Le musée national estonien a été édifié à Tartu, ville universitaire située à trois heures de route au sud-est de la capitale, Tallinn. Grandiose et imposant, le bâtiment, de 355 m de long et 71 m de large, couvre une superficie de 34 000 m². La structure est située en bout d’une ancienne piste d’atterrissage soviétique de gros-porteurs militaires, au milieu des champs. Construit dans le prolongement de la piste, l’édifice part du sol pour s’ériger progressivement jusqu’à 14 mètres de hauteur. « Le sol de cette piste devient la toiture du bâtiment, avec une légère pente qui représente l’envol de la nation estonienne avec un passé très difficile et un futur à inventer », expliquait Dan Dorrell, l’un des trois architectes, lors de l’inauguration.
Des parois diaphanes et cristallines
« Un an après avoir rejoint l’Union européenne, l’Estonie lançait un concours international pour la conception d’un musée national, retraçant l’histoire d’un peuple particulièrement malmené par les régimes totalitaires, explique Hervé Audibert. Nous avons souhaité mettre en valeur l’aspect diaphane du bâtiment imaginé par l’agence DGT : de nuit, ses vastes parois vitrées diffusent une lueur cosmique, grâce à des LED dissimulées derrière les façades. »
Le Musée national d’Estonie est intégralement habillé de parois de verre double peau qui permettent, le jour, de faire entrer la lumière naturelle dans le bâtiment et offrent, de l’extérieur, une transparence intéressante. De nuit, ces parois, pourvues de réglettes LED placées entre les deux épaisseurs, s’éclairent pour créer un cocon de lumière. Hervé Audibert a préconisé, sur l’esplanade du musée devant l’entrée principale, l’intégration de 45 encastrés de sol à LED, disposés sur toute la surface du parvis, qui éclairent en contre-plongée le porte-à-faux, donnant toute sa légèreté et son aspect cristallin à l’ensemble. À l’autre extrémité du bâtiment, des encastrés de sol à LED bordent la piste, tandis que des appareils linéaires sont intégrés aux murs et au sol pour créer un éclairage graphique qui souligne la perspective de la toiture, rappelant la fonction première de la piste d’atterrissage.
Quand la lumière redessine les volumes
Le musée présente l’histoire, la vie quotidienne et les traditions des Estoniens au travers d’une collection qui comprend 140 000 objets, la majorité de nature ethnographique et folklorique, au sein de deux expositions permanentes, « Rencontres » et « Échos de l’Oural », ainsi qu’une exposition temporaire. En plus des 6 000 m² consacrés aux espaces d’exposition, le programme comprend un auditorium, un restaurant, un café, un centre éducatif constitué de dix salles de classe, une bibliothèque, un laboratoire de recherche, une réserve d’archives et des bureaux. À l’intérieur, des volumes impressionnants par leur taille ont nécessité un habillage lumineux bien spécifique, qui rend le lieu à la fois convivial et fonctionnel. « Dans la bibliothèque, la boutique et le restaurant, vastes volumes translucides, nous avons privilégié la lumière chaude (2 300 à 2 500 K) : une forêt de petits projecteurs à LED suspendus à des tiges recrée artificiellement un plafond à échelle humaine », détaille Hervé Audibert.
Ainsi, l’éclairage confère une certaine intimité à ces espaces malgré leur hauteur sous plafond de 8 m. L’Atelier Hervé Audibert a proposé une solution à la fois esthétique et astucieuse : le plafond a été « abaissé » de façon artificielle, en faisant descendre les sources lumineuses à une hauteur de 3 m. Pour cela, des tiges en métal de 5 m ont été fixées au plafond et ponctuent l’espace de points lumineux, créant une ambiance confortable. En ce qui concerne l’éclairage muséographique, le concepteur a opté pour deux solutions : des downlights à LED installés derrière le faux plafond en résille, associés à des projecteurs wallwashers orientables, fixés sur la structure métallique et pilotables en DALI. Le projet a reçu le Grand Prix Afex 2016, qui récompense les architectes français construisant à l’export et le Prix Dejean de l’Académie d’architecture pour l’ensemble des recherches et travaux effectués par l’agence DGT.