négaWatt est une association de personnes physiques, présentes à titre personnel et non au titre de leur entreprise. L’association est créée au début des années 2000 avec l’objectif d’élaborer des scénarios énergétiques à horizon 2050, en partant de la notion de « facteur 4 ». La quatrième version du scénario négaWatt a été publiée en 2017, lors de la campagne présidentielle.
Quelles sont les missions de l’Association négaWatt ?
Marc Jedliczka – Tous les membres de négaWatt sont des personnes de terrain, avec des cursus et des connaissances extrêmement variés. L’idée était de savoir si nous étions capables de répondre ensemble à l’enjeu du facteur 4, c’est-à-dire de trouver des pistes de réflexion pour diviser par 4 les émissions de gaz à effet de serre en l’espace de 40 ans. En 2017, nous avons sorti la quatrième version de notre scénario, qui s’est affiné et très fortement consolidé au fil du temps. L’association, qui compte aujourd’hui 1 200 adhérents, est pilotée par un noyau dur baptisé « la compagnie des négaWatt », constitué de 25 personnes. Elles ont été cooptées à l’époque pour constituer un panel complet des technologies et des savoir-faire nécessaires (technique, économie, juridique, environnement…). Cette compagnie des négaWatt élabore les scénarios et les mesures associées, et rédige le plaidoyer et les ouvrages. L’association elle-même compte trois salariés. D’un autre côté, l’Institut négaWatt, qui compte quinze salariés, est le bras opérationnel de l’association. Il a été créé en 2009 et dispense des formations, notamment dans le domaine du bâtiment et de la R&D. L’Institut a lui-même sa filiale, baptisée DORéMI (Dispositif opérationnel de rénovation énergétique des maisons individuelles). Sa vocation est de mettre en œuvre des solutions de rénovation des maisons individuelles, qui représentent plus de la moitié de l’habitat français. L’objectif est de rénover bien, le moins cher possible avec le niveau de performance requis, pour pouvoir aller le plus loin possible dans la rénovation et financer les travaux effectués grâce aux économies réalisées sur la facture énergétique.
De quelle manière participez-vous aux dialogues autour de l’élaboration des politiques énergétiques françaises ?
M. J. – Lorsque nous avons diffusé nos premiers scénarios en 2003 et en 2006, il s’agissait à 95 % de travail bénévole, mais à l’époque, nous n’étions pas vraiment pris au sérieux. Au moment du Grenelle de l’environnement, les propositions formulées par l’association commençaient à être prises en compte, notamment dans le secteur du bâtiment. Le déclic est intervenu lors du débat sur la transition énergétique en 2012, après l’élection de François Hollande. Comme nous produisons nos scénarios les années avant les élections, de manière à mettre sur la table le sujet de la transition énergétique au sens large, nous avions sorti en 2011 notre scénario et avions en parallèle sorti la première édition du Manifeste négaWatt, remis à jour en 2015. Cela nous a valu de participer au débat à plusieurs niveaux. Ce débat, à gouvernance ouverte, était articulé autour de plusieurs collèges (entreprises, syndicats ouvriers, ONG, collectivités territoriales, parlementaires) et animé par un secrétariat général et un groupe d’experts. négaWatt a donc participé au débat indirectement : le scénario a été mis sur la table et examiné, tout comme les 11 scénarios présentés par l’ensemble des parties prenantes. Indépendamment du scénario, plusieurs membres de négaWatt ont siégé dans les différents collèges, du fait de leurs activités professionnelles diverses. négaWatt était présent en filigrane, mais beaucoup de discussions ont tourné autour du scénario négaWatt qui était à l’époque le seul à proposer et expliquer comment réduire drastiquement nos émissions de GES tout en sortant du nucléaire, qui n’est pas pour nous un objectif en soi. Il s’agissait d’un scénario de transition énergétique, c’est-à-dire qui présentait un système énergétique sûr, basé sur des ressources en matières pérennes et sans tabou, avec pour point de départ la démarche négaWatt. En 2017, nous avons réitéré l’exercice et avons été invités à participer à des ateliers sur la PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie) en tant qu’experts. Nous sommes également en discussion avec le gouvernement sur des points précis dans le cadre de la stratégie nationale bas carbone et la PPE, explorant notamment les mesures à mettre en place pour faire baisser les émissions de CO2 et la consommation d’énergie primaire. Sur certains sujets comme l’industrie ou le mix électrique, la DGEC (Direction générale de l’énergie et du climat) est venue solliciter l’expertise de négaWatt. Nous sommes au cœur des discussions de haut niveau où l’expertise de nos membres est reconnue sur un certain nombre de points.
