Le Syndicat de l’éclairage regroupe une cinquantaine d’industriels, soit environ 70 % du marché français des lampes, luminaires et systèmes de gestion de contrôle de l’éclairage. L’objectif du syndicat est de promouvoir les solutions d’éclairage performantes. L’étude sur l’état du parc d’éclairage tertiaire, menée par le Ceren à la demande de quatre partenaires – Ademe, Syndicat de l’éclairage, RTE et Récylum – montre le chemin qui reste à parcourir. Dominique Ouvrard, délégué général adjoint du syndicat, précise les enjeux.
Pouvez-vous nous présenter brièvement les conclusions de cette étude ?
D. O. – Cette étude portait sur les installations d’éclairage dans les bâtiments de bureaux, du point de vue énergétique, mais aussi ergonomique. Le Code du travail fixe en effet des exigences en termes de niveaux d’éclairement, de confort visuel, d’éblouissement, d’équilibre des luminances, d’accès à la lumière du jour, avec des obligations de maintenance des équipements. Même si les conclusions sont moins mauvaises que lors de la précédente étude de 2007, l’étude montre quand même que 10 % des installations d’éclairage ne permettent pas d’atteindre sur les bureaux le niveau minimum de 120 lux exigé par le Code du travail. Et ce n’est que dans 30 % des cas que les 500 lux recommandés par la norme NF EN 12464 sont atteignables.
Quels sont les enjeux de l’éclairage dans le bien-être au travail et dans l’efficacité des salariés ?
D. O. – Aujourd’hui, on peut concevoir des éclairages efficaces et adaptés au besoin de bien-être des salariés tout en réduisant considérablement les consommations énergétiques. On sait que la lumière influe directement sur l’état d’esprit et de santé des personnes et constitue un vecteur de bien-être essentiel. Grâce aux luminaires LED, on peut aujourd’hui moduler cette lumière, son intensité, mais aussi les ambiances d’un éclairage plus chaud-doré ou au contraire froid-bleuté, de façon à simuler les variations de couleur de la lumière du jour, jusqu’à reproduire le rythme circadien en fonction de l’heure de la journée, avec des alternances d’éclairages stimulants ou apaisants, plus en accord avec le biorythme des salariés. C’est ce que certains appellent « Human Centric Lighting » ou éclairage biodynamique. Et déjà, la réglementation impose depuis janvier que les rénovations de l’éclairage dans le tertiaire intègrent des automatismes de détection de présence et de gradation en continu de l’éclairage artificiel en fonction des apports gratuits de lumière du jour, ce qui permet de garantir un niveau d’éclairement constant sur la zone à éclairer. Mais ces automatismes ne sont supportables et acceptés que si l’utilisateur peut aussi déroger et prendre la main sur la commande pour l’adapter à son besoin.
Quels sont les leviers pour l’amélioration de l’éclairage dans les espaces de travail ?
D. O. – Le premier levier, c’est de prendre conscience de l’importance de la qualité de la lumière. Rien ne justifie le fait de supporter un éclairage inconfortable, comme on ne tolère pas un chauffage défectueux. Il faut penser les projets autrement pour satisfaire à l’ensemble des exigences des différentes parties prenantes. L’approche en coût global, qui intègre l’investissement, les consommations et l’entretien, doit être systématique, mais il faudrait intégrer aussi un « coût social », conséquence d’un mauvais éclairage, qui peut aller jusqu’à générer fatigues visuelles, pathologies, absentéisme… L’investisseur qui choisit des solutions d’éclairage basiques ignore les coûts d’énergie et de maintenance, et prend encore moins conscience de l’inconfort visuel de ses bureaux, qu’il a éclairés sans se mettre à la place des personnes qui vont y travailler. Des jeunes arrivent dans la profession et permettront de penser différemment les installations et élargiront même la réflexion à l’ensemble du cycle de vie de l’installation. Mais la notion de service rendu aux usagers restera centrale, il est donc essentiel de focaliser les réflexions autour de l’éclairage sur leurs besoins.