L’importance de l’audio
Conseiller le client, c’est donc d’abord l’éclairer sur la partie audio, pour laquelle les connaissances du grand public sont en général assez limitées. Plus encore que l’image, le son favorise pourtant l’immersion totale et fait vibrer le spectateur dans les scènes d’action. Or, tous les acousticiens vous le diront, l’élément primordial à prendre en compte, c’est la pièce. S’agit-il d’une salle dédiée au home cinéma et aux jeux vidéo ? Ou de la pièce à vivre ? Et le client est-il prêt à placer des enceintes en colonnes ou un caisson de basses dans son salon ? Aux contraintes d’ordre esthétique et budgétaire s’ajoutent celles purement acoustiques.
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Quand le son se réfléchit
Il faut savoir, en effet, que deux types de son parviennent à l’oreille du spectateur : le son direct, qui provient des enceintes et représente 40 à 50 % du message sonore, et le son « réfléchi », qui se réfléchit sur les murs, sur le plafond, sur le sol, et pour tout dire partout, y compris sur le mobilier et les rideaux, et même sur les personnes présentes dans la pièce ! Autrement dit, comme le résume l’expert de Bower & Wilkins, « 50 à 60 % du son que l’on entend ne provient pas directement des haut-parleurs mais de la pièce elle-même ». Un bon professionnel doit pouvoir tenir compte de ces paramètres lors du calibrage de l’installation sonore. Et il peut conseiller, par exemple, d’habiller les murs de tentures pour réduire l’écho, ou de privilégier des revêtements souples au sol plutôt que du carrelage.
L’intégrateur acoustique en renfort
Selon son niveau de compétence et la complexité de l’installation, l’électricien gagnera à s’associer à un intégrateur audio/vidéo, mieux à même de comprendre comment va « réagir » la pièce. En fonction des desiderata et des ambitions du client, l’intégrateur-acousticien interviendra sur deux points. Sur l’isolation acoustique de la pièce, d’une part, pour l’isoler du bruit extérieur et pour isoler l’extérieur des sons provenant de la pièce – une étape optionnelle, certes, mais souvent souhaitable pour garder de bonnes relations de voisinage. L’expertise concerne, d’autre part, et surtout, le traitement acoustique, c’est-à-dire la circulation du son à l’intérieur de la pièce – une prestation qui n’est pas nécessairement hors de prix pour une petite installation home cinéma. L’intégrateur aidera ici à définir le type d’enceintes idéal et leur placement. Ses conseils seront également les bienvenus pour remanier l’aménagement et la décoration de la pièce, qui, comme on l’a vu, ont un impact sur l’expérience sonore.
Les trois grands types d’enceintes:
Pour une installation home cinéma, il est alors possible de panacher trois types d’enceintes : celles dites « in-ceiling », encastrées au plafond, celles dites « on-wall » ou « in-wall » accrochées ou encastrées au mur, et enfin les enceintes posées sur un meuble, sur un support ou à même le sol, dont les superbes enceintes en colonne. Superbes, certes, mais ces colonnes ont de moins en moins la côte dans les foyers, surtout quand le salon n’est pas très grand : jugées fragiles et peu pratiques quand des enfants rôdent dans les parages, le côté parfois massif et encombrant de ces colonnes déplaît. Alexis Schneider, dirigeant de l’intégrateur domotique vidéo AJS Technologie à Meaux (77) tient à ajouter qu’il existe aussi une sous-catégorie d’enceinte in-wall qui sont les enceintes dites invisibles. D’une finesse de quelques dizaines de millimètre, elles s’encastrent dans une paroi BA13 par exemple. Elles sont ensuite enduites et peintes et le résultat est des plus WAF (Women Acceptance Factor). Ce facteur décisionnel est très connu des professionnels technologiques car les femmes veulent des objets esthétiques. L’invisibilité est un vrai critère de vente.
