Supervision et GTB évoluent comme le bâtiment évolue : bâtiment « Smart » ou numérique, qui devient de plus en plus truffé de capteurs mais également, demain, d’objets ou éléments connectés en tout genre. Alors que devra gérer la supervision ? En s’appuyant sur quels réseaux et sur quels dispositifs de sécurisation ? Pour quels objets communicants ? Un échantillon concret de quelques tendances pour 2017
La supervision / GTB plus que jamais indispensable au « Smart » (1500)
« En terme de Supervision et GTB, la tendance continue vers la flexibilité et la simplification. Il faut ‘’démystifier’’ la Gestion technique du bâtiment au travers d’une supervision simple, évolutive et intuitive. La visualisation, sous toutes ses formes, prend donc toute son importance et devient un élément clé pour l’utilisation optimale d’un système de supervision », énonce Mélanie Martinez, Marketing & Communication manager de Distech Controls.
« Nous avons ainsi lancé ENVYSION, interface web HTML5 pour la conception et la visualisation graphiques qui s’adapte à toutes les tailles d’écrans et qui est donc facilement utilisable sur différents supports tels que PC, tablette, smartphone », poursuit-elle.
D’autres éditeurs, tout comme Distech Controls qui a également renforcé son offre sur le sujet, ont également travaillé à associer et enrichir leurs outils logiciels d’aide à la conception graphique avec pour objectif de faciliter la création d’interfaces utilisateurs pour offrir toujours plus de services, tout en réduisant le temps d’ingénierie.
Enfin la tendance est aussi aux solutions qui laissent la part belle aux applications tierces. C’est le cas de la récente annonce à IBS de Newron System (ABB) avec Building Space®, une solution « constructeur » intégrée et ouverte sur tout produit et logiciel tiers et mise en place par un écosystème d’intégrateurs certifiés. Tous ont la volonté clairement affichée, dans l’objectif d’une démarche progressive des bâtiments existants vers le « Smart », d’une solution intégrée et basée uniquement sur des protocoles ouverts et interopérables.
Communication : la nécessaire convergence des réseaux
Les réseaux et protocoles historiques du bâtiment, BACnet™, LON® et KNX continuent de s’adapter à la nouvelle donne « Smart » du bâtiment, et pour cause ; plus de 80 % des projets de plus de 5 000 m2 sont en LON® au niveau terrain et en BACnet™ plutôt sur les niveaux automation et gestion. Pour les projets de taille inférieure, on retrouve encore des protocoles propriétaires mais évidemment des protocoles standards KNX, LON® et Modbus (source LonMark® France).
Bacnet™ et KNX, ensemble, montrent l’exemple (1700 caractères)
« Il a fallu d’abord plus de 16 ans (1990-2006) pour faire converger les bus de communication standardisés ouverts de plus de 50 à seulement 3. Ensuite, depuis 2014, il est devenu évident qu’il fallait suivre les évolutions d’Internet notamment en intégrant les services WEB et IPV6 » énonce Dan Napar, président de BACnet et vice-président de KNX.
Mais cette évolution doit se faire par conception commune des deux réseaux BACnet™ et KNX pour inclure une compatibilité ascendante des installations existantes et préserver leur bon fonctionnement.
En effet, BACnet™ et KNX intègrent aujourd’hui les Web Services et se préparent à l’interaction avec le « Smart metering » (en France LINKY) et les « Smart grids ».
« En même temps, il faut donner la réponse à l’évolution de l’Internet, notamment pour les couches basses du système OSI de communication, pour prévoir les développements informatiques futurs et les services associés tout en prenant en compte la cyber-sécurité. Ces tâches ont été confiées à l’Alliance FAIRHAIR et THREAD GROUP ».
L’Alliance FAIRHAIR réunit des constructeurs informatiques, des constructeurs de CVC et du monde de l’éclairage et leurs cibles d’évolution sont BACnet™, KNX et ZIGBEE. THREAD GROUP développe la cohabitation avec le monde Internet pour la couche basse.
« Pour KNX, il est prévu plusieurs phases notées KNX Iot1, KNX Iot2, KNX Iot3 et KNX Iot4 et ce jusqu’à 2022. À ce jour, en 2017, nous sommes au KNX Iot1 avec la mise en œuvre de KNX Security, Web Services. Le logiciel de programmation ETS sera traité ensuite. Pour BACnet™, un premier « PLUGFEST » sera organisé pour les WEB Services et IPV6. Les fonctions nouvelles suivront les programmes de spécification, standardisation et certification qui ont fait leurs preuves ce jour », précise l’expert.
