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FORMEZ-VOUS SUR KNX !

Sous la lourdeur de l’installation se cache un protocole standard qui évolue avec le temps pour s’adapter à son époque. Ainsi sont apparus en 2006 KNXnet/IP, en 2010 ETS4, en 2012 ETS Apps, en 2014 ETS5 et en 2016, KNX IoT 1.0 associant un webservice. Les évolutions multimédias ont été la paire torsadée, la radiofréquence, le courant porteur en ligne CPL et l’IP, alors qu’en matière de cybersécurité, les industriels proposent KNX IP Secure et KNX Data Secure.

Comment fonctionne KNX ?
Les capteurs sont sensibles aux ordres, aux commandes et aux mesures : boutons-poussoirs, détecteurs de présence, mesure de variation de température ambiante, niveau de luminosité (toute grandeur physique en fonction des besoins). Ils traitent ces informations, puis envoient les ordres correspondant aux produits de sorties ou actionneurs via le bus. Les actionneurs reçoivent les informations qui transitent sur le bus, acquittent les échanges d’informations et exécutent les ordres qui leur sont destinés (éclairage, CVC, stores/volets roulants, contrôle d’accès, etc.). Le bus d’installation est le support physique du réseau de commande. C’est un câble de type paire torsadée adapté et certifié. La combinaison bus + radio ou infrarouge permet d’agir depuis les touches des télécommandes sur l’ensemble des récepteurs pilotes par le bus de commande.

 

KNX, un protocole tertiaire
La première utilisation de KNX est les bureaux, car il permet une visualisation complète du bâtiment avec le pilotage et le contrôle de l’ensemble (éclairage, ouvrants, HVAC…), depuis un poste fixe ou en mobilité (dans le bâtiment, depuis l’extérieur…). KNX est une architecture décentralisée. Chaque participant est autonome et communique avec les autres pour en envoyer et recevoir des commandes seuils de luminosité, consigne de température…). Il n’est pas nécessaire d’avoir un serveur/contrôleur domotique pour faire fonctionner KNX. Pour le mainteneur, il exploite le suivi des consommations, les alarmes, les reports de défauts et surveille les seuils.

Mais la question de l’installation d’un réseau KNX se pose pour les petits commerces et le résidentiel. Car l’investissement en KNX impacte le prix du mètre carré sur des petites surfaces.
Les reproches faits à KNX portent sur le prix du matériel, le temps d’installation, la non-prise en main par l’utilisateur et le coût des changements.

Effectivement, une réalisation KNX doit être réfléchie dès le début du projet car ce n’est pas aussi basique que d’autres protocoles plus Iot. Il faut imaginer que KNX permet un véritable contrôle de l’habitation, du commerce ou des bureaux : programmation horaire, contrôle et gestion des circuits de puissance d’éclairages, gestion de l’éclairage extérieur, gestion des brises-soleil/stores – volets roulants, centralisation de ventilation double flux, contrôle et gestion du chauffage, gestion de l’eau chaude sanitaire (ECS), gestion du circuit de ventilation et traitement d’air, contrôle d’accès, gestion des alarmes techniques…
Les promoteurs installent du KNX à partir de 50 logements en industrialisant le processus de pré-programmation. « La mise en service est systématisée en faisant un copié-collé des paramètres. Il suffit de disposer des numéros de série et de les intégrer dans ETS pour tout charger. Inutile de se déplacer pour appuyer sur le bouton et appairer chaque module. Certains fabricants proposent même des tableaux courants faibles préprogrammés », explique Benoît van den Bulcke, directeur de Blueprint et formateur KNX domotique, est vue comme un surcoût par le promoteur. Celui qui exploite n’est pas celui qui construit. L’un a une vue court-termiste avec un objectif de marge alors que l’autre veut pérenniser son investissement. Et les deux discutent peu ensemble sur la technique.

