Schneider Electric s’est positionné comme un acteur mondial avec l’événement Innovation Summit. Quel bilan tirez-vous de ces deux jours de rencontres ?
L’événement a été une franche réussite, avec plus de 5 000 visiteurs, dont 1 500 venus du monde entier. L’Innovation Summit nous offre l’opportunité d’échanges riches avec nos clients et partenaires, et nous en avons profité pour présenter de nouvelles offres sur nos différents marchés.
Le bâtiment connecté va devenir un impératif avec le Bepos en 2020. EcoStruxure de Schneider Electric se veut l’architecture et la plateforme de système ouverte, interopérable et compatible IoT (Internet des objets). Décrivez-nous ce programme.
EcoStruxureTM est une approche et une architecture technologique. Prenons un peu de recul… EcoStruxure est la réponse de Schneider Electric à deux choses, principalement. La première, c’est notre mode de vie. Le PIB d’un pays est corrélé à sa consommation d’énergie, or on a besoin de plus d’énergie, mais besoin aussi de produire moins de CO2 et de déchets. On s’oriente donc vers une « économie décarbonée ». Pour cela, on a besoin de changer nos servitudes. Et de contrôler notre production et notre consommation d’énergie, pour les optimiser. Et, vous l’avez dit vous-même, cela se reflète de façon très pragmatique dans les règles, les lois, les réglementations que les États mettent en vigueur. Le Bepos va arriver, mais il y en a beaucoup d’autres, comme les véhicules électriques où les États investissent massivement… et contraignent aussi à investir. C’est un premier constat.
Le deuxième constat, c’est l’Internet des objets, qui devient une réalité avec une croissance exponentielle d’objets capables d’interagir entre eux. Vous avez pu le voir lors de l’Innovation Summit, avec l’exemple de la chambre d’hôtel connectée : on utilisait Amazon Alexa [l’assistant vocal intelligent embarqué dans l’enceinte connectée Amazon Echo, ndlr] pour piloter une chambre d’hôtel. Le petit haut-parleur d’Amazon n’est pas une offre de Schneider Electric, mais c’est bien lui qui commande le système Schneider Electric – les lumières et bien d’autres systèmes. On peut également citer les smartphones. Il y a de plus en plus d’objets qui offrent des possibilités. EcoStruxure est une réponse à ces deux phénomènes. L’une est la nécessité de changement, et l’autre est une énorme opportunité qui s’offre à nous.
C’est donc le moyen de garder une continuité numérique dans le bâtiment ?
Dans le bâtiment ou autre, oui. EcoStruxure est une architecture, une philosophie de conception qui s’applique aux bâtiments, qu’ils soient tertiaires ou résidentiels, à l’industrie, aux datacenters, etc. Et une architecture signifie que l’on n’aura pas les mêmes offres si l’on est en train de réaliser une chaîne de production industrielle ou si l’on parle d’un bâtiment. Ce ne sont pas les mêmes briques, mais l’architecture reste la même. Certaines de ces briques sont d’ailleurs communes.
En somme, ce sont des jeux de briques, des plugins que l’on ajoute à une architecture globale, selon les besoins exprimés ?
Exactement. C’est cette réalité qui nous fait proposer cette technologie au marché et à nos partenaires. La réponse de Schneider Electric n’est pas purement technologique. Nous avons toujours construit avec notre filière, c’est peut-être ce qui nous différencie, nous, Schneider Electric, des autres entreprises. L’approche. C’est pour cela que nous avons structuré cette architecture en trois niveaux. Premièrement, des produits qui communiquent : des capteurs, des actionneurs… de source Schneider Electric ou pas. Nous n’avons pas vocation, par exemple, à faire un haut-parleur connecté comme celui de Google, d’Amazon ou autre. Mais nous avons vocation à vouloir une infrastructure suffisamment ouverte pour pouvoir les inclure.
La deuxième couche est celle de contrôle local, qui nous différencie de beaucoup d’autres. Nous sommes des industriels et nous faisons des systèmes dont nous garantissons la fiabilité et la durabilité. Sans cette couche au niveau local, pourriez-vous concevoir un bâtiment où l’on arrive avec son badge et où les portes ne s’ouvrent pas parce qu’il n’y a pas Internet ? C’est cela aussi qui nous différencie, cette couche locale est importante parce qu’elle est fiable et rapide (on peut faire du temps réel). Et une troisième et dernière couche exploite tout l’univers qui s’ouvre à nous grâce au Big Data.
Ce n’est donc plus seulement de la supervision, on peut aussi envisager du pilotage ?
Ou plus exactement de l’analyse – le pilotage étant le fruit d’une analyse. Cette troisième couche, que l’on appelle Advisor, est constituée d’outils qui vont permettre d’analyser d’énormes volumes d’informations produites par le bâtiment (ou autre). Ces outils vont proposer des bilans et des actions aux personnes, afin qu’elles puissent optimiser leur bâtiment. Voilà donc les trois couches.
