SMART HOME ELECTRICIEN+ : Quelle est l’origine de Casanova et quelles activités la société recouvre-t-elle ?
David Dray : Casanova est une société industrielle spin-off du groupe Schneider Electric. Cette entité a été créée en 2003 pour devenir LE spécialiste des réseaux de communication voix/données/images résidentiels en France. À l’heure actuelle, nous sommes leader ou co-leader sur le marché avec 60 000 logements équipés par an, ce qui représente à peu près 20 % de parts de marché du logement collectif neuf. Nous sommes aussi présents sur le secteur de la réhabilitation et de la maison individuelle, mais notre coloration est plutôt le collectif neuf privé. Casanova est à l’origine de ce marché. Ce qui ne nous a pas empêchés de nous diversifier, depuis cinq années, avec l’infrastructure de colonnes fibre optique d’immeubles FttH (Fiber to the home, la fibre optique jusqu’à l’abonné, ndlr), afin d’acheminer le très haut débit jusqu’aux logements et le distribuer à toutes les prises de terminaison pour un confort optimal du client.
SHE+ : Vous allez jusqu’au coffret de distribution ?
D. D. : On amène la fibre optique jusqu’au DTIo, qui est le point de terminaison de l’installation FttH dans le logement, c’est-à-dire le tableau de communication. Ensuite, ce très haut débit est distribué par le réseau RJ45 sur des prises multimédias de grade 2 ou grade 3 et sur un réseau unique.
SHE+ : Et la domotique ?
D. D. : C’est la nouveauté. Casanova s’ouvre sur le smart home, autrement dit la maison connectée, avec une approche domotique assez originale. Notre idée est d’offrir avant tout de la flexibilité et de la liberté au client. Pour cela, nous allons nous appuyer sur le concept « Domotique Ready ». Il s’agit de prescrire une solution en amont aux promoteurs immobiliers, de façon à ce qu’ils prédisposent leurs logements à recevoir de la domotique.
SHE+ : Cette offre est donc pour le logement neuf ?
D. D. : Oui, ce dispositif se concentre essentiellement sur une cible du neuf. L’idée est de dire aux promoteurs immobiliers : « Ne faites pas de la domotique un centre de coûts, mais plutôt un centre de profit. » Autrement dit : « Ne vendez de la domotique qu’à ceux qui le souhaitent, en sélectionnant des packs de services qui soient adaptés à leurs besoins particuliers, à ce qu’ils veulent réellement. De telle sorte que, dans un même immeuble, chaque foyer aura sa propre domotique.
SHE+ : Est-ce que cela impose des contraintes aux promoteurs immobiliers ?
D. D. : Oui, et cette solution n’a de sens que si l’on prescrit l’infrastructure très en amont, avec une prédisposition très simple qui tient en quelques items : 1) Disposer de deux prises RJ45 en hauteur, afin de pouvoir distribuer un service IP en hauteur, notamment de vidéosurveillance. 2) Pouvoir compter sur un nombre suffisant de prises RJ45 : 2 ou 3 dans le salon et 1 à 2 par pièce suffisent. 3) Amener le neutre à la commande, pour pouvoir se servir des pots électriques et les domotiser, ce qui n’est certes pas habituel, mais ne coûte rien. Et utiliser des pots plus profonds, de 50mm, à la place des pots de 40mm, uniquement sur les cloisons extérieures, ce qui n’a pas non plus d’impact sur le coût. 4) Disposer d’une place suffisante dans la GTL (gaine technique logement) : en gros, on demande du vide.
SHE+ : Que trouve-t-on dans cette GTL ?
D. D. : On retrouve le tableau de puissances – le tableau électrique –, le tableau de communication et le tableau EDF. La box domotique, ce que nous appelons la passerelle domotique, sera un équipement du tableau de communication. Elle sera associée à un switch Ethernet PoE (Power over Ethernet, l’alimentation électrique par câble Ethernet), qui permettra de distribuer l’ensemble des services IP, ou des services non IP, qui arriveront sur la passerelle pour pouvoir communiquer entre eux.
SHE+ : Cela veut dire que les caméras pourront se trouver en PoE ?
D. D. : Oui, connectées sur une simple prise RJ45, en hauteur, sans même avoir besoin de faire venir le courant fort, la partie courant faible alimentant le dispositif.
SHE+ : Peut-on en savoir plus sur ces packs services : que regroupent-ils ?
D. D. : La grande idée est d’avoir cette infrastructure prête, Ready, d’une part, et une commercialisation post-équipement, via des packs de services qui seront commercialisés par les promoteurs immobiliers eux-mêmes, en option, dans le cadre des TMA, les travaux modificatifs de l’acquéreur, à destination des clients qui le souhaitent.
SHE+ : Casanova ne fait pas la démarche directement auprès du client ?
