L’accompagnement des personnes âgées est un défi économique et social. À l’horizon 2060, la France comptera près de 12 millions de personnes âgées. 96 % des retraités et futurs retraités français citent le maintien à domicile comme un ingrédient primordial du bien-vieillir1. Le fait de pouvoir vieillir chez soi est associé à l’idée que l’on a su […]
L’accompagnement des personnes âgées est un défi économique et social. À l’horizon 2060, la France comptera près de 12 millions de personnes âgées. 96 % des retraités et futurs retraités français citent le maintien à domicile comme un ingrédient primordial du bien-vieillir1. Le fait de pouvoir vieillir chez soi est associé à l’idée que l’on a su préserver son indépendance.
Selon l’étude Ifop/Synerpa d’avril 2017, le rapport au vieillissement est un sujet qui inquiète les Français, mais qui n’est pas anticipé pour 70 % d’entre eux. Pourtant, 49 % des personnes interrogées ne se sentent pas capables de s’occuper d’une personne âgée en perte d’autonomie. Ce sont même près de 80 % des Français qui sont très largement favorables au développement des structures privées en complément du secteur public pour accompagner les personnes âgées. La France passera ainsi de 12 500 structures à 13 900 structures en 2021.
Mais les EHPAD concernent les personnes en dépendance. « Les intégrateurs et installateurs doivent se faire connaître et travailler avec les résidences dites “résidences seniors”, qui doivent domotiser a minima les logements pour garantir la sécurité et l’alerte si problème », explique l’expert en domotique depuis plus de vingt ans, Didier Marsollier, président de Domea Conseil.
« Les besoins sont réels, mais encore peu connus. Autre exemple : les chambres en SSR (soins de suite et de réadaptation) après accident, avec l’optique de retourner au domicile. Il faut habituer les gens à tester des environnements domotiques pour comprendre le confort que cela représente. Si on ne le vit pas, on ne peut l’imaginer. »
Pour répondre à ce nouveau challenge démographique, la Cour des comptes préconise 12 recommandations, parmi lesquelles « suivre et soutenir, dans les plans d’aide, les expérimentations locales faisant appel à des offres de service de téléassistance et de domotique ».
Plus largement, les objets connectés peuvent apporter divers services aux seniors et participer au bien-vieillir en :
- facilitant la communication aidant-aidé par des dispositifs de suivi à distance ;
- assistant les seniors au quotidien : rappel de prise de médicaments, capteurs de détection de chute, géolocalisation d’objets ou de personnes, véhicules autonomes… ;
- permettant un meilleur suivi de la santé ;
- incitant la pratique d’activités physiques avec un suivi des progrès ;
- renforçant les liens intergénérationnels et en facilitant la communication avec les enfants et petits-enfants ;
- anticipant les risques et l’entrée en dépendance par une analyse prédictive.
Les établissements d’accueil pour personnes âgées, qu’il s’agisse d’EHPAD ou de Résidences services seniors intègrent de plus en plus les objets connectés dans leur stratégie au quotidien : tablettes connectées, appel malade haute technologie, chemins lumineux, capteurs… Ces derniers permettent d’améliorer la sécurité et la qualité de vie des résidents seniors, et de rassurer leurs proches.
Par exemple, certaines solutions sont capables de géolocaliser leurs utilisateurs très précisément à l’intérieur d’un bâtiment (pièce, étage…) et donc, de les retrouver s’ils s’égarent, un concept particulièrement efficace pour les personnes atteintes d’Alzheimer.
Maintien à domicile : ça s’anticipe !
Cette situation ne s’improvise pas. En effet, dès la soixantaine, il est nécessaire d’amorcer une réflexion pour adapter son logement ou envisager un déménagement vers un domicile plus sûr et plus confortable. Didier Marsollier explique que le maintien à domicile se développe doucement, mais ce n’est que vers 75 ans que le réflexe est d’abord de s’occuper de la douche (enlever la baignoire) et plus tard, sur des conseils comme ôter les tapis, mais peu de domotique. Seule la téléassistance est prise en dernier recours, souvent à la suite d’une chute.
Une politique de prévention des chutes mise en place dans les établissements
« C’est l’axe fort pour le développement de la domotique. On sait, avec les acteurs comme Soliha, évaluateurs et instructeurs de dossiers pour les financements de l’ANAH (les groupes d’EHPAD comme Korian) ou les mutualistes, que de l’argent va être investi sur la prévention », précise Didier Marsollier.