négaWatt se concentre traditionnellement sur des travaux au niveau national à l’échelle de la seule France métropolitaine. Certains travaux ont néanmoins été réalisés à l’échelle de régions, PACA et Centre, notamment. Aujourd’hui, des discussions sont en cours avec des partenaires étrangers, des instituts de recherche européens principalement, mais concernent davantage la méthodologie. Nous espérons que cela débouchera un jour sur des travaux communs, mais nous n’en sommes pas encore là.
Quelle est la particularité de la démarche négaWatt ?
M. J. – La démarche négaWatt que nous avons définie dès 2003 se décline en trois piliers : sobriété, efficacité, énergies renouvelables. Sa grande originalité est de mettre en premier tout ce qui concerne les comportements individuels et collectifs et relève plus des sciences humaines et politiques, ce que nous appelons la sobriété. Ces questions sont habituellement traitées en dernier, voire pas traitées du tout, par les autres fabricants de scénarios énergétiques, généralement des chercheurs du monde académique qui s’en tiennent souvent à l’efficacité et aux renouvelables, domaines par excellence de la technologie et des ingénieurs. Cela provient peut-être du fait que notre association est composée exclusivement de personnes physiques, la plupart professionnels de terrain, qui agissent bénévolement et n’ont dans l’affaire aucun intérêt particulier, notre financement provenant exclusivement des cotisations de nos adhérents, de quelques fondations et de dons.
Cette approche originale est aujourd’hui largement partagée en France, y compris dans les allées du pouvoir politique et économique. Elle commence à susciter l’intérêt de fabricants de scénarios étrangers, pour qui elle est nouvelle et nécessite d’adapter leur propre méthodologie. Les discussions que nous avons entamées récemment avec de possibles partenaires nous laissent penser que la démarche négaWatt a un bel avenir, au moins en Europe.
En complément de nos scénarios, nous intégrons des propositions de politiques et mesures. Lorsque le scénario 2011 a été élaboré et publié, l’expression « transition énergétique » n’existait pas dans le langage politique. Lorsque nous avons sous-titré le premier manifeste négaWatt « Réussir la transition énergétique », nous n’aurions pas cru que cette dernière ferait l’objet d’une loi quelques années plus tard, mais ce qui est encore plus important, c’est que chacun des éléments du « triptyque négaWatt » (sobriété, efficacité, renouvelable) y figure explicitement et imprègne l’article premier, qui fixe les objectifs. Parmi ces derniers, il y en a un qui nous tient particulièrement à cœur, car c’est un « marqueur négaWatt » : la division par 2 de la consommation d’énergie finale en 2050. Cet élément structurant est très représentatif de notre démarche, et ce point a été gagné de haute lutte lors du débat de 2012-2013 par l’association et ses alliés, notamment parmi les ONG : aucun autre scénario n’a fait la démonstration que pour arriver au facteur 4, voire au facteur 5 ou 6, on pouvait se passer d’un tel niveau d’économie d’énergie. Malheureusement, les 250 autres articles de la loi sur la transition énergétique sont à nos yeux un peu « légers ».
Vous avez édité en 2017 un quatrième scénario négaWatt 2017-2050, qui confirme la possibilité technique de 100 % d’énergies renouvelables en France à horizon 2050. Quelles mesures l’État doit-il mettre en place pour parvenir à cet objectif ?
M. J. – négaWatt a avant toute chose prouvé la faisabilité technique du 100 % renouvelable, mais a assorti ce point d’une étude socio-économique, concernant notamment les effets sur l’emploi associés à une telle transition. L’étude « bottom-up » réalisée par le Cired-CNRS sur le scénario 2011 et corroborée par l’analyse réalisée par l’Ademe à partir du modèle macro-économique Three-ME de l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) conclut à la création nette de 600 000 emplois en 2050. Aujourd’hui, les discussions en cours, notamment au sujet de la PPE, se focalisent sur les premières actions à mettre en œuvre : on ne discute plus du pourquoi mais du comment et à quel rythme, les questions sont de plus en plus opérationnelles. Nicolas Hulot, qui vient du monde des ONG, a suivi d’assez près le débat national sur la transition énergétique de 2012-2013, notamment via la FNH (Fondation pour la Nature et l’Homme). Nous savons que nous avons avec lui une proximité de vision de long terme, ce qui devrait faciliter la discussion sur les moyens pour y parvenir.
