X

L’AIE met en garde contre le coût écologique de la climatisation

Selon un rapport alarmiste de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publié mardi 15 mai dernier, la généralisation croissante des systèmes de climatisation à l’échelle internationale pourrait largement favoriser le réchauffement climatique si aucun effort n’est consenti pour promouvoir l’utilisation d’appareils « moins gourmands en énergies ». Explications.

Le double coût environnemental de la climatisation

Si de nombreuses astuces existent pour concilier respect de l’environnement, fraîcheur dans le logement et sobriété énergétique, le recours à des systèmes de climatisation ou de rafraîchissement de l’air pour conserver un logement frais durant les fortes chaleurs estivales est de plus en plus courant, au détriment de la lutte contre le changement climatique. Jusqu’à présent peu évoquée pour expliquer les causes du réchauffement des températures à l’échelle mondiale, la climatisation prend pourtant une part croissante dans la consommation d’énergie et pourrait peser encore davantage dans l’avenir.

Avec environ 1,6 milliard de climatiseurs installés dans le monde à ce jour (dont environ la moitié aux Etats-Unis et en Chine), et 135 millions nouveaux appareils vendus chaque année, l’impact de la climatisation sur le climat ne se dément pas, bien au contraire. Gros consommateurs d’électricité (encore largement produite via des centrales au charbon ou au gaz à travers le monde), les climatiseurs ont également un autre effet réchauffant directement ressenti dans les grands centres urbains. La multiplication des appareils et la chaleur dégagée par chaque appareil (ils rejettent à l’extérieur la chaleur qu’ils ont pompée pour refroidir l’intérieur d’un logement ou d’un bureau), seraient déjà responsables dans certaines villes, d’une hausse des températures d’un degré Celsius.

Une demande qui pourrait tripler d’ici 2050

Problème, la hausse des niveaux de vie dans les pays émergents comme la Chine, l’Inde, l’Indonésie, le Brésil ou la Thaïlande (des pays dans lesquels le climatiseur est un bien souvent le premier achat des ménages dès que leurs revenus augmentent), a renforcé le recours à la climatisation de manière générale, et le taux d’équipement global, en forte hausse ces dernières années, devrait encore augmenter dans les décennies à venir. L’accès généralisé à un air tempéré « aura un impact significatif sur la demande énergétique globale des pays concernés, mettant la pression sur les réseaux électriques et faisant augmenter les émissions (de gaz à effets de serre) locales et mondiales », met en garde l’AIE dans son rapport.

« Sans intervention, la demande énergétique des climatiseurs va plus que tripler d’ici à 2050 et équivaudra à la demande en électricité actuelle de la Chine », a précisé de son côté Fatih Birol, le directeur exécutif de l’agence, lors de la présentation du rapport. Selon les projections de l’AIE, le nombre de climatiseurs devrait en effet atteindre 5,6 milliards d’ici à 2050, contre 1,6 milliard aujourd’hui soit l’équivalent de « dix appareils vendus chaque seconde ces trente prochaines années ». Les émissions de gaz à effet de serre liées à la climatisation pourraient donc doubler entre 2016 et 2050, ajoutant une quantité de CO2 supplémentaire dans l’atmosphère d’un milliard de tonnes par an, soit autant que les émissions du continent africain.

Pour des climatiseurs moins énergivores

Mais cela n’est pas une fatalité selon l’AIE qui plaide ici pour le développement de technologies moins énergivores. « La mesure la plus urgente et la plus facile à mettre en œuvre consiste à s’assurer que tous les nouveaux climatiseurs soient beaucoup plus efficaces en termes de consommation d’énergie », affirme l’agence internationale estimant que cette simple mesure diviserait par deux la croissance des besoins énergétiques liés à l’air conditionné. C’est déjà le cas au Japon et en Europe. Les climatiseurs vendus là bas sont en moyenne 25% plus efficaces que ceux commercialisés aux Etats-Unis et en Chine.

Certains appareils comme les pompes à chaleur réversibles sont d’ailleurs beaucoup plus efficaces que d’autres en matière énergétique et doivent être privilégiés. En France par exemple, « on estime qu’un peu plus de 16 millions de PAC [tous systèmes confondus] seront installées d’ici 2050, ce qui permettrait d’éviter l’émission de 16,8 millions de tonnes de CO2 » précise Thierry Nille, président de l’Association française des pompes à chaleur (Afpac).

Enfin pour ceux qui hésitent encore à s’équiper, sachez qu’il est également possible d’adopter des comportements de bon sens (aérer au bon moment, brasser l’air efficacement, etc.) permettant de préserver la fraîcheur de votre logement en période estivale et de limiter la hausse des températures intérieures sans avoir recours à la climatisation.

 

Filière 3e: