Le 23 octobre dernier, douze grandes villes, dont Paris, Los Angeles et Tokyo, se sont engagées à mettre en œuvre l’Accord de Paris sur le climat de 2015, en devenant à l’horizon 2030 des zones à « zéro émission ». Cette déclaration éminemment symbolique annonce le bannissement progressif des énergies fossiles. De quoi réjouir les industriels que représente le Syndicat des énergies renouvelables (SER) qui rassemble les acteurs de l’ensemble des filières du secteur. Générées par le soleil, le vent, la chaleur de la Terre, les courants, les marées ou la croissance des végétaux, ces énergies sont quasi inépuisables et n’engendrent pas ou peu de déchets ou d’émissions polluantes. C’est pour toutes ces raisons qu’elles se retrouvent au cœur des enjeux de la transition énergétique. Et ce sont les industriels du SER, qui nous préparent une ère nouvelle.
Le soleil a toutes les qualités, tellement éloigné de nous, presque 150 millions de kilomètres, mais tellement proche, « il est à l’origine de toutes les énergies renouvelables, à l’exception de la géothermie, qui nous vient de la chaleur de la Terre », rapporte Jean-Louis Bal, le président, depuis 2011, du SER. Les énergies renouvelables, des filières cruciales qui répondent à des nécessités que Jean-Louis Bal nous rappelle, « lutte contre le changement climatique, indépendance énergétique et réduction des importations d’énergies fossiles, mais aussi nouvelle croissance économique, avec à la clé de nouveaux emplois ». Le Syndicat, créé en 1993 autour de sept entreprises, a parcouru depuis bien du chemin puisqu’il fédère, à ce jour, 380 adhérents, de grands énergéticiens (Engie…), de grands industriels (General Electric, Schneider…), et aussi des PME, des ETI, qui génèrent un chiffre d’affaires en France de 10 milliards d’euros et représentent déjà 100 000 emplois. Le Syndicat « défend les intérêts de ses adhérents professionnels du secteur en développant des filières industrielles dynamiques et durables ». Des entreprises actives dans les toutes les familles d’énergies renouvelables, le solaire thermique et photovoltaïque, l’éolien terrestre et maritime, l’hydroélectricité, les énergies marines renouvelables, la biomasse (bois énergie, biocarburants, biogaz) et la géothermie. La France est une nation privilégiée, qui présente de nombreux atouts pour ces industriels. « Notre pays dispose du deuxième gisement de vent d’Europe, derrière la Grande-Bretagne, du cinquième en matière d’ensoleillement, de la quatrième forêt », le territoire est abondant en ressource hydraulique, et les nouvelles exploitations des rivières qui pourraient être réalisées représentent un potentiel « équivalant à une année de production d’une centrale nucléaire ». Sans oublier que le territoire métropolitain assorti des territoires et départements d’outre-mer « représente la seconde zone économique exclusive maritime mondiale, juste derrière les États-Unis ». De quoi répondre aux objectifs de la loi du 22 juillet 2015 « relative à la transition énergétique pour la croissance verte qui porte des objectifs ambitieux pour le développement des énergies renouvelables », loi dont le SER fut l’une des chevilles ouvrières. Il y a dix ans déjà, le Syndicat avait participé au Grenelle de l’Environnement et à la définition des objectifs à atteindre à l’horizon 2020, « 23 % d’énergies renouvelables dans la consommation finale ». Pour 2030, la loi de transition énergétique pour la croissance verte fixe un objectif de 32 % d’énergies renouvelables dans le bouquet énergétique français, « 40 % dans l’électricité, 38 % dans la chaleur, 15 % dans les carburants et 10 % dans le gaz ».
Pour atteindre ces objectifs, le Syndicat multiplie ses actions. « Nous sommes en contact avec les pouvoirs publics et les parlementaires et intervenons auprès des instances françaises et européennes pour faciliter l’élaboration des programmes de développement des énergies renouvelables et leur mise en place. »
Pour faire le point sur l’actualité des différentes énergies qu’il regroupe, le SER organise des colloques par filière (les Assises nationales de l’éolien terrestre, celles des énergies marines renouvelables, le colloque national biomasse, le colloque national photovoltaïque) et, tous les ans, son colloque national, « très politique, auquel participent parfois des Premiers ministres(1), mais aussi des personnalités comme Bertrand Piccard(2), dont les actions en faveur des énergies renouvelables sont particulièrement remarquables ». Toutefois, relève Jean-Louis Bal, « selon les données publiées, la France n’a réalisé que les deux tiers de l’objectif fixé pour 2020 dans le cadre du Plan d’action national en faveur des énergies renouvelables ». Ces résultats confirment les craintes exprimées par le SER depuis plusieurs années : « sans une accélération massive du développement des énergies renouvelables, la France ne sera pas au rendez-vous de ses engagements pris pour 2020 ». Selon le rapport du CGDD(3), les énergies renouvelables ne représentaient que « 15,7 % du bouquet énergétique à fin 2016 ». Cette part a augmenté de 6,5 % depuis 2005, « grâce à la montée en puissance des biocarburants, des PAC(4) et de la filière éolienne terrestre, ainsi qu’au développement du solaire photovoltaïque et de la biomasse pour le chauffage ». Mais au rythme constaté en 2016, la part du renouvelable atteindrait seulement 19 % à fin 2020. Il y a nécessité de redresser la barre. Le président du SER prévient, « il est urgent de mobiliser toutes les filières et de mettre en œuvre très rapidement les mesures opérationnelles que nous avons proposées au Gouvernement dès cet été ». Le Syndicat a identifié des actions concrètes et immédiates, « qui portent sur les aspects juridiques, économiques, techniques et industriels. Nous sommes convaincus qu’elles permettront d’accélérer le rythme de développement des énergies renouvelables pour être au rendez-vous de 2030 ». Le secteur des énergies renouvelables peut théoriquement créer 100 000 emplois supplémentaires à cet horizon. Ce n’est pas une mince affaire. Nul ne doute que la nouvelle mandature, qui a placé l’emploi et le travail au cœur de son action politique, ne restera pas insensible à l’appel du président Jean-Louis Bal. Sans omettre que le développement de ces énergies peut procurer le plus grand bien à notre planète… Ainsi qu’à notre santé !
Olivier Durand
(1) Participation de Lionel Jospin en 2001 et de Manuel Valls en 2015.
(2) Bertrand Piccard : codéveloppeur et copilote de l’avion solaire « Solar Impulse », avec lequel il a réalisé un tour du monde de mars 2015 à juillet 2016.
(3) Commissariat général au développement durable.
(4) Pompes à chaleur.