Nous payons aujourd’hui l’inaction du gouvernement précédent. Il faut lui reconnaître d’avoir fait la loi sur la transition énergétique, et notamment l’article premier sur les objectifs. Mais les autres mesures ne sont ni assez opérationnelles ni assez ambitieuses. Le gouvernement actuel a donc fort à faire aujourd’hui. Nous payons également l’inaction du gouvernement qui précédait le précédent, qui a mis certains sujets sur la table avec le Grenelle, en a fait avancer d’autres comme le passage de la RT 2005 à la RT 2012, très important, mais trop mou. Lors de la période suivante, la loi a été construite, mais sans avancée sur les moyens réels.
En prenant l’exemple du bâtiment, les objectifs n’ont pas été respectés et le mouvement n’est pas assez rapide, surtout pour la rénovation. Au vu de l’état du parc bâti dans son ensemble, comprenant les logements, les bureaux ou encore les bâtiments publics, il faut qu’en 2050 l’intégralité de ce parc bâti soit rénovée pour atteindre un niveau de performance BBC (Bâtiment basse consommation). En moyenne, il faudrait rénover entre 480 000 et 500 000 bâtiments par an pour respecter cet objectif. Mais cette donnée n’est pas nouvelle : lors du Grenelle de l’environnement en 2003, le chiffre évoqué était de 380 000 logements par an. Ces objectifs sont certes ambitieux, mais atteignables. Le réel problème est que l’État ne s’est jamais donné les moyens de réaliser ces objectifs. Nous parlons notamment depuis des années de supprimer le chauffage électrique dans les logements. Nicolas Hulot a de son côté donné la priorité à la rénovation des logements de catégories F et G, souvent chauffés à l’électrique, ce qui est pour nous une bonne mesure. Elle permet de faire d’une pierre deux coups en isolant le logement et en mettant en place un système de chauffage autre que l’électrique, ce qui fera baisser la pointe de consommation du pays.
Sur le nucléaire, aucune disposition réelle n’a été prise. François Hollande s’était engagé pendant sa campagne en 2012 à fermer la centrale de Fessenheim. Elle fonctionne encore aujourd’hui. Aucune mesure, qu’il s’agisse d’économies d’énergie ou d’implantation d’énergies renouvelables, n’a été prise suffisamment tôt. En France, un projet éolien met aujourd’hui 8 ans à aboutir, contre 4 en Allemagne. Concernant le photovoltaïque, un moratoire en 2011 a tué le marché et ses 20 000 emplois. Tout a été fait pour que cela ne fonctionne pas.
Au sein de négaWatt, nous déplorons le fait qu’il sera objectivement très difficile de respecter la date de 2025 pour la réduction à 50 % de la part du nucléaire dans le mix électrique. La discussion est loin d’être terminée sur les échéances, qui ne cessent pourtant de reculer. L’objectif de 50 % de nucléaire n’est qu’une étape. L’essentiel est de savoir quels seront les objectifs à long terme.
Les membres de l’association négaWatt rappellent que les réacteurs nucléaires ont été conçus pour durer 30 ans, ils peuvent fonctionner jusqu’à 40 ans, mais pas plus. Passé ce délai, ils doivent être fermés et à terme démantelés, l’objectif devant être de les remplacer non pas par d’autres réacteurs nucléaires mais par les sources renouvelables, moins chères et moins dangereuses. D’un autre côté, si le prix à payer d’une sortie plus rapide du nucléaire est une augmentation sensible des émissions de gaz à effet de serre, ce n’est pas souhaitable non plus.
Quel est à vos yeux le principal enjeu du secteur du bâtiment dans le cadre de la transition énergétique ?
