Les 5 et 6 avril derniers, Schneider Electric a organisé la deuxième édition de l’Innovation Summit. Quel bilan tirez-vous de cet événement ?
Christel Heydemann – Cet événement a été pour nous un vrai succès. Nous avons accueilli 5 000 clients et partenaires, dont 1 500 venus du monde entier, ce qui a donné lieu à des échanges riches. Il s’agissait cette année de la deuxième version de l’événement, la première datant de 2016 et déjà organisée parallèlement au Marathon de Paris. L’Innovation Summit était l’occasion pour nous de présenter nos nouvelles offres. Ainsi, dans le domaine du bâtiment, nous avons présenté la nouvelle génération de notre plateforme EcoStruxure Building basée sur une architecture IP de bout en bout, enrichie de nouveaux capteurs et contrôleurs IP SmartX, mais aussi de l’application Ecostruxure Building Advisor qui permet la maintenance conditionnelle multisite et la résolution à distance de 80 % des problèmes des bâtiments. Pour le résidentiel et le logement connecté, nous avons annoncé de nombreux lancements : notre nouvelle gamme d’interrupteurs Unica alliant design et technologie, nos nouvelles applications Wiser permettant l’optimisation du confort à domicile depuis son smartphone ou sa tablette, ou encore une alliance stratégique avec Somfy et Danfoss. Dans le domaine de la gestion des infrastructures, nous avons présenté des solutions destinées à la gestion des installations critiques, comme les datacenters ou les infrastructures industrielles. Et nous avons lancé nos solutions EcoStruxure Power qui permettent d’exploiter toute la puissance du numérique pour la distribution électrique. Cet événement était une belle vitrine de notre savoir-faire et souligne les bénéfices de nos solutions pour nos clients. La même semaine, nous avons également inauguré notre vitrine de l’Industrie du Futur : l’usine du Vaudreuil, dans l’Eure. Ce site industriel, vieux de 40 ans mais déjà très automatisé, a bénéficié d’un lifting 4.0 via l’intégration de nos technologies EcoStruxure Industry.
Quelle est la visée d’un tel événement et quels bénéfices Schneider Electric parvient à en tirer ?
C. H. – Le premier objectif est de faire mieux connaître Schneider Electric, et mettre en avant nos savoir-faire et nos innovations. 5 % de notre chiffre d’affaires est investi dans la Recherche et Développement, et nous accompagnons nos clients dans des domaines qui sont en profonde transformation. Le monde devient électrique et numérique, et nos technologies sont au cœur de ces transformations. Il est donc primordial d’expliquer à nos clients et partenaires la largeur de notre offre, dans les domaines du Smart Home, du Smart Building, de l’industrie du futur, des infrastructures ou bien des datacenters. La plupart des visiteurs ne savaient pas que l’activité de Schneider Electric était si transversale, car ils ne connaissent souvent que le segment qui les concerne. Notre objectif lors de cet événement était également de montrer l’impact de nos technologies en termes d’usage, d’efficacité énergétique, de fiabilité et de gestion opérationnelle améliorée, et de montrer tout ce qui existe déjà et est déployé par de nombreux clients à travers le monde. Et enfin de mettre en avant les innovations sur lesquelles nous travaillons avec tout notre écosystème de partenaires et start-up.
Vous présentiez lors de l’Innovation Summit l’ensemble des composantes de votre offre connectée réunie sous la marque ombrelle « EcoStruxure », qui couvre des domaines allant de la « Silver Economy » à l’industrie pétrolière en passant par le bâtiment. Quels sont l’essence et le fil conducteur de cette offre ?
C. H. – Cette marque a été relancée il y a environ deux ans et regroupe toutes nos solutions connectées et notre plateforme IoT. Mais cela fait de nombreuses années que nous développons ces solutions, nous avons même commencé il y a presque vingt ans dans le monde de l’industrie avec la promotion de nos architectures basées sur protocole Ethernet. EcoStruxure regroupe sous le même chapeau les offres connectées dans nos six domaines d’activité que sont le Power, l’IT, le bâtiment, le grid, les machines et l’industrie, ainsi que notre plateforme IoT. Pour chaque domaine, nos offres se déclinent en trois niveaux : les objets connectés (capteurs, sondes…), les contrôleurs locaux (GTB, DCS…) et enfin les applications et services digitaux, le tout dans un écosystème ouvert, basé sur notre plateforme IoT, complété par nos expertises et nos communautés de partenaires. EcoStruxure représente déjà 45 % du chiffre d’affaires de Schneider Electric.
