L’histoire des lumières de la cathédrale commence en 1999, lorsque deux concepteurs lumière, Roger Narboni, Concepto, et Louis Clair, Light Cibles, en collaboration avec l’architecte Italo Rota, font équipe pour illuminer les façades Ouest, Sud et Nord de l’édifice. Les travaux se poursuivent jusqu’en 2007. La même année, la maîtrise d’ouvrage – l’association Maurice de Sully et le recteur Monseigneur Patrick Jacquin – envisage la restauration de l’éclairage intérieur. En 2010, décision est prise d’ajouter ce chantier aux travaux de rénovation prévus pour le jubilé des 850 ans de Notre-Dame de Paris de 2013. C’est à Armand Zadikian, directeur de la photographie et chef opérateur pendant plus de quinze ans pour l’émission télévisuelle Le Jour du Seigneur que l’on confie la délicate tâche de concevoir le nouvel éclairage. Pour ce faire, le concepteur lumière choisit la LED et en tout, plus de 400 luminaires sont installés pour assurer l’éclairage général ; ils sont pilotés par DMX à l’aide d’un système informatique à écran tactile qui en facilite la commande. Divers programmes de lumière sont enregistrés, et le régisseur, Laurent Prades, a la possibilité d’ajouter des séquence. Mais les travaux de rénovation ne sont pas pour autant terminés : fin 2015, Armand Zadikian met en lumière la clôture séparant le déambulatoire de l’intérieur du chœur, révélant les deux fresques de 20 m de long chacune, réalisées de 1300 à 1350, par les artistes Pierre de Chelles, Jean Ravy et Jean Le Bouteiller. Puis, début 2017, c’est au tour des chapelles latérales de l’édifice de connaître le pinceau de lumière de l’éclairagiste, sous la houlette de Monseigneur Patrick Chauvet, recteur-archiprêtre de Notre-Dame de Paris depuis 2016.
Des chapelles-musées
La plupart des treize chapelles du pourtour du chœur renferment des mausolées ou des tombeaux réalisés par des sculpteurs tels que Louis Pierre Deseine, Jean-Baptiste Pigalle, Jean-Marie Bonnassieux ou Henri Bouchard. Les quatorze chapelles latérales sont ornées, quant à elles, de 76 Mays. Il s’agit de tableaux offerts à la Cathédrale par la Confrérie des Orfèvres, presque chaque année en date du 1er mai (d’où leur nom), en hommage à la Vierge Marie, et ce, de 1630 à 1707. On peut y admirer La Prédication de saint Pierre à Jérusalem, de Charles Poerson, La Descente du Saint Esprit, de Jacques Blanchard et bien d’autres tableaux que le visiteur pouvait difficilement voir jusqu’à présent. Mais la diversité des œuvres – les fresques aux plafonds, les peintures de différentes dimensions, les sculptures – n’est pas sans poser problème à Armand Zadikian qui souhaitait un matériel homogène sur l’ensemble des chapelles. Il fallait donc trouver un même appareil afin de faciliter à la fois les réglages, l’installation et la maintenance des projecteurs. « J’ai commencé par étudier l’ensemble des chapelles sur plan, explique Armand Zadikian, ensuite, j’ai répertorié en détail les œuvres exposées, leur orientation par rapport aux vitraux, leurs dimensions. » Après cette première analyse, le concepteur lumière a défini les principaux critères auxquels devait répondre le projecteur : en premier lieu, l’appareil devait s’adapter aux différentes situations, par la taille des faisceaux, les accessoires disponibles, les possibilités d’orientation et son aspect esthétique afin qu’il s’intègre le plus discrètement possible dans l’architecture.
Des projecteurs modulaires
Le projecteur Ledò, de Targetti, répondait à ces critères. « Ce luminaire fait partie de notre collection « Light of Florence », précise Sébastien Grosseau, responsable prescription chez Targetti. Son système particulier permet de monter quatre optiques différentes et divers accessoires. C’est un appareil qui convient bien à l’éclairage muséal car il est muni de LED dotées d’un IRC 97. C’est la version d’un blanc chaud de 3 000 K qui a été choisie. » De plus, Ledò propose plusieurs accessoires (nid d’abeille, visière asymétrique, zoom pour élargir ou étroitiser le faisceau) qui permettaient d’éviter de multiplier les appareils dans les chapelles et de faciliter les opérations de maintenance. Comme pour les précédentes rénovations, Armand Zadikian a fait appel au savoir-faire de l’équipe de Laurent Portier (La Walsh!) pour installer les rails verticaux sur les parois ou colonnes de l’édifice et ensuite, y fixer les quelque 96 projecteurs qui ont été réglés sur place.