KNX dans le résidentiel ?
L’étude Context/FFDomotique montre qu’en 2017, une personne sur deux a entendu parler de smart home, ce qui signifie que l’appétence pour la maison connectée est là. Mais, comme le précise Benoît van den Bulcke, « le prix du KNX dépend du type d’architecture choisi. Si tous les actionneurs et toutes les lignes sont ramenés au tableau, cela complexifie le travail et vous devez ajouter un deuxième tableau. Ce qui a pour effet de faire grimper le prix du matériel et le temps d’installation. Mais si on réfléchit à une architecture identique avec les réseaux maillés, le prix du point de contrôle en KNX s’écroule drastiquement pour être identique à celui d’un Z-Wave et inférieur à EnOcean ». Peut-être, mais il faut croire en ces capacités commerciales et en ce protocole pour dépenser un prix conséquent pour le maîtriser. Le coût de la licence coûte 1000€, le niveau 1 et 2 de formation 1500€. On est très loin du coût quasi nul d’EnOcean ou Z-Wave. Mais avec KNX, le client dispose d’une installation filaire stable, sans source de radiofréquences, industrielle et robuste qui a fait ses preuves. Dans les programmes neufs en Allemagne, 8 logements sur 10 sont installés en KNX et le prix du matériel s’en ressent avec une concurrence exacerbée. La Fédération française de domotique a mis en place un tutorat de 28 heures. De son côté, Prestige Distribution, intégration Audio-Vidéo, la domotique et la salle de cinéma privé est en train de créer son centre de formation. « Pour celui qui maîtrise KNX, même les petits chantiers sont rentables. Je reproduis un réseau maillé en installant les modules dans les pots sans actionneur au tableau. Je fais courir le câble KNX dans la même gaine que le câble électrique, puisque c’est autorisé. Ça fonctionne très bien et c’est hyper-compétitif : juste des modules, une passerelle KNX/IP, une box. De plus, mes clients sont contents car je leur laisse choisir leurs interrupteurs classiques. Et il y a bien d’autres avantages pour l’électricien », explique Benoît van den Bulcke.

Les formations KNX
Le thème de la formation est un vaste sujet, notamment pour KNX. Mais la demande va croissante et les promoteurs de logements collectifs et de bâtiments tertiaires ajoutent au cahier des charges le contrôle à distance, la gestion et la remontée des consommations énergétiques avec un système pérenne. En France, 31 centres de formations reçoivent les étudiants, que ce soit en formation continue, chez les fabricants et les intégrateurs formateurs, ou initiale, en Lycée et IUT.

2631 installateurs sont certifiés KNX Basic mais seulement 86 KNX Advanced. Henry Soulet, Theben, a rappelé, lors de la journée à l’Afpa Marseille, les différentes formations certifiantes KNX existantes au-delà de KNX Basic, pour atteindre le niveau de plus en plus demandé sur le terrain : KNX Advanced voire KNX Tutor (formateur). « Il y a un véritable déficit d’installateurs suffisamment compétents pour répondre à la demande du marché. Ce n’est que 30 heures de cours, pour être appelé ensuite sur de nombreux chantiers » précise-t-il. « Aujourd’hui, nombre d‘installateurs répondent en KNX sur des appels d’offres de promoteurs, mais ne maîtrisent pas suffisamment leur sujet en ne passant pas KNX Advanced, regrette Benoît van den Bulcke. Avec Gérard Bourdon, directeur de la licence pro domotique de l’IUT Créteil/Vitry, nous y avons créé le centre de formation KNX. C’est le plus gros centre en France, avec 8 postes accueillant 16 personnes. D’abord destiné aux promotions de 25 étudiants apprentis depuis trois ans, le centre va accueillir des professionnels. Avec Albert Bouchoucha, fondateur de Domotizy et du showroom Domotique Paris, nous allons tripler la cadence à partir de janvier prochain» Le déficit d’intégrateurs KNX est criant en France, notamment pour les spécialisés. Quand on connaît le développement des structures d’accueil pour le grand âge comme les Epad, la carte des intégrateurs KNX « Maintien à domicile » semble irréaliste, tant le nombre est faible et la présence territoriale disparate. ((image carte integrateur_KNX MAD.jpg proche de cette partie))

La croissance de la domotique et de l’immotique se fait sur l’immobilier neuf et très peu en rénovation car la GSB ne promeut pas activement. Les intégrateurs disposent d’un boulevard s’ils veulent se focaliser sur les marchés porteurs comme les programmes de logement collectifs. La carence en intégrateurs est réelle et les sollicitations des électriciens vont croissantes. Vous pouvez proposer du KNX sur tous les types de chantiers. La vraie question n’est pas celle du protocole mais celle de la technologie. Filaire ou radiofréquence ?