M. J. – La rénovation énergétique est l’un des enjeux majeurs de la transition énergétique et l’évolution des métiers, des savoir-faire, des gestes professionnels du milieu des bâtiments est une condition à remplir pour la mener à bien. Il est très différent de couler du béton comme on le faisait jusqu’à présent et de rénover correctement un bâtiment. Il s’agit d’un processus beaucoup plus complexe d’un point de vue technique, qui demande des compétences particulières et une attention portée à un certain nombre de points tels que l’étanchéité à l’air ou la ventilation. Cela implique un travail de fond sur la formation et la qualification des artisans et des ouvriers. Nous ne faisons donc pas que parler de ces sujets, mais nous les mettons également en œuvre par l’intermédiaire de nos filiales.
Selon les estimations, la France ne parvient pas actuellement à atteindre les objectifs fixés par la loi de transition énergétique pour la croissance verte, notamment au sujet de l’efficacité énergétique des bâtiments. Quelles en sont les raisons selon vous ?
M. J. – Sur la question du bâtiment, notre constat est clair. Ce retard est dû à une résistance au changement de la part des acteurs du bâtiment. Dans notre scénario 2012, l’un des constats était que la rénovation du parc bâti est une opportunité de business et de chiffre d’affaires considérable pour le secteur du bâtiment. Cela passe par l’évolution des métiers, la formation, ce que nous pensons être positif. Nous pensions avoir le soutien de l’industrie du bâtiment, mais la réalité est tout autre. Toute la représentation des entreprises du bâtiment lors du débat sur la loi sur la transition énergétique a été monopolisée par les grandes sociétés, notamment EDF, dont les représentants étaient très présents au Medef. L’industrie du bâtiment s’est ainsi opposée à notre grande surprise à une proposition de négaWatt qui prévoyait l’obligation de rénovation énergétique des logements.
L’objectif est de 500 000 à 600 000 logements à rénover par an. Nous en sommes aujourd’hui davantage à 16 000 rénovations complètes et performantes sur un total de 130 000 actes de rénovation déposés. En effectuant une étude de parangonnage avec les autres pays européens, nous savons que les subventions ne fonctionnent pas. Même les Allemands, qui ont un système très performant sur le plan technique, économique et de la qualité, parviennent au tiers des objectifs fixés. Pour nous, l’obligation de rénovation est une déduction logique, issue d’une analyse profonde. Le secteur du bâtiment s’y est opposé, en expliquant que la rénovation énergétique ne générerait pas de business supplémentaire, mais allait se substituer aux travaux de rénovation des cuisines et des salles de bains, n’occasionnant pas de revenus additionnels pour les entreprises. Il est vrai que cela obligerait à former les intervenants, ce qui peut être vécu comme une contrainte, même si nous considérons au contraire que c’est une opportunité. Nos estimations sont très différentes : près de 600 000 emplois qualifiés et socialement valorisants peuvent être créés si les acteurs du bâtiment se lancent dans la rénovation.
Quelles sont vos préconisations sur la façon de rénover les bâtiments, afin de parvenir aux performances BBC ?
M. J. – Nous préconisons des rénovations globales et performantes, ce qui signifie qu’elles ne doivent pas se faire par étapes, mais en une fois. Il s’agit selon nous du meilleur moyen pour rénover efficacement. Par étapes, cela ne représente pas un, mais deux ou trois chantiers. La location du matériel et son installation et désinstallation doivent être renouvelés à plusieurs reprises, ce qui représente un surcoût considérable. Souvent, lorsque la rénovation énergétique se fait en plusieurs étapes, les actions sont d’abord concentrées sur les plus gros gisements d’économies. Mais lorsqu’il faut ensuite s’attaquer aux gisements restants, le rapport entre les coûts engendrés et les économies réalisées ne sont plus assez attrayants et les actions de rénovation s’arrêtent. Si la rénovation est effectuée d’un seul coup et de manière globale, le rapport entre les coûts et les économies réalisées est lissé, ce qui est plus encourageant.
D’autre part, sur le plan technique, certaines actions ne peuvent pas être effectuées par étapes. Le traitement des ponts thermiques entre la fenêtre et l’isolant ne peut pas se faire en deux fois. Il faut pour cela que le menuisier et le poseur d’isolant travaillent ensemble sur l’étanchéité à l’air de l’installation, sinon la performance n’est pas au rendez-vous.
