politique ». Nos entreprises peuvent, par leur expérience et leurs métiers, y contribuer activement.