LON® propose un composant bi-protocole
De son côté, LON® évolue et se dote d’un composant baptisé IzoT, permettant l’association du protocole IP BACnet™ et LON® sur le même média. LON® aborde également le « Smart » en annonçant la publication, début 2017, d’une cinquantaine de « profile » sur la base des réglementations VDI-3813 sur le « Room control » pour améliorer encore l’interopérabilité entre les produits et mieux suivre la gestion de l’énergie, de l’éclairage, des stores et du confort.
« Un plus indéniable, permettant de conserver les outils de mise en service et les produits déjà installés, mais surtout d’éviter les passerelles entre les produits LonWorks® et BACnet™. Les deux mondes sont ainsi reliés et il est aussi possible de basculer un équipement d’un réseau à l’autre. Nous pouvons vraiment parler ainsi de bi-compatibilité » énonce Daniel Zotti, président de LonMark® France.
Le routeur IzoT (Industrial Internet Of Things) assure le changement de support physique et supporte en simultané les deux protocoles. Il est déjà en cours de mise en place par certains constructeurs, notamment Occitaline au sein de ses routeurs LonWorks® et certains adhérents du LonMark® France pour les contrôleurs d’éclairage et CVC. D’autres équipementiers ou constructeurs y réfléchissent pour intégrer cette possibilité dans leurs produits.
Daniel Zotti précise que l’évolution vers IzoT sous la future référence EN14908-7, c’est le protocole IP sur la paire torsadée TP/FT10 du Lon traditionnel ; les produits IzoT supporteront l’IP V4 ET l’IPV6 et apporteront donc toutes les réponses aux applications du bâtiment et aux objets connectés. Cette nouvelle plateforme partage le même support physique que LON®, installé depuis plus de 20 ans, conserve toute la compatibilité et l’interopérabilité avec l’existant, en permettant à des nouveaux produits de discuter en IP directement. La première implémentation d’un protocole sur IP est BACnet™.
Sécuriser l’alimentation des objets et systèmes intelligents
Objets connectés ou bien encore capteurs ou compteurs intelligents, équipements décentralisés tels des API supplémentaires, passerelles ou routeurs IP, tous ces points sensibles imposent des solutions d’alimentation électrique fiables et qui ne sont pas forcément assurées ni assurables aisément par des onduleurs techniques classiques. Pour ensuite être sûr de remonter la bonne data et donc prendre les décisions ad hoc.
« C’est ce que nous ont demandé des exploitants qui souhaitaient des données fiables et pour certaines, bases de la facturation, à protéger des problématiques éventuelles de distorsion, perturbations ou des coupures de faible durée. Il s’agissait donc d’être capable de sécuriser au plus près les éléments intelligents et distribués du bâtiment avec une alimentation en sortie continue et une autonomie suffisante en cas de coupure » illustre Philippe ROUX, directeur Business Développement de SLAT.
« Basé sur notre savoir-faire dans le domaine des alimentations électriques de sécurité de très haute fiabilité et de faible puissance, nous avons conçu une gamme de micro-UPS (Uninterruptible Power Supply) possédant leur propre réserve d’énergie batterie (Lithium Fer Phosphate), de petite puissance, à très longue durée de vie (> 10 ans) », poursuit-il.
Leur taille réduite permet de les installer au plus près des installations sensibles du bâtiment intelligent. « Les alimentations UPS sont elles-mêmes communicantes, informent de tout événement opérationnel et sont capables de répondre à des ordres venant du superviseur », ajoute Philippe Roux.
Il est aussi possible de mettre en place une alimentation en modèle rail DIN avec connecteur rapide in/out. Par exemple pour protéger des compteurs à impulsion de sous-comptage d’eau ou bien pour des automates. Certains intégrateurs ont déjà pris le pli et proposent systématiquement ce type d’alimentation.
« Pour prendre un autre exemple, nous avons aussi développé un switch 4 ports PoE- PoE+ sécurisé, qui peut s’installer au plus près des éléments alimentés en PoE. Il peut ainsi permettre de protéger une grappe de caméras ou bien encore un réseau d’antennes Wifi dispersées », indique l’expert.
-Article par Jean-François Moreau