Image nouvelle-approche-KNX.jpg
légende : Nouvelle approche pour le déploiement d’une installation KNX dans les logements collectifs de Benoît van den Bulcke

 

Henri Soulet
Chef produits automatismes du bâtiment chez Theben France

Vous avez un message à adresser aux installateurs ?
Je pousse un coup de gueule, car le niveau de certains intégrateurs KNX sur le terrain est trop bas. Ils ne peuvent pas s’en sortir avec un niveau si faible. Le marché est porteur et la demande augmente. Ils doivent prendre conscience de l’opportunité à saisir. Ils se plaignaient, à juste titre, que le marché ne décollait pas.

Vous pouvez préciser ?
Tout va bien avec de l’éclairage classique on/off. C’est déjà plus difficile avec de la variation et ça se complexifie si on introduit l’allumage selon la luminosité. Alors imaginez quand on ajoute la CVC ! De nombreux installateurs sont complètement dépassés. C’est pour cela que les fabricants ont décidé de promouvoir la formation. Nous avons besoin de KNX Advanced pour être capables de gérer la complexité des projets. Nos électriciens doivent se remettre en cause. Les informaticiens que nous rencontrons ne se posent pas ces questions car la mise à niveau est permanente dans leur secteur.

Mais la formation coûte cher !
C’est vrai, mais l’amortissement peut se faire sur deux ou trois ans. Les projets sont là. Bien sûr, il faut vouloir gagner des affaires et répondre aux projets et appels d’offres. Le secteur du bâtiment entame une révolution et les installateurs doivent accompagner ce mouvement. Ils attendent depuis 30 ans que ça décolle, alors ils doivent se former pour gagner enfin leur vie. Nous ne sommes pas plus bêtes que les Allemands, les Anglais ou les Espagnols. Alors formez-vous !

 

Trucs et astuces
La société belge 5A commercialise un micro PC qui permet de paramétrer et prendre le contrôle d’une installation KNX à distance même quand le chantier n’est pas terminé.

Animation KNX en région
Près de 100 participants se sont joints à la journée d’information KNX du 15 juin 2017 à l’Afpa Marseille. Cette large audience représentait l’ensemble de la filière de la gestion technique des bâtiments : bureaux d’études, intégrateurs, distributeurs, exploitants, professionnels du second œuvre tels que les électriciens, les climaticiens, fabricants, formateurs professionnels et syndicats professionnels du bâtiment.
Les membres KNX, Rémy Ostermann – Schneider Electric, Cyril Malinvaud – Hager, Patrick Berenguer – Siemens et Jérémy Duhain – Phase neutre, ont présenté les solutions KNX pour les plateaux de bureau et pour le maintien à domicile.
Après les conférences sur l’avenir de KNX, des ateliers réunissant des maquettes de démonstration fonctionnelles préparées par les différents fabricants et par l’Afpa ont permis de mettre le doigt sur les principaux constituants d’une GTB et de répondre aux questions des participants.

L’association KNX France propose sur son site Internet tout ce qu’il faut savoir sur ce protocole. Les documentations, la communauté, les formations, les logiciels ETS et l’accès au KNX UserClub France.

 

3 niveaux de formation
– KNX Basic : acquisition des bases et découverte du logiciel ETS ;
– KNX Advanced : perfectionnement des connaissances « métier » et renforcement de la maîtrise d’ETS ;
– KNX Tutor : pour devenir centre de formation KNX.

 

David Le Souder: Rédacteur en chef magazine Electricien+ en charge du développement de www.filière-3e.fr Dirigeant de l'agence de communication Mediaclass et responsable marketing opérationnel indépendant; Master marketing industriel. De 1998 à 2007 : responsable communication chez SICK AG De 2007 à 2009 : responsable communication chez Siemens Industry Automation and Drives Technology Depuis 2009 : responsable marketing opérationnel indépendant.
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