Transition énergétique mais aussi transition démographique, avec un bâtiment économe, et au service du bien vieillir ? La filière électrique est au cœur du sujet avec des solutions d’autonomie adaptées à chaque situation, centrées sur le bien-être, le confort et l’autonomie du résident.
Priorité au vieillissement à domicile
« Les personnes âgées de 60 ans ou plus sont aujourd’hui 15 millions, en 2040 cette tranche d’âge représentera plus de 30 % de la population française. Nous avons depuis longtemps pris en compte cette évolution et transition démographique qui nécessite de déployer des solutions de domotique, simples et adaptées aux situations rencontrées, d’accompagner la personne tout au long de son parcours de vie, et cela malgré des contraintes budgétaires notamment lorsqu’il s’agit de rénovation. Nous assistons parallèlement à l’émergence de nouveaux besoins en terme de sécurité, de prévention de chute, de renforcement de lien social mais aussi d’hygiène… la domotique permet aujourd’hui de les appréhender de façon simple et économique », introduit Diego Portafax, chef des ventes régional clientèle Investisseurs et Bureaux d’études et Solutions résidentielles chez Legrand.
Si les solutions sont prêtes pour accompagner la perte d’autonomie, le contexte légal l’est également, avec la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement promulguée fin 2015. Une loi dont l’objectif est d’anticiper les conséquences du vieillissement de la population en inscrivant cette période de vie dans un parcours répondant le plus possible aux attentes des personnes en matière de logement, de transports, de vie sociale et citoyenne, et enfin d’accompagnement.
« Avec une priorité à l’accompagnement à domicile car 80 % des Français souhaitent vieillir chez eux. Et des aides conséquentes pour un objectif ambitieux de rénovation des logements privés : 140 M€ par an avec des aides de l’Anah et de la Cnav, pour la rénovation de 80 000 logements par an », souligne Diego Portafax. L’accès aux aides techniques (domotique, téléassistance, capteurs, chemins lumineux, etc.) est facilité pour les personnes au revenu modeste et peut couvrir jusqu’à l’intégralité des travaux.
Pour Fabrice Broutin, directeur Santé de Schneider Electric, il s’agit de « gérer avec le plus de confort possible, dans la durée, le parcours santé pour chaque personne âgée en perte d’autonomie : les passages du domicile au centre de rééducation fonctionnelle après un accident, puis le retour au domicile avant, éventuellement, un emménagement en résidence senior ou en Ehpad ».
- Faciliter le quotidien et créer un environnement bienveillant
« Les trois piliers de la silver economy, les acteurs du logement, les fournisseurs de technologies et les fournisseurs de services à domicile apportent désormais des solutions complètes qui mixent services et technologies, avec l’objectif, notamment en Ehpad et résidences seniors, d’avoir la bonne personne, au bon endroit, au bon moment », souligne Philippe Metzenthin, président du groupe MEDeTIC.
Le résident, quelle que soit sa situation de dépendance, est au centre des solutions avec un premier niveau d’offres axé sur le confort et la sécurisation de son logement. « Pack domotique confort » chez Schneider Electric, nouveau contrôleur domotique baptisé coviva chez Hager, ou encore myHome domotique pour Legrand, l’objectif premier des solutions techniques est d’automatiser les équipements du résident pour favoriser au maximum son autonomie, limiter ses efforts et sécuriser ses déplacements, notamment la nuit.
« Le contrôleur domotique se raccorde à la box Internet et permet ensuite le contrôle local ou à distance, via un smartphone par exemple, des éléments commandés : en rénovation, l’appareillage et les éléments existants sont préservés, car ceux-ci se voient incorporer des micro-modules qui s’insèrent dans les boîtiers pour communiquer en mode radio avec le contrôleur. Tout cela sans travaux ! », détaille Philippe Lemarotel, directeur Marketing de l’offre chez Hager.
Bien sûr, le contrôleur domotique en local ou à distance va gérer la centralisation des lumières et des ouvrants, le confort de chauffage et permettre de gérer des scénarios simples du quotidien, mais aussi intégrer des objets connectés, comme par exemple une station météo, poursuit Philippe Lemarotel. Tout cela peut se faire progressivement, par étapes. Et pour l’installateur avec une simplicité de paramétrage et d’installation.
« Pour les résidences seniors et les Ehpad, le bâtiment au sens large devient bienveillant au service du bien vieillir, car, au-delà des solutions numériques pour la sécurité et le confort du logement, il est possible de proposer des services supplémentaires comme l’actimétrie, qui répond à une forte demande du corps médical en permettant d’observer sans intrusion l’activité et les déplacements du patient dans son logement, de détecter ainsi d’éventuelles chutes ou les comportements anormaux », précise Fabrice Broutin de Schneider Electric.
Pour illustration, un exemple avec l’Ehpad de Guéret, des capteurs infrarouge situés à environ 30 cm du sol sont répartis dans les zones sanitaire et couchage. Ils déclenchent en cas de détection un chemin lumineux permettant au résident de se rendre en toute sécurité aux sanitaires. De plus, ces mêmes capteurs sont connectés à notre logiciel d’actimétrie. Il est ainsi possible de sécuriser le déplacement du résident et d’identifier sur la nuitée le nombre de levers, de mettre en évidence les chambres les plus actives, et permettre au médecin alerté la mise en place d’un protocole d’accompagnement adapté aux résidents et d’en mesurer son efficacité dans le temps. C’est la technologie au service du bien-être, confort et sécurité de nos aînés, précise Diego Portafax de Legrand.
