Par Hélène Bru, responsable du pôle Bâtiment et Énergies renouvelables de BHC Energy.
Afin d’accélérer le processus de rénovation, le gouvernement avait lancé le décret tertiaire, intégré dans la loi de transition énergétique. L’objectif est ambitieux : moins 25 % de consommation énergétique d’ici à 2020. Publié le 9 mai 2017, il fut suspendu deux mois plus tard. Le gouvernement a depuis promis 12 milliards d’euros d’investissements sur l’ensemble du quinquennat et la rénovation de l’ensemble du parc de bâtiments au niveau BBC (Bâtiment Basse Consommation) d’ici à 2050. Sont aussi prévues la création d’un observatoire national de la rénovation énergétique, une remise à plat des aides à la rénovation avec un demi-million d’euros par an, la suppression des passoires thermiques dans les HLM d’ici à 2025 et la rénovation d’un quart du parc immobilier de l’État dans les cinq ans.
Anticiper les obligations de demain pour des économies d’énergie pérennes
Or, quand on sait que le bâtiment représente 45 % de la consommation d’énergie finale du pays et 27 % de ses émissions de gaz à effet de serre, il semble nécessaire pour les entreprises de consacrer dès aujourd’hui d‘importants efforts d’économies d’énergie. La signature de la nouvelle version de la charte tertiaire du Plan Bâtiment Durable par 123 acteurs de l’immobilier le 11 octobre 2017 va dans ce sens. Il est effectivement plus constructif d’anticiper aujourd’hui les obligations de demain plutôt que de rester dans l’attente de la mise en place du décret tertiaire. De plus, l’enjeu n’est pas qu’écologique puisque réduire sa consommation énergétique, c’est aussi baisser sa facture énergétique.
Mettre en musique les démarches d’efficacité énergétique
Ces objectifs d’économies d’énergie peuvent être atteints sans coûts prohibitifs, à condition de s’y prendre suffisamment tôt, de manière structurée : c’est-à-dire de réaliser les actions d’économies d’énergie à différentes échelles de temps, en suivant la vie du bâtiment et les besoins de renouvellement ou de maintenance des équipements. La première étape consiste à travailler sur les usages et la régulation des systèmes énergétiques, et de les adapter à l’occupation effective des bâtiments. L’optimisation de la maintenance est une deuxième étape permettant de tirer parti de la désuétude des équipements pour intégrer des nouveaux systèmes. D’autant que certains équipements peuvent être en tout ou partie financés par des dispositifs tels que les CEE (Certificats d’économies d’énergie). La dernière étape consiste à intégrer à des chantiers conséquents déjà programmés des actions d’amélioration de la performance énergétique. On profitera ainsi d’un chantier de ravalement des façades pour réaliser des travaux d’isolation.
Sans oublier le système de management de l’énergie
La mise en place d’un système de management de l’énergie suivant les exigences de la norme ISO 50001 garantit, par une méthodologie structurée, une amélioration de la performance pérenne. Cette démarche de (re)valorisation du patrimoine bâti est précieuse pour les propriétaires et occupants de parcs immobiliers car, si elle n’est pas obligatoire, elle peut permettre aux grandes entreprises l’exemption d’un audit énergétique obligatoire . En moyenne, selon une étude publiée par l’Afnor en septembre 2015, les économies d’énergie obtenues suite à une certification ISO 50001 sont de 5 à 30 %. Un schéma directeur énergie (SDE) permettra d’obtenir une vision globale d’un parc immobilier et de planifier sur plusieurs années les démarches de rénovation énergétique à effectuer.
Lorsque la législation relative à l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments tertiaires évoluera, les sociétés ayant déjà pris de l’avance seront les grandes gagnantes. Mieux vaut donc anticiper.