Des enceintes encastrées ? Oui, mais…
Les enceintes encastrées seraient-elles la bonne solution ? « Pour le home cinéma, il est préférable que les enceintes frontales ne soient pas encastrées au plafond, mais placées devant le spectateur et orientées vers lui » conseille Emmanuel Paoli, intégrateur audio/vidéo chez TBSCO. Un jugement que confirme Alexandre Garcia, qui précise toutefois qu’avec des enceintes de plafond, « le rendu peut être correct, et même vraiment étonnant, si l’on choisit des haut-parleurs inclinés ». Ce qui impose de disposer de 20 à 25 cm d’épaisseur sous plafond pour bien orienter chaque enceinte en fonction de l’emplacement du canapé. Gare à « l’effet douche » si elles sont mal positionnées : l’image est face à vous, mais le son semble « tomber » du plafond. Il existe aussi des écrans de projection trans-sonore, derrière lesquels sont cachées les enceintes, ce qui est déjà intéressant esthétiquement mais surtout très immersif car le son semble provenir de l’image ! L’enceinte centrale est mon sens la plus importante car elle émet quasiment tous les dialogues d’un film. Si sa qualité ou son placement sont approximatifs le spectateur le ressentira, précise Alexis Schneider AJS technologie.
Si les enceintes de plafond sont souvent plébiscitées par les clients pour des raisons d’esthétique, les professionnels les réservent autant que possible aux enceintes arrière. Elles s’avèrent aussi très pratiques pour l’ambiophonie, ajoute Emmanuel Paoli, c’est-à-dire pour diffuser du son dans toute la maison ou pour écouter les infos du matin dans sa salle de bains. Notez qu’il existe des caissons de basses encastrables dans le plafond, et même des modèles d’enceintes encastrées totalement invisibles qui font vibrer le Placoplatre (avec des résultats corrects, sans plus).
Les enceintes sans fil
Quand le client refuse les travaux de maçonnerie ou la pose de plinthes électriques pour faire passer les câbles des enceintes situées à l’arrière, le sans-fil vient à la rescousse. Le son multicanal doit par définition « envelopper » le spectateur, ce qui implique de placer les enceintes autour du canapé, et non (comme on le voit souvent) aux quatre coins de la pièce. Le sans-fil apporte ici une solution élégante et discrète, via les technologies WiSA, Wi-Fi ou Bluetooth. Il existe d’excellents modèles d’enceintes sans fil, par exemple celles de la gamme Play de Sonos, qui empruntent le réseau Wi-Fi domestique. Olivier Chemin dirigeant Sonos France vente la simplicité d’installation des produits Sonos. « Nous ne sommes pas dans une installation professionnelle mais nous récupérons les sources HD des box et avec un 5.1 sans fil remplit sa fonction. On vérifiera alors d’emblée la qualité du réseau Wi-Fi, car s’il n’y a plus de son, le client se tournera d’office vers l’installateur du système home cinéma pour assurer le SAV du Wi-Fi. »
De plus, et, cela va mieux en le disant, à moins d’opter pour des enceintes fonctionnant sur batterie, il faudra de toute façon alimenter électriquement chaque enceinte sans fil. On n’évitera donc pas tous les fils. Bon à savoir : il est possible de conserver des enceintes « filaires » dont on est satisfait (y compris un caisson de basses) et leur transmettre le son multicanal par les airs. On doit alors brancher un émetteur sans fil sur l’ampli, et un récepteur derrière chaque enceinte. Dans tous les cas, la qualité du matériel de transmission/réception sans fil est plus que jamais primordiale, nous met en garde Emmanuel Paoli : « Vous aurez beau avoir un super ampli au départ, vous y perdrez évidemment beaucoup si vous basculez en sans-fil via un petit appareil bas de gamme pour alimenter vos enceintes distantes ».
Indispensable caisson de basses ?
