La GTB à l’hôpital, investir sur l’humain et les systèmes ouverts
« On peut observer, dans les grosses unités hospitalières, une tendance affirmée à une maîtrise plus forte de la GTB avec des compétences techniques internes formées, capables de maintenir et faire évoluer les systèmes en place. Investir sur l’humain et les compétences internes, tout en faisant des choix privilégiant des systèmes ouverts et maîtrisables simplement, nous retrouvons ces objectifs pour plusieurs de nos clients tels que Cochin à Paris, Purpan à Toulouse, ou le CHU de Strasbourg », introduit Pascal Tigreat, responsable du département Automation de Wago. Cela fonctionne plutôt bien avec un impératif : une GTB opérationnelle et pérenne permettant aux services techniques de redevenir ou d’être autonomes sur des sujets tels qu’efficacité énergétique et disponibilité des installations.
Efficacité énergétique : maîtriser les consommations et mieux piloter les équipements
« L’efficacité est un topic, mais ce n’est pas toujours directement la priorité numéro un car, à l’hôpital, le confort prime et l’on agira différemment du tertiaire : pas question d’imposer une température de consigne unique comme pour les bureaux », illustre Teddy Caroni, responsable Marketing au sein de Btib.
On va donc chercher l’efficacité davantage par l’optimisation et le suivi du bon fonctionnement des équipements et la gestion d’alertes en cas d’incidents (fuites, dérives par rapport aux optimums, mise en manuel oubliée, etc.).
Maintenant que le bâtiment a un « système d’exploitation intelligent », i.e. sa GTB, on peut y connecter des systèmes externes. Ainsi, par exemple, obtenir la traçabilité par géolocalisation des équipements stratégiques : via une API, on récupère les données de localisation des matériels qui sont partagés et circulent entre services et salles, et on économise sur le temps de recherche du matériel tout en minimisant le risque de vol. « Les réflexions en cours sont donc sur l’amélioration de ce qui est fait au quotidien dans l’hôpital, et ce avec des services supplémentaires grâce à la connaissance du bâtiment », note Teddy Caroni.
Conjuguer confort et sobriété énergétique
Au CHU de Strasbourg, nous avons mis en place près de 400 automates pour gérer la gradation de luminosité et les stores, ainsi que la climatisation ou le chauffage par chambre. Tout en gardant en focus l’efficacité énergétique, le tout intégré dans une supervision globale qui traite également du lot électrique (gestion du délestage, relestage et des groupes électrogènes), détaille Pascal Tigreat.
Encore des gisements importants d’économies d’énergie
« Il y a beaucoup de renouvellement de la gestion de l’éclairage. Le passage en LED et DALI, ou en fluo et DALI avec ballast gradable, appliqué à des couloirs ou espaces allumés constamment, permet de passer en basse luminescence s’il n’y pas de personnel présent. À l’hôpital d’Angers par exemple, la consommation d’énergie a ainsi été divisée par 2. À l’hôpital de Niort, c’est la gestion de l’éclairage des parkings qui a été revisitée pour un retour sur investissement de moins de deux ans », illustre Pascal Tigreat.
La gestion des sas à l’hôpital est également clé : l’absence de double sas, ou encore l’ouverture simultanée et prolongée des sas peuvent rapidement générer des déperditions importantes. Par ailleurs, la nécessaire surpression pour assurer le confinement des blocs opératoires peut elle aussi faire l’objet d’un mécanisme de régulation optimisé. Ainsi, si l’on met en place des vannes VAV communicantes, on connaît en permanence leur valeur de registre d’air et il est possible d’adapter l’automatisme qui pilote le régime de la CTA. Avec au final près de 25 % d’économies d’énergie juste par une meilleure régulation des CTA et des boîtes VAV, précise l’expert.
Le secteur hospitalier poursuit donc sa transformation, le monde du numérique et la GTB sont désormais dans son ADN, et ce de façon pérenne, même si les contraintes budgétaires freinent encore parfois le mouvement.