Nous plaidons donc pour des rénovations globales et performantes, et nous portons cette idée auprès du gouvernement, en l’assortissant d’une obligation. Celle-ci peut prendre la forme d’une interdiction de mise sur le marché ou de mise en location des bâtiments de catégories F et G. Le plus gros gisement se trouve dans les maisons individuelles. Pour les appartements, il ne faut surtout pas raisonner appartement par appartement, mais au niveau de la copropriété dans son ensemble. Des projets de ce type voient le jour, et il est important de montrer l’exemple. La prise de décision et l’engagement de la copropriété sont essentiels.
Les aides d’État proposées aujourd’hui ne semblent pas accélérer le mouvement, alors qu’elles sont pourtant nombreuses. Pensez-vous qu’il faille simplifier le système de financement ?
M. J. – Il s’agit là d’un enjeu essentiel. Il faut impérativement simplifier le millefeuille des aides. Je suis moi-même directeur d’un Espace Info Énergie et mes collègues passent leur temps à expliquer quelles sont les aides existantes, leurs évolutions constantes et comment elles fonctionnent. Cela occasionne de nombreuses procédures administratives et nous prend beaucoup de temps. Lorsque l’on recompose tout l’argent public destiné aux financements actuels, cela représente quelques milliards d’euros. Nous proposons de mettre l’ensemble de ces financements sur un objet unique, un prêt à taux zéro, où l’argent public ne servirait à financer que la réduction du taux d’intérêt. Ce prêt devra être accessible à tous, sans conditions de ressources. Sa durée devrait s’étaler jusqu’à 30 ans : l’objectif serait de calculer les annuités en fonction des économies financières effectuées. Enfin, ce prêt doit être attaché à la pierre et non à la personne : il faut que ce soit la maison qui emprunte et non ses habitants et que cet emprunt se transmette lors des mutations. L’objectif, si tous les paramètres sont correctement étudiés, est que l’opération soit neutre en trésorerie, et que les économies réalisées financent le remboursement du prêt.
Un autre point central à l’échelle du pays est de lisser la pointe de consommation, en faisant baisser la demande d’électricité lors des périodes de consommation maximale. Il est essentiel d’éradiquer les convecteurs électriques dans les logements. Dans le tertiaire, moyennant de faibles investissements, il est tout à fait possible d’atteindre des économies de l’ordre de 40 % avec des temps de retour sur investissement très courts. Certaines opérations de ce type portant sur la maîtrise de la demande d’électricité ont été réalisées et il est essentiel de s’y intéresser.
Rappelons que la France est championne d’Europe, voire du monde, de ce que l’on appelle le gradient thermique. L’hiver, lorsque la température extérieure descend de 1 degré, les énergéticiens doivent produire entre 2 000 et 3 000 mégawatts de plus, soit l’équivalent de la production de 2 à 3 réacteurs nucléaires pour quelques heures ou quelques jours seulement. Cet effet est notamment dû aux convecteurs électriques, qu’il est essentiel de remplacer par des pompes à chaleur performantes.
L’Association négaWatt a été créée en 2001 et n’a cessé de se développer depuis, via la création d’un institut, l’édition d’ouvrages, la diffusion de scénarios… Quelles seront les grandes évolutions de l’association dans les années à venir ?
M. J. – Notre seul objectif est de continuer à faire avancer le débat et à faire prendre les bonnes décisions le plus rapidement possible, sur la base des propositions que nous formulons et qui sont issues d’un raisonnement que nous voulons rigoureux en toutes circonstances. Il y a des équations sur le climat, l’environnement, l’énergie ou encore la santé à résoudre, et nous souhaitons participer à la réflexion autour des transitions nécessaires. Notre indépendance nous protège de toute mise au pas et de tout dévoiement. L’association fait aujourd’hui la synthèse de points de vue de plus en plus nombreux et les discussions que nous avons aujourd’hui entre nous m’impressionnent toujours, de par leur qualité et le haut niveau des sujets abordés qui se renouvellent sans cesse. Nous allons donc poursuivre sur cette voie et serons toujours présents pour aider le gouvernement, les collectivités, ainsi que tous les niveaux de la société, à appréhender ces enjeux complexes.
Propos recueillis par Alexandre Arène
Certes, le texte n’est pas tout frais, mais le principe d’interdire le chauffage électrique me semble discutable. Ainsi, dans des logements passifs, le chauffage électrique n’est pas un problème.