Et cela amène un changement de business model. Nous réalisons des solutions pour nos clients, qui sont implémentées par notre filière Schneider Electric. C’est notre vocation. Nous sommes un constructeur qui apporte le plus de valeur possible à sa filière. Cela a toujours été notre mantra… ou notre ADN, si vous préférez. Il s’agit de solutions ouvertes, et donc flexibles, pour qu’elles puissent être adaptées par la filière. Cela ne date pas d’hier. Beaucoup de nos Advisors sont des technologies mises à la disposition de nos clients et de nos filières, afin qu’eux-mêmes les utilisent et puissent en bénéficier. Par exemple, Facility Advisor est une offre qui peut parfaitement être commercialisée par des membres de notre filière, de façon à ce qu’eux-mêmes puissent devenir les conseillers de leurs clients.
Que signifie pour vous l’efficacité opérationnelle des bâtiments ?
Un bâtiment est implanté dans un territoire et sert à beaucoup de personnes, l’efficacité opérationnelle dérive donc de plusieurs façons. La première concerne la consommation des ressources : le bâtiment doit tout simplement consommer moins de ressources. EcoStruxure permet de réduire l’empreinte énergétique (et les fluides) d’un bâtiment. Avec des outils de mesure, des outils de gestion et d’automatisation pour que les bâtiments soient plus économes, et des outils d’analyse qui permettent de faire de l’amélioration continue.
Il y a aussi tous les outils permettant au facility manager de diagnostiquer plus rapidement…
Oui, et il y a alors trois couches. D’abord la mesure (un docteur, sans thermomètre, ne va pas très loin…). La deuxième couche est le système automatique, parce qu’on sait bien que si l’on n’automatise pas certains processus, on perd de l’efficacité très rapidement : quand on ouvre une fenêtre, par exemple, le chauffage et la clim doivent s’arrêter ; de même, dans un hôtel, quand une chambre n’est pas louée, on ne chauffe pas du tout, et quand elle est louée mais pas occupée, on chauffe un peu, puis quand elle est occupée, on chauffe beaucoup plus. L’expertise peut, bien sûr, aller beaucoup plus loin… Et une troisième couche est l’analyse de tout cela pour voir, justement, comment aller plus loin. Concrètement, avec Advisor, on peut effectivement identifier 83 % des coûts de chauffage « évitables ».
Réduire la consommation des ressources est un premier point. Quels sont les autres aspects marquants de l’efficacité opérationnelle ?
Un autre point concerne l’exploitant du bâtiment, c’est-à-dire notre offre Workplace Advisor. C’est un outil qui va permettre, par exemple, à l’exploitant de connaître le taux de remplissage du bâtiment. Cette fois, on ne lui fait pas gagner des kilowatts-heure, mais des mètres carrés, qui sont très chers. De façon continue, on sait monitorer et benchmarker, et voir quelles parties du bâtiment sont sur- ou sous-utilisées, et donc comment mieux le gérer, tout simplement.
L’efficacité opérationnelle se décline aussi pour ceux qui font de la maintenance, avec un outil Advisor qui permet de réaliser de la maintenance très utile, des analyses des potentiels défauts du système, et de prioriser les interventions au niveau du bâtiment. Grâce à cet outil, on constate aujourd’hui qu’on est capable de réduire d’environ 30 % les incidents liés à la maintenance. Et de réduire de plus d’un tiers les plaintes déposées par les utilisateurs (sur l’éclairage, le chauffage, etc.).
Et l’humain, dans tout ça ?
C’est l’un des aspects les plus importants de l’efficacité opérationnelle : il concerne les occupants du bâtiment. Un bâtiment est efficace quand il m’aide à me sentir mieux, à mieux faire mon travail, à être plus efficace. Par exemple aujourd’hui, pour répondre à vos questions, grâce à mon smartphone, j’ai pu directement trouver une salle dans laquelle je n’étais jamais allé auparavant : j’y ai été conduit directement. On peut ainsi réserver une salle et trouver lesquelles sont disponibles sur son smartphone. On peut aussi connaître l’état du trafic routier et les horaires de passage des trains et des bus aux arrêts proches du bâtiment, le taux d’occupation du restaurant d’entreprise, etc.
Quelle est, selon vous, la prochaine évolution du bâtiment ?
Il faut déjà que toutes ces technologies « potentiellement possibles » soient déployées. Côté énergie, on est sur le bon chemin. Il faut que le contrôle actif du bâtiment soit une réalité sur le terrain. Schneider Electric a une « mission sociale », pour faire des bâtiments ayant une faible empreinte sur la planète, mais aussi des bâtiments qui servent à leurs occupants et participent à leur bien-être. Dans certains cas, ce seront des bâtiments bienveillants, notamment dans le cas d’un hôtel ou d’un Ehpad, dans d’autres cas, ce seront des bâtiments de confiance. Voilà en quelques mots le bâtiment de demain, et la réponse est déjà possible avec notre architecture EcoStruxure.