Transition énergétique et croissance verte : entre espoir et scepticisme
La gauche engagée pour une transition énergétique globale
Qu’il s’agisse d’écosocialisme ou de croissance verte et malgré des désaccords limités entre eux, les candidats de gauche prônent une rupture majeure avec le modèle actuel, envisageant ainsi une sortie progressive ou totale du nucléaire à long-terme. Benoit Hamon affiche l’objectif ambitieux « d’atteindre 50 % d’énergies renouvelables » d’ici 2025, notamment par des mécanismes incitatifs destinés aux ménages et entreprises désireux de s’équiper dans ce domaine. L’ancien ministre double cette approche citoyenne et participative d’une stratégie étatique volontariste. Ambitionnant de planifier une vaste transition énergétique à l’échelle supranationale, Benoit Hamon souhaite en outre inclure la transition énergétique dans le projet européen. Pour cela, il espère débloquer un fonds global de 1 000 milliards d’euros « à destination prioritaire des zones de l’Europe les plus défavorisées ». Yannick Jadot, candidat d’Europe Ecologie – Les Verts, va plus loin et aspire même à « constitutionnaliser » l’écologie et envisage, sur le modèle de certains pays du Nord, une sortie définitive du nucléaire pour 2035. Jean-Luc Mélenchon, quant à lui, a intégré la transition énergétique dans son programme, prévoyant « une planification écologique » destinée à un financement public massif des énergies alternatives.
Macron : la French Tech au service de la transition énergétique
Inspiré par le modèle théorique d’économie circulaire, Emmanuel Macron s’inscrit dans l’optique d’une croissance verte en optant pour une « modernisation par l’écologie ». Pour l’ancien ministre de l’Economie, la réduction des coûts et la rentabilité croissante des énergies renouvelables doivent inviter les décideurs politiques à inclure de plus en plus les formes alternatives d’énergie dans le mix global. Le candidat social-libéral souhaite aussi s’appuyer sur le savoir-faire et l’inventivité de la French Tech pour créer des synergies positives et une émulation innovatrice. Pour accompagner ce processus, Emmanuel Macron désire encourager le soutien d’investisseurs capables d’assurer un financement sur le long-terme. Reprenant les grands thèmes de la loi sur la transition énergétique et évoquant « de grandes marges de progression dans l’efficacité énergétique », il s’engage à développer des « réseaux électriques intelligents à grande échelle » et à promouvoir le développement de villes durables.
A droite, scepticisme et transition partielle
A droite, les candidats expriment de vives réserves face aux objectifs ambitieux affichés par la gauche. François Fillon souhaite ainsi « prolonger la durée d’exploitation des réacteurs existants, de 40 à 60 ans » et entamer un développement modéré des énergies renouvelables. Loin des aspirations des partis de gauche, le vainqueur de la primaire espère au contraire un maintien des capacités nucléaires françaises, au nom de l’indépendance énergétique. Il prône même la construction supplémentaire de petits et moyens réacteurs nucléaires et une accentuation des recherches et du développement des réacteurs de 4ème génération, capables d’assurer un recyclage optimisé des déchets. Au Front National, à l’encontre d’objectifs de sortie globale du nucléaire jugés irréalistes et utopiques, il est plutôt question de valoriser la recherche « dans les énergies renouvelables et dans les nouvelles sources d’énergie ». Le but est de « couvrir à terme 10 à 15% de nos besoins énergétiques ». Cependant, pour Marine le Pen, les énergies renouvelables doivent avoir vocation à se limiter localement à de petites structures et entreprises
Efficacité énergétique des bâtiments : un nouvel enjeu de campagne
La précarité énergétique : un enjeu social pour la gauche
Face à la précarité énergétique, qui touche près de 12 millions de français, les candidats de gauche déplorent la faible efficacité énergétique des bâtiments, dont les conséquences sanitaires constituent un enjeu majeur. Benoit Hamon propose dans ce cadre une vaste planification en vue d’une réhabilitation thermique des bâtiments et un accompagnement incitatif des entreprises spécialisées dans le secteur. Le candidat socialiste prévoit en outre un « chèque énergie » destiné à empêcher les privations liées à une situation de précarité sociale, en proposant une aide financière aux ménages en difficulté. Cette priorité accordée à la rénovation énergétique des bâtiments rejoint aussi celle du candidat écologiste qui souhaite atteindre, durant le quinquennat, la rénovation thermique complète de 750 000 logements par an. Jean-Luc Mélenchon encourage, de son côté, une « sobriété énergétique », tant au sein des infrastructures publiques que chez les particuliers. Evoquant aussi le secteur du bâtiment, le candidat du Front de Gauche promeut « une prise en compte de l’efficacité énergétique dans la construction du neuf » et « l’instauration de normes plus fortes sur les produits consommateurs d’électricité ».
François Fillon : encourager la rénovation thermique par des mesures fiscales
Dans un programme détaillé de 12 pages consacré à la transition énergétique, le candidat des Républicains promet des mesures incitatives destinées aux travaux de rénovation des bâtiments. François Fillon annonce ainsi la mise en place d’un crédit d’impôt aux particuliers pour l’utilisation d’éco-matériaux répondant à des « critères environnement ou socio-environnementaux ». Il promet aussi de favoriser les particuliers désireux de développer des solutions d’efficacité énergétique pour leur logement. Pour l’ancien Premier Ministre, c’est donc aux ménages eux-mêmes d’engager les travaux nécessaires, rejetant ainsi toute forme d’interventionnisme étatique dans ce domaine. Au Front National, au contraire, la lutte contre la précarité énergétique devrait passer par un investissement massif dans « l’isolation de l’habitat », exhaussée en « priorité budgétaire du quinquennat ».