Selon une étude publiée par le cabinet GfK, le marché des objets connectés progresse de 33 % par rapport à l’an dernier et dépasse le milliard d’euros en France, et 57 % des produits vendus concernent le Smart Home. Avez-vous constaté une augmentation significative des ventes de ces produits cette année et dans quels domaines principalement ?
C. H. – Sur nos marchés, nous observons une accélération de l’adoption des solutions connectées depuis plusieurs années. Historiquement, nous constatons une forte adhérence dans les bâtiments tertiaires et industriels, qui sont aujourd’hui nativement connectés. Dans le domaine du Smart Home, l’évolution est plus récente mais elle est bien réelle. Toutes les nouvelles technologies, notamment les contrôleurs vocaux proposés par Amazon, Google et Apple, aident au développement de ce marché. Au sein de Schneider Electric, nous avons une logique de filière. Ces solutions connectées, plébiscitées par les utilisateurs, imposent de faire monter en compétences l’ensemble de nos filières, les installateurs, les électriciens, les intégrateurs… Cela passe par des investissements, de la formation, et il reste encore énormément à faire.
Où en sont le bâtiment et l’industrie sur le chemin du tout-connecté ?
C. H. – De façon générale, le bâtiment et l’industrie sont déjà des univers très connectés, mais ils le sont à l’échelle locale essentiellement, grâce aux nombreux capteurs et automatismes qui produisent des quantités impressionnantes de données. La puissance du Cloud et des outils Analytics crée aujourd’hui de nouvelles opportunités. Mais peu de bâtiments utilisent toutes les données disponibles et les fonctionnements sont encore très silotés. Nous constatons également une forte inertie dans le bâtiment au sujet de l’efficacité énergétique, alors qu’il suffit d’ajouter quelques briques à une installation pour en améliorer la performance, sans nécessairement la revoir dans son intégralité. C’est ce que nous promouvons également dans l’industrie et avons démontré dans notre usine du Vaudreuil, devenue vitrine de l’Industrie du Futur. Et c’est ce que nous avons mis en œuvre dans le bâtiment de notre siège social, situé à Rueil-Malmaison. Ce bâtiment existait déjà depuis plusieurs années lorsque nous y avons intégré nos solutions et nous sommes parvenus à diviser par trois sa consommation énergétique. La transition énergétique et la transformation numérique sont intimement liées, c’est le message que nous souhaitions faire passer lors de l’Innovation Summit et il nous faut aujourd’hui apprendre à en exploiter tout le potentiel et la valeur ajoutée associée.
Quelle est la stratégie de Schneider Electric pour vendre ses solutions connectées ?
C. H. – Notre stratégie s’appuie sur trois axes principaux : développer nos solutions, développer nos filières et développer des partenariats technologiques. L’Innovation Summit donnait un très bon aperçu des différents axes. Cela fait déjà plusieurs années que l’on y travaille tous. En 2017, les Universités Schneider Electric ont permis de proposer des formations à destination des bureaux d’études, des installateurs et des intégrateurs. Nous développons un écosystème de partenaires et de technologies en nous appuyant sur des architectures et des protocoles ouverts. Ces trois axes sont essentiels pour faire migrer en toute confiance nos clients vers les solutions connectées.
Comment s’opère l’évolution vers les objets connectés dans un groupe comme Schneider Electric ?
C. H. – Nous avons opéré une véritable transformation qui a démarré il y a déjà longtemps. Cette transition a été rendue possible d’une part par nos choix technologiques, mais aussi grâce à une conviction profonde. Nous avons entamé cette transformation en standardisant nos solutions segment par segment, en acquérant des compétences, grâce à des opérations de croissance externe et des recrutements, et en investissant beaucoup en formation. Cela a posé des questions allant jusqu’à repenser la culture de l’entreprise. Nous étions auparavant très centrés sur les produits, mais c’est aujourd’hui l’usage qui est au centre de notre stratégie de développement. Comme je vous le disais précédemment, les solutions connectées représentent 45 % de notre chiffre d’affaires et peu de postes au sein de Schneider Electric n’intègrent pas une composante liée à l’Internet des objets. Ce qu’il est intéressant de souligner est que lorsque le terme IoT a commencé à faire le buzz il y a quelques années, certains de nos collaborateurs ne comprenaient pas où se situait l’innovation, car ils travaillaient déjà activement sur ces sujets. Cette évolution vers l’IoT induit également l’innovation avec de nouveaux business models : les expériences que nous menons sont tirées par les usages et les demandes des clients. Mais tout ne changera pas et nous n’envisageons pas pour le moment d’appliquer le modèle de l’économie de la fonctionnalité à l’ensemble des matériels connectés.