Et il est souvent préférable de rendre l’environnement ambiant intelligent plutôt que de demander au résident de porter un médaillon ou un objet sur soi, ajoute Philippe Metzenthin. Ainsi, par exemple, le sol peut devenir un objet connecté car on peut glisser sous le revêtement des capteurs fins de quelques centaines de microns, et pour certaines solutions on détecte ainsi de façon simple une chute, une intrusion ou une fugue, ou bien encore un épanchement urinaire.
- Assurer le lien social entre les résidents, les familles et les soignants
Écran tactile, smartphone, tablette ou encore télévision, les moyens de communiquer sont nombreux pour « connecter » les aînés.
« Mais leur appréhension est différente selon les générations : pour certains aînés, la télévision on la regarde, et ce n’est pas forcément évident de « parler » à une TV ; et c’est aussi de même pour le téléphone. La tablette est intéressante car elle est dédiée aux échanges et est suffisamment petite pour devenir un objet personnel supplémentaire, simple à utiliser », note Philippe Metzenthin.
Les solutions s’appuient sur des protocoles de communication reconnus, filaire ou radio surtout pour la rénovation, par exemple KNX ou encore EnOcean ou Zibgbee ; dans le cas des Ehpad, ils permettent d’échanger avec d’autres dispositifs médicaux.
Avis d’expert : Philippe Metzenthin, président du groupe MEDeTIC et administrateur de la Fédération française de domotique
Photo de P. Metzhentin
Depuis 2008, les activités du groupe MEDeTIC sont axées sur les technologies qui accompagnent la perte d’autonomie.
« Les technologies ne font pas tout, ne se substituent pas à l’humain, et doivent être expliquées tant pour les acteurs médico-sociaux qui parfois craignent que les automatismes remplacent leur travail, que pour les résidents ou leur famille, qui ne souhaitent pas un système intrusif ou bien qui ne sont pas favorables à porter un objet ou médaillon symbolisant leur dépendance ou leur faiblesse. »
L’accompagnement dans les projets d’autonomie est donc indispensable, pour partager une vision entre tous les acteurs, et cela ne s’arrête surtout pas à la réception du projet.
La conception ne doit pas être minimaliste
En amont du projet, les infrastructures doivent être conçues pour permettre de poser et déposer des solutions en fonction des évolutions des besoins des personnes. Les logements ne sont pas forcément spécialisés par type de dépendance, d’où l’importance de prévoir des réservations supplémentaires, de laisser des câbles en attente, de positionner les boutons de hotte à la bonne hauteur, d’avoir des contrastes pour mettre en évidence les appareillages et les cadres de portes, de prévoir un peu plus de prises électriques en cas de future mise en place d’un suivi actimétrique, etc.
Faire les bons choix technologiques et les expliquer
Si l’infrastructure est bien conçue, la capacité de communication du logement et les choix technologiques autorisent l’évolution progressive de la solution, en fonction des besoins de l’occupant. N’oublions pas que les capacités visuelles ou encore de déplacement sont différentes d’une personne à l’autre, et que ces différences s’accentuent avec l’âge. Ensuite, après l’adoption initiale, l’écoute et l’accompagnement seront clés pour augmenter le confort au rythme de la vie du résident.
Les arguments pour le directeur d’Ehpad et de résidences seniors
« Pour le maître d’ouvrage, responsable d’Ehpad ou de résidence senior, il y a trois fondamentaux avec les solutions au service de l’autonomie, car il peut en effet : recentrer son personnel sur des tâches à valeur ajoutée, être dans une vigilance accrue par rapport aux résidents, sécuriser les familles », explique Fabrice Broutin de Schneider Electric.
Les maîtres d’ouvrage ont aussi en tête leurs consommations énergétiques, mais l’optimisation de la performance énergétique n’est pas ce qui est mis en exergue. « Pourtant, certains groupes commencent à mettre en œuvre une gestion de suivi d’énergie multisites de leur parc, en y intégrant comparaisons et prévisionnels de consommations. Ensuite, pour les résidences seniors en neuf, l’information de consommation est fournie aux résidents en fonction de leurs usages, tandis que les exploitants vont s’intéresser aux dérives et aux alertes, par exemple en cas de panne de chauffage ou bien de chambre inoccupée », note Thierry Vallée de Hager.
Des pistes d’innovation avec les objets connectés et l’e-médecine ?
Par Fabrice Broutin de Schneider Electric
« Le marché est en évolution permanente, grâce aux liens entre les pros de la santé et la filière électrique, et également à l’effervescence liée aux technologies du numérique. »
D’ailleurs, les objets connectés ne sont pas en reste. Citons les tensiomètres sans fil pour prendre la tension, la visualiser sur le smartphone, mais aussi enregistrer et avoir un suivi graphique long terme, puis partager les résultats avec le médecin. On peut évoquer aussi le siège connecté qui va mesurer les paramètres médicaux principaux (rythme respiratoire, fréquence cardiaque…) ou bien encore les systèmes de mesure du sommeil : avec un capteur très fin à glisser sous le drap housse, on va s’intéresser au sommeil et informer en particulier des paramètres : mouvements, respiration, rythme cardiaque… et restituer un journal de bord sur smartphone ou tablette pour tenter d’aider à améliorer la qualité du sommeil.
Ce n’est donc que le début d’une dynamique qui va nécessiter une mobilisation pour mettre en place des technologies et systèmes de communication évolutifs, discrets et adaptables à des situations variées de perte d’autonomie.