D. D. : Il y a deux possibilités : Casanova propose une gamme de packs au promoteur que ce dernier va commercialiser avec son programme immobilier, ou bien le promoteur laissera Casanova avoir accès à son client et Casanova sera en mesure de proposer une série de packages. Un package, c’est un équipement qui va répondre à un besoin, par exemple, pour la sécurité, il s’agira d’un cône domotique rassemblant les fonctions détection de présence/Led/HP associé à une caméra PoE. Cela peut aussi concerner la gestion des volets roulants, de la lumière, un pilotage du chauffage, général ou par zone, une sonorisation…
SHE+ : Si l’on prend l’exemple d’un jeune couple qui s’installe : de la même manière qu’il va choisir le carrelage de sa cuisine, il pourra sélectionner ses options domotiques pour connecter sa maison en choisissant les packs qu’il veut ?
D. D. : Exactement : les uns privilégieront la sécurité, d’autres seront davantage attirés par le côté ludique du multimédia, d’autres encore concentreront leur demande sur les économies d’énergie. C’est notre approche : on ne peut pas tout proposer à tout le monde, car tout le monde n’a pas les mêmes attentes. Et cela reviendrait en plus à un coût rédhibitoire. Ce que nous proposerons s’apparente à du sur-mesure.
SHE+ : Ces fameux packages doivent être installés, Casanova s’en charge ?
DD : Casanova travaille avec des domoticiens. Nous avons créé un réseau d’installateurs domotiques. Ils sont tous adhérents à la Fédération Française de Domotique FFD, ce qui leur garantit d’être formés et assure au client une compétence et un prix. Il est alors simple, pour Casanova, de mobiliser ce réseau, opération par opération, pour venir poser le bon package, par l’installateur le mieux adapté.
SHE+ : On voit bien tout l’intérêt pour le client : les coûts sont maîtrisés à l’avance. Une fois précâblé, le logement ne demandera pas d’investissement à ce niveau.
DD : C’est cela. Aucune mauvaise surprise pour le client en termes de gros œuvre et pas de mauvaise surprise non plus en matière de prix, puisqu’on s’appuie sur un réseau de domoticiens qui se sont engagés. D’ailleurs, ces domoticiens restent les interlocuteurs du client final. Il devient son prestataire de service et rien ne l’empêche de continuer à faire vivre le logement et, si besoin, d’upgrader les différentes fonctions domotiques dans le temps.
SHE+ : Entre Casanova et Casanova Life y-a-t’il une connexion ?
DD : Oui. Casanova, parallèlement à son métier de fabricant, associe une offre de services gratuits à l’intention de ses clients. Baptisée Casanova Life, elle est essentiellement un didactique qui explique au client à quoi sert sa domotique, à travers une helpline avec le docteur Casa en ligne, ou téléphonique. Mais c’est aussi une boutique en ligne qui permet d’upgrader son propre système smarthome. C’est également un moyen pour le client de communiquer avec nous par le biais d’un blog… En fait, le site Internet dédié à l’art de vivre en réseau, le blog de spécialistes, la hotline technique, l’application iPhone gratuite et le CD-Rom ludique de présentation représentent tout un environnement appelé Casanova Life.
SHE+ : Est-ce que quelqu’un qui n’aurait pas choisi des services associés dès son installation peut aller sur le site commander ses produits ?
DD : Oui, et Casanova mobilisera ensuite le domoticien qui convient pour installer le package. Le client a le choix : il peut acheter son produit en ligne ou directement au domoticien.
SHE+ : Casanova ne fabrique pas les produits, comme les caméras, par exemple ?
DD : Si, Casanova fabrique certains produits, d’autres sont intégrés aux packs. Nous avons lié des partenariats avec Jeedom, Avidsen, Myfox…, c’est ce qui nous permet de proposer une offre flexible. Nous ne voulons surtout pas être prisonniers d’un produit ou d’une technologie particulière. Par exemple, l’aspect sécurité est basé sur de l’IP ; le package lumière, volets roulants s’appuie sur une techno CPL-IP ; la gestion du chauffage est liée à un protocole radio. Nous ne voulons pas enfermer le client dans une techno.
SHE+ : De sorte que s’il ne veut pas reprendre des produits Casanova dans le futur, c’est possible ?
DD : Oui. Toujours dans l’esprit d’accompagner le client, nous avons développé une application utilisateur Casanova Connected. Elle permet au client de visualiser son appartement et de vérifier quelles fonctions domotiques y sont actives. Car le cœur de notre métier reste la communication dans le logement. Il s’agit d’une intégration verticale de l’activité. Toutes ces fonctions arrivent en IP sur une box et sont affichables sur les écrans de la maison : télé connectée, tablettes, smartphone etc. Nous n’ajoutons pas d’écrans. Ce qui permet de faire fonctionner notre solution même s’il n’y a pas d’Internet à la maison, en local, bien sûr, car le tableau est équipé d’un switch Ethernet PoE au routeur.
Casanova en 3 chiffres clés
- 4,2 millions de chiffre d’affaires
- 17 personnes employées
- 60 000 logements équipés par an