S’agit-il uniquement d’une histoire de R&D ou est-ce un changement plus profond touchant le cœur de métier de l’entreprise et sa stratégie tout entière ?
C. H. – Il s’agit d’un changement profond qui touche tous les secteurs de l’entreprise et, fait nouveau, induit un travail commun qui oblige de nombreuses fonctions très éloignées les unes des autres à dialoguer. Ainsi, le commercial, le marketing, le support client, la formation, les ressources humaines tout comme la production ont appris à combiner leurs savoir-faire. Et notre département financier est impliqué dans nos innovations sur les questions de business model.
Pouvez-vous nous en dire davantage sur la politique RSE (responsabilité sociétale des entreprises) de Schneider Electric ?
C. H. – Nous accordons une importance centrale à ces questions depuis bien longtemps et nous sommes un acteur convaincu de l’importance de la RSE. Nous sommes même considérés comme précurseurs et notre stratégie développement durable est intégrée depuis longtemps à notre stratégie d’entreprise. Notre vision prend en compte les engagements sociétaux, notamment sur les questions liées à l’accès à l’énergie, qui est un droit de l’Homme, et nous dispensons pour cela des formations dans le monde entier en apprenant aux différents acteurs à produire et consommer de manière durable. D’autre part, nous avons clairement affiché notre objectif zéro carbone à horizon 2030 et nous œuvrons pour la parité et les égalités entre les sexes au sein de l’entreprise. Nous sommes convaincus qu’une politique RSE volontaire, forte et présente dans tous les domaines de l’entreprise, est le meilleur moyen pour nous de réussir. Nous sommes conscients que nous avons un véritable rôle à jouer. Schneider Electric est reconnu pour son leadership en la matière : nous publions tous les trimestres depuis 13 ans notre baromètre « Planète et société », nous communiquons ainsi sur nos progrès sur chacun des objectifs fixés au même titre que sur notre performance financière. Et globalement, le monde des entreprises a beaucoup avancé sur ces sujets, ainsi, en décembre 2017, nous nous sommes engagés au même titre que 90 autres entreprises françaises via le « Pledge pour le Climat ».
Vous avez été nommée présidente de Schneider Electric France en avril 2017. À titre personnel, quel bilan dressez-vous de cette première année ?
C. H. – Une année, c’est à la fois très court et très long. Cette année a été riche en échanges, avec les clients, avec les collaborateurs, et sur nos différents événements : Universités Schneider Electric, Innovation Summit, Inauguration de notre site R&D Technopole à Grenoble… Je suis très fière du travail accompli par les équipes, même si parfois nous sommes confrontés au scepticisme de certains. L’Innovation Summit était une véritable concrétisation. Nous sentons que la France se transforme à vitesse grand V, notamment en raison des changements politiques récents, mais c’est aussi le cas chez Schneider Electric.
Quelles ont été vos plus grandes satisfactions après un an à la tête de Schneider Electric France ?
C. H. – Il y en a beaucoup, mais je citerais ici l’exemple de l’inauguration de l’usine du Vaudreuil, vitrine de l’Industrie du Futur, où nos équipes commerciales et de production ont su créer un dialogue riche, ce qui a permis de mener à bien ce projet. Schneider Electric dispose de 40 usines en France et ce projet était l’occasion pour nous de mettre en avant nos technologies, notamment auprès de nos clients internes, très exigeants. Mais je pense que nous pouvons encore aller plus loin.
Comment voyez-vous évoluer Schneider Electric dans les quelques années à venir ?
C. H. – Nos technologies sont au cœur des révolutions qui s’inscrivent dans une certaine continuité pour nous : le monde s’électrifie et se numérise. Nous sommes enthousiastes à l’idée de continuer à accompagner nos clients et partenaires dans ces transformations, notamment sur les sujets de l’efficacité énergétique et de la transformation digitale. Nous disposons en France de nombreux savoir-faire, matérialisés par nos nombreux centres de R&D, nos usines, mais aussi tout notre écosystème de partenaires. La France est résolument une terre d’innovation.