Transition énergétique : un engagement notable des candidats en faveur des énergies renouvelables
La gauche, vers un futur 100 % renouvelable
Les candidats à l’élection présidentielle promettent, dans leur totalité, de renforcer la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique global. C’est logiquement à gauche que les objectifs sont les plus ambitieux. Jean-Luc Mélenchon, comme Benoit Hamon, proposent à long-terme, une sortie définitive et totale du nucléaire. Les deux candidats partagent le même objectif de 100 % d’énergies renouvelables en 2050. Selon Jean-Luc Mélenchon, en cas de sortie du nucléaire, les coûts totaux de la transition énergétique seraient largement amortis par les économies de 370 milliards d’euros réalisées d’ici 2050 sur les dépenses de santé, d’énergie et de lutte contre le réchauffement climatique. Sur les 50 milliards d’investissements publics proposés par Emmanuel Macron en début de quinquennat, 15 milliards seraient consacrés à la transition énergétique. Le candidat social-libéral espère « doubler la capacité en éolien et en solaire photovoltaïque » d’ici 2022 et réduire à 50 % les besoins en nucléaire d’ici 2025, poursuivant ainsi les aspirations tracées par la loi sur la transition énergétique. Les trois candidats exigent en outre la fermeture de la centrale de Fessenheim.
François Fillon et Marine le Pen : priorité au nucléaire
Face aux objectifs affichés par la gauche, François Fillon et Marine le Pen émettent de sérieuses réserves. Sans apporter de chiffres précis, François Fillon ambitionne aussi d’augmenter la part du renouvelable dans le mix énergétique global mais dénonce les objectifs de la gauche comme des « choix dogmatiques. » Rompant avec le quinquennat Hollande, le vainqueur de la primaire promet une nouvelle loi sur la transition énergétique et un maintien des capacités nucléaires françaises. Le candidat des Républicains propose en ce sens la prolongation de la durée d’exploitation des réacteurs existants de 40 à 60 ans par la mise en application du grand carénage et le développement de nos outils de Recherche et Développement dans le domaine des réacteurs de 4ème génération. Assumant un refus de toute forme d’interventionnisme étatique, il compte sur le marché et les innovations des entrepreneurs pour le développement des énergies renouvelables. Marine le Pen refuse aussi d’envisager une sortie définitive du nucléaire et souhaite, comme son concurrent, lancer le grand carénage pour prolonger la durée d’exploitation des réacteurs existants. La candidate d’extrême-droite avance tout de même le chiffre de 20 % d’énergies renouvelables sur le long-terme, bien loin des objectifs avancés par la gauche.
Isolation et efficacité énergétique des bâtiments : en finir avec la précarité énergétique
Investissement étatique et rénovation thermique des bâtiments
La consommation d’énergie des habitations constitue environ 43 % de la consommation totale d’énergie en France et 25 % des émissions de gaz à effet de serre. Les différents candidats souhaitent, dans leur ensemble, une réhabilitation thermique des bâtiments d’une grande ampleur. Cependant, entre eux, les nuances sont notables. Pour les candidats de gauche, une politique volontariste d’investissement public est nécessaire, notamment en direction des ménages les plus précaires. Dans un cadre général, le candidat de « La France Insoumise » espère mettre en œuvre un vaste plan de remise aux normes écologiques des bâtiments publics et privés. Sur les 100 milliards d’euros d’investissements publics promis par Jean-Luc Mélenchon, 20 milliards concernent l’isolation thermique des bâtiments. Le candidat avance ainsi le chiffre de 700 000 logements rénovés parmi les plus précaires et souhaite faire du logement social une filière pilote en matière d’innovation écologique. L’objectif final est « une baisse de 65 % de la consommation d’énergie d’ici 2050 sans perte de service ou de qualité. »
Le candidat socialiste partage des points communs avec Jean-Luc Mélenchon, exigeant notamment une remise aux normes énergétiques des logements sociaux et un renforcement des aides incitatives aux particuliers désireux d’engager des travaux de réhabilitation thermique. La rénovation et la remise aux normes écologiques des quartiers populaires sont chiffrées à 10 milliards d’euros par le candidat socialiste sur l’ensemble du quinquennat. Benoit Hamon tient aussi à la mise en œuvre d’un « bouclier énergétique », qui devrait permettre aux ménages les plus précaires de ne pas dépenser plus de 10 % de leur budget global pour leur facture énergétique.
Emmanuel Macron et François Fillon : mesures incitatives et baisse des charges
Emmanuel Macron souhaite la mise en œuvre de mesures coercitives pour l’interdiction des « passoires énergétiques » à la location en 2025. De même, le candidat social-libéral envisage la rénovation de la moitié des logements-passoires d’ici 2022. Afin d’encourager les particuliers à engager les rénovations nécessaires, l’ancien ministre annonce la transformation du Crédit d’Impôt Transition Energétique (CITE) en prime immédiatement perceptible au moment des travaux et des audits gratuits pour les propriétaires en situation de précarité énergétique. Pour les propriétaires les moins fortunés, un fonds public de 4 milliards d’euros devrait être mis en place afin de leur permettre d’engager leurs travaux.
Le candidat des Républicains désire encourager la réhabilitation thermique des bâtiments par des mesures fiscales incitatives et faire amplement profiter les professionnels du secteur de la réduction de 50 milliards d’euros de charges prévue durant le quinquennat. François Fillon souhaite ainsi mettre en place un crédit d’impôt aux particuliers pour l’utilisation d’éco-matériaux. Pour les artisans, un effort sur la qualification professionnelle et la labellisation est prévu en cas d’élection, ainsi qu’une franchise de TVA jusqu’à certains seuils définis pour artisans et auto-entrepreneurs. Dans son objectif global de réduction des charges et taxes, l’ancien Premier Ministre promet la suppression de la Contribution au Service Public de l’Electricité (CSPE), qui devrait permettre de dégager 68 milliards d’euros sur l’ensemble du quinquennat. Le vainqueur de la primaire souhaite reverser tout ou partie de ces économies dans « la rénovation des logements et plus particulièrement des logements anciens les plus énergivores. » Marine Le Pen n’avance pas de chiffres précis pour la réhabilitation thermique des bâtiments mais vise tout de même à l’ériger « en priorité budgétaire du quinquennat. »