« L’hôpital d’Annecy : une GTC industrielle, évolutive depuis plus de 10 ans. » Régis Ruckert, directeur d’activités au sein d’Automatique et Industrie (AI).
Reposant sur une boucle optique Ethernet autocicatrisante, la GTC du Change – Centre hospitalier Annecy et Genevois – gère près de 8 000 points avec une architecture de supervision constituée de deux serveurs redondants et de sept postes clients.
« Au fil des années, il y a eu des opérations de maintenance évolutive d’envergure variable, et dans deux buts principaux : d’une part, maintenir une architecture pérenne grâce à des montées de version régulière des systèmes et logiciels utilisés. D’autre part, améliorer le suivi opérationnel avec la GTC, qui est le véritable fédérateur de la multitude de lots techniques mixant des automates industriels variés (Schneider, Omron, Saia, etc.) », explique Régis Ruckert.
Un point a fait l’objet d’une attention particulière : la gestion des astreintes pour permettre de trier, prévenir la bonne personne au bon niveau, en fonction du type d’alarme métier, et gérer les cascades en cas de non-réponses. « Chaque défaut fait aussi l’objet d’une synthèse vocale, et le progiciel Alert qui est couplé à la supervision permet à l’équipe technique de l’hôpital de gérer simplement, au quotidien, les plannings et orientations des alertes », ajoute l’expert.
Pour 2017, cap sur l’efficacité énergétique : un projet est en cours avec la mise en place de compteurs sur les tableaux divisionnaires pour suivre les consommations électriques par étage, ainsi qu’une analyse qualitative de l’électricité (distorsion, harmoniques). Les compteurs, connectés via l’anneau optique, rapatrient directement les données au superviseur PcVue. Des vues particulières sont en cours de développement pour permettre l’agrégation et la présentation des données.
CHU Amiens-Picardie : la GTB au service de l’excellence hospitalière, le projet et ses bénéfices
Avec près de 5 800 salariés, 1 700 lits, un nouveau bâtiment de 122 000 m2 inauguré en 2014 et un bâtiment ancien en cours de rénovation, la GTB du CHU d’Amiens est le centre névralgique de suivi et commande d’une… mini-ville.
En terme d’équipements techniques, ce sont près de 8 MW de puissance électrique alimentée par deux réseaux EDRF distincts, 24 MW de puissance de chauffage avec trois chaudières, 8 MW de production d’eau glacée…
Contrairement au choix des équipements techniques, laissés aux entreprises titulaires des lots, le CHU Amiens-Picardie a choisi le logiciel de supervision en accord avec le maître d’œuvre et le bureau d’études. « Notre chantier est un véritable partenariat, notre objectif était de réussir tous ensemble. C’est un succès collectif ! », affirme Bernard Claeys, ingénieur général, chef du pôle Fonctions Supports et Ingénierie du CHU Amiens-Picardie.
Le projet du CHU Amiens-Picardie est un projet à long terme : la supervision doit être capable d’intégrer de nouveaux bâtiments, de nouveaux sous-systèmes… Grâce à l’ouverture de Panorama E² et la programmation objet, il nous est possible de faire évoluer l’application en parallèle du projet, ajoute-t-il.
Trois profils d’usage sont distingués :
– le gestionnaire : le responsable technique du CHU ;
– les opérateurs internes : électriciens, plombiers, poste de sécurité ;
– les prestataires externes : en particulier le sous-traitant Idex qui gère et maintient plus de 200 centrales de ventilation.
Plusieurs axes de réflexion sont en cours pour optimiser les dépenses d’exploitation du CHU, qui s’élèvent à plus de 609 millions €/an, notamment pour le suivi des consommations d’énergies, la surveillance des équipements, le taux d’utilisation des machines, la disponibilité des équipements grâce à une stratégie de maintenance prédictive.
Jean-François Moreau