« Dans le cadre du Gimélec et en collaboration avec « l’alliance pour l’industrie du futur », nous avons mis en place une structure d’engineering financier pour accompagner les PME/ETI sur le montage des dossiers financiers », explique Vincent Jauneau.
Quand on pense Industrie 4.0, on pense aux grands groupes industriels. Que peut-on faire pour encourager les PME/ETI du secteur électrique à devenir acteurs et utilisateurs de cette révolution ?
V. J. – Effectivement, les grands groupes ont déjà bien avancé dans la stratégie et la mise en place des technologies du 4.0 ; concernant les PME, à ce jour, une minorité a fait le pas.
Les principaux freins sont : l’accès aux financements ; la disponibilité des équipes pour évaluer les solutions du marché et le temps pour mettre en place un projet d’entreprise et se former ; la confiance sur la maturité des offres 4.0 disponibles sur le marché. Dans le cadre du Gimélec et en collaboration avec « l’alliance pour l’industrie du futur », nous avons mis en place une structure d’engineering financier pour accompagner les PME/ETI sur le montage des dossiers financiers. C’est le « Pass Industrie du Futur ».
Concernant la disponibilité des équipes et du chef de projet, il est important que la direction de l’entreprise s’implique fortement, et pour cela il faut pouvoir s’assurer de la confiance dans les offres 4.0, de l’adéquation aux besoins de l’entreprise et du respect des investissements déjà réalisés tant en matériel qu’en logiciel CAO…
Le Gimélec est à l’initiative de la création d’un salon dédié aux technologies 4.0 : Smart Industrie. Nous apportons également notre soutien à l’ensemble des initiatives régionales faisant la promotion des technologies 4.0.
Quels sont les freins à cette évolution qui paraît pourtant stratégique et comment les lever ?
V. J. – L’investissement ne doit pas être le frein principal. La mise en place des technologies 4.0 dans l’entreprise se fait dans le respect des investissements déjà réalisés et cela peut se faire progressivement. Le 4.0 et la vitesse de mise en œuvre peuvent permettre à l’industrie française de rattraper une partie de son retard et de gagner des parts de marché à l’export. Pour cela, au niveau du Gimélec, nous préconisons une approche en parallèle sur les 30 000 PME/ETI industrielles :
1. Par l’exploitation intelligente de la donnée, permettre aux 25 000 sites de production d’améliorer le taux de disponibilité de la ligne de production, systématiser la maintenance prédictive, l’efficacité énergétique et, de ce fait, tirer le meilleur parti des machines en place. Dans le cadre de l’exploitation intelligente des données, une démarche progressive est possible, cela permet de gérer les investissements, mais aussi de monter en compétence sur les trois niveaux suivants : EMI Enterprise Manufacturing Intelligence, IoI Industrial Operational Intelligence, CPS Cyber Physical System.
2. Par la montée en digitalisation des 4 000 OEM français grâce, dans un premier temps, aux technologies de jumeaux numériques, puis vers une évolution vers le 4.0 total. Le jumeau numérique permet de faire le lien entre le virtuel et le réel, le passage de l’un à l’autre permettant de tester en virtuel la machine, de générer la programmation de l’automatisme et la codification des matériels connectés sur le réseau industriel.
Ce challenge est majeur pour l’industrie française, car la majorité des industriels français produisent, investissent dans des machines, des robots et de la fabrication additive. La mise en place de la gestion intelligente des données permet dans un premier temps d’optimiser la production, mais il faudra pour l’industriel investir dans un outil de production 4.0 donc dans de nouvelles machines/robots.
Après de nombreuses manifestations en 2018, quelles actions pour le développement de l’Industrie du Futur en 2019 et que va apporter Siemens dans ce développement par sa collaboration avec ATOS ou des startups ?
V. J. – Avec le Digital Industry Summit, nous avons voulu confirmer à nos clients que les technologies étaient à disposition, que de nombreux clients avaient déjà déployé des solutions 4.0 et que le retour d’expérience était fantastique tant au niveau technique que financier. C’est pour cela que nous avons fait témoigner plus d’une centaine de clients à cette journée 4.0.
Nous souhaitions également confirmer à nos clients que nous sommes prêts, mais que nous avons également un écosystème de partenaires qui sont des experts dans la digitalisation et qui peuvent aider nos clients à déployer leurs projets. Parallèlement, nous avons mis en place tout un parcours de formations sur les technologies 4.0.
Jean-Paul Beaudet