Une installation home cinéma domestique comporte deux, ou cinq ou même sept enceintes, plus un éventuel caisson de basses. La mention « .1 » indique que le groupe d’enceintes comprend, en prime, un caisson de basses, par exemple 2.1 ou 5.1 ou 7.1 (s’il est absent, on parlera de 2.0 ou 5.0). Olivier Chemin dirigeant Sonos France préfère un 2.1 avec un caisson de basse plutôt qu’un 5.1 sans caisson. Pour les puristes, ce caisson de basses est tout simplement indispensable, puisque les graves constituent un canal à part entière dans les normes audio numériques multicanales. Ces fréquences basses seront, sinon, réparties par l’ampli sur les autres enceintes, avec plus ou moins d’efficacité.
Le caisson de basses n’a, en effet, pas son pareil pour vous faire « ressentir » la course des dinosaures dans la savane de Jurassic Park. Il existe aujourd’hui des caissons assez compacts, il est même envisageable d’en installer plusieurs dans une salle dédiée. Important, sinon crucial, ce haut-parleur peut, hélas, devenir un élément perturbateur au sein d’un couple ou avec les voisins ! « Si l’installation est mal pensée, les basses traverseront même un épais mur en béton », prévient Emmanuel Paoli. Dans une installation dédiée 2 caissons de basses apportent réellement un gain notable en termes d’immersion sonore. Il existe un type de transducteur très immersif et complémentaire du caisson de basse, appelé vibreur Home Cinéma. Ce vibreur est capable de faire ressentir au spectateur une plage de fréquence extrêmement basse ≤5Hz. Il suffit de l’installer sous un pied du canapé du home cinéma ou mieux directement fixé dans ce dernier. Tout dépend du besoin client ajoute Alexis Schneider.
L’intégrateur audio/vidéo apportera, là encore, des solutions.
Projecteurs de son et barres de son
On l’aura compris, mieux vaut un système home cinéma moins cher et moins puissant, mais bien installé et calibré, qu’un système coûteux et mal réglé. Si l’équipement home cinéma 5.1 s’accorde mal avec les habitudes de vie du client ou avec la configuration de la pièce, on se tournera vers une barre de son, très compacte, à placer sous le téléviseur. Le son ne sera pas aussi « enveloppant » qu’avec un système 5.1 classique, mais les modèles récents, couplés ou non à un caisson de basses optionnel, offrent de belles performances. L’audio est, en tout cas, incomparablement meilleure que celle produite par un téléviseur à écran plat.
Vidéoprojecteur ou écran plat
Et l’écran ? Dans un salon, l’écran de télé LCD permet de se faire une séance de cinéma sans être obligé de fermer les rideaux. Avec le vidéoprojecteur, l’expérience sera beaucoup plus proche du cinéma, mais on ne peut généralement l’utiliser que dans une pièce sombre. Sachez qu’il existe des projecteurs à focale très courte qui, par un jeu de miroirs, fonctionnent en « luminosité contrôlée » : l’appareil, posé sur une table à 40 ou 50 centimètres du mur, projette l’image sur un mur ou un écran blanc. Autre option que l’installateur peut conseiller : conserver le téléviseur LCD pour une utilisation quotidienne, et installer un vidéoprojecteur en duo avec un écran blanc motorisé qui descend devant la télé, juste pour le home cinéma et les jeux vidéo. Des spécialistes comme Erard (voir encadré) proposent d’innombrables solutions de supports pour installer un téléviseur, un vidéoprojecteur et des enceintes – supports muraux et plafond, colonnes design, meubles TV, etc. Le support pied évitera de percer les murs (ce qui est très utile pour les locataires) pour placer les équipements à la bonne hauteur. Tous les détails comptent pour fignoler l’installation.
Comme le résume Jean-Marc Sevaux, intégrateur audio/vidéo près de Nantes : « Quand on fait de l’intégration home cinéma, tout ce que l’on fait sert de vitrine. Grâce au bouche-à-oreille, les clients, les architectes d’intérieur et même les cuisinistes deviennent des prescripteurs ». Autant dire de belles opportunités, et de nouveaux clients en perspective, pour le professionnel que vous êtes…