Cela porte sur quatre points : la chute, la dénutrition, l’isolement social et la désorientation. « Mais aujourd’hui, nous n’avons aucune idée exacte (on le pressent, mais il n’y a pas d’offre packagée) des produits et des services associés pour répondre à tout cela, probablement en actimétrie », ajoute-t-il.
Des solutions permettent d’assurer le suivi des patients et de leur bien-être, via différents capteurs, mais les algorithmes restent à créer. Ces derniers ont pour principal objectif de détecter les chutes, un véritable enjeu pour les SSR, les EHPAD et autres solutions d’hébergement pour seniors, mais l’anomalie n’est pas évidente à déceler pour déclencher la bonne alerte.
La difficulté n’est pas technologique, mais ce sont les services qui ne sont pas suffisamment développés. « Il faudra probablement le regard de psychologues par exemple, pour comprendre les besoins de chaque personne », précise Didier Marsollier.
On retrouve notamment les capteurs de micromouvement, les capteurs sensoriels, pour analyser les mouvements et l’attitude des seniors, des systèmes de déclenchement automatique, les capteurs environnementaux (détecteur d’ouverture, capteurs infrarouges, chemins lumineux…), les systèmes de vidéosurveillance ou encore les capteurs de sol, servant à détecter si la personne est au repos, en mouvement, ou a chuté.
Projet Activage
Ce projet européen (voir la présentation complète dans Electricien+ n° 69 de décembre 2017), soutenu par la Fédération française de domotique et dix partenaires pour la France, vise à identifier les solutions high-tech de demain qui seront à même d’améliorer le quotidien et la qualité de vie des anciens et de leurs aidants, en leur permettant de vivre à domicile en toute sécurité le plus longtemps possible, de prévenir leur perte d’autonomine, de diminuer le nombre de ré-hospitalisations ou encore de préparer et améliorer le retour chez soi après une hospitalisation. « Peu d’industriels en domotique se sentent concernés par ce projet qui va, pourtant, mettre en place des expérimentations utilisant les technologies du numérique », explique Didier Marsollier, de Doméa Conseil. Les premiers appartements tests vont être équipés d’une grande quantité de capteurs pour ensuite, ne conserver que les essentiels. Les intégrateurs voudraient bien venir sur ce marché, mais ils ne savent pas comment s’y prendre, ils ne sont pas en contact avec les personnes âgées et c’est difficile de le faire en direct. Cela ne peut se faire que grâce à l’écosystème local, notamment avec des tiers de confiance tels que des ergothérapeutes.
Le maintien à domicile est un sujet de société qui n’a pas encore trouvé le modèle économique et social pour aboutir à une situation tenable pour les pouvoirs publics, les artisans, les services d’aide et les personnes âgées elles-mêmes. Seule la création de services nouveaux permettra un vrai décollage de ce marché.
Le module encastré rend un éclairage connecté sans nécessiter de travaux, l’interrupteur sans fil servant à piloter ledit éclairage à distance peut être installé près du lit ou d’un sofa. C’est un produit qui s’adapte au logement de l’utilisateur et qui peut être installé facilement.
Des lois pour doper le maintien à domicile
La mise en application de la loi ASV, dont l’un des objectifs est de donner aux personnes âgées le choix du modèle d’habitat qui leur convient, prévoyait dès 2016 d’adapter plus de 80 000 logements.
Le label HS2 (Haute Sécurité Santé), officiellement lancé en juin 2016, propose aux acteurs du logement un aménagement préventif du parc immobilier, couplé à des services connectés. Son objectif est de permettre aux seniors en perte d’autonomie de rester trois à six années de plus à leur domicile et de réduire ainsi le coût de la dépendance.
1) Baromètre Malakoff Médéric de la retraite 2016.
Un très bon article, il est vrai qu’avec l’augmentation de l’espérance de vie, le développement de structures privées pour accompagner les personnes âgées est une excellente direction. Mais quid des classes socio-économique faible, ne va t on pas vers un modèle où seule les plus riches profiteront de complexes luxueux, alors que les moins aisés peine à finir le mois. Sur paris,il y a par exemple des structures comme l’adiam (www.adiam.net) financées par les pouvoir publics qui permet un encadrement avec des auxiliaires de vie sans dépenser des sommes folles.