Le Crédit Mutuel Arkéa est composé des fédérations du Crédit Mutuel de Bretagne, du Sud-Ouest et Massif Central, ainsi que d’une trentaine de filiales spécialisées (Fortuneo, Monext, Arkéa Banque Entreprises et Institutionnels, Arkéa Investment Services, Suravenir…). Avec quelque 10 000 salariés, 3 500 administrateurs, 4,2 millions de sociétaires et clients dans la bancassurance et plus de 128 milliards d’euros de total de bilan, le Crédit Mutuel Arkéa se classe parmi les tout premiers établissements bancaires ayant leur siège en région
J3E – Comme nous avons pu le voir récemment avec le One Planet Summit, les pouvoirs publics et les organisations supranationales accordent une large place à la finance verte et lui attribuent un rôle moteur dans le financement de la transition énergétique. Les banques sont-elles assez matures pour relever ce défi, dont la rentabilité à court-terme n’est pas encore assurée ?
M. C – Les enjeux climatiques représentent une des problématiques planétaire du XXI siècle. Le secteur financier a identifié ces problématiques depuis longtemps et pas seulement depuis le One Planet Summit. Sous l’égide de l’ONU, il y a l’UNEP FI, qui est le programme des Nations Unies pour l’environnement auprès des partenaires privés. Une section finance y a été créé au début des années 2000, qui élabore des stratégies, des études et des référentiels sur la finance verte, en particulier sur les enjeux climatiques. Cela fait une vingtaine d’années que les banques se positionnent sur ces sujets. Elles financent -ou cofinancent avec des acteurs publics- des projets durables, comme la production d’énergies renouvelables (l’éolien ou le solaire). Les banques sont assez présentes dans la sphère de financement global des enjeux liés au climat. Un des enjeux repose sur l’accélération des investissements, les experts s’accordant à dire que les montants actuels ne sont pas suffisants. Plus récemment, le financement de l’innovation technologique est apparu comme une nouvelle priorité afin de faire émerger de nouvelles technologies de rupture permettant de réduire l’empreinte sur le climat de notre économie, grâce à l’action des fonds de capital-risque. Le secteur bancaire se met en ordre de marche et est en train d’accélérer et de faire croitre les moyens alloués au financement de projets verts ou de projets permettant de réduire ou de compenser les impacts liés au climat.
J3E – Arkea revendique un très fort positionnement en faveur d’une politique responsable et territoriale d’investissements. Comment se décline concrètement cette stratégie pour le groupe ?
M. C -Le groupe Crédit Mutuel Arkea est en France l’un des pionniers de l’investissement responsable avec des fonds d’investissement créés par sa filiale de gestion d’actif, Federal Finance, au début des années 2000. En 2016, un nouveau fonds a été créé par le groupe et confié à Arkea Capital pour accompagner les entrepreneurs innovants qui agissent sur trois domaines essentiels pour le développement durable de nos territoires : la transition énergétique, l’économie circulaire et l’entreprenariat sociétal. Il s’agit du fonds We Positive Invest, doté de 20 millions d’euros, qui investit auprès de startups innovantes. Les enjeux climatiques sont globaux mais doivent avoir des déclinaisons locales. Nous cherchons avant tout à identifier des entrepreneurs innovants, des précurseurs, ceux qui ont une vision. Nous avons vocation à faire émerger des projets à l’échelle locale mais avec des retombées positives pour l’environnement au niveau global.
J3E – A ce jour, quels sont les principaux projets financés par le Crédit Mutuel Arkea ?
M. C – Nous avons déjà soutenu trois entreprises. La première est Cozynergy, qui propose des solutions de rénovation énergétique pour les particuliers. Elle les aide à améliorer leur bilan carbone mais elle travaille aussi sur une dimension sociétale grâce à une offre destinée aux ménages modestes, en agissant sur la précarité énergétique des habitations. Nous avons également investi dans la sphère de l’agriculture durable, au travers de l’entreprise Osmia. Osmia propose un service de pollinisation à destination des arboriculteurs. Osmia élève des abeilles ultra-spécialisées dans la pollinisation des arbres fruitiers. Son offre permet d’augmenter les rendements agricoles, sans avoir recours à des entrants chimiques supplémentaires. La troisième est l’entreprise bretonne Algo Paint qui a développé une peinture biosourcée à base d’algues. C’est une peinture décorative pour les particuliers qui n’émet pas de polluants. En effet, la peinture est en partie responsable de la pollution de l’air du fait des agents chimiques qui la composent. Les produits Algo Paint sont aujourd’hui distribués dans l’ensemble des Leroy Merlin en France. C’est une très belle réussite tant sur le plan de l’innovation environnementale mais aussi régional, avec des déclinaisons nationale et demain internationale. Ce qui est important pour nous est de prendre en compte les enjeux sociétaux globaux et d’identifier les acteurs qui vont y répondre au niveau territorial mais avec une forte ambition de développement. C’est sur ce plan que nous faisons le lien entre la finance verte et le développement de nos territoires.