Alors que l’on commence à beaucoup parler d’autoconsommation en France, la gageure est d’autoconsommer à l’échelle d’un ensemble de bâtiments, en l’occurrence un campus d’écoles et d’entreprises. Le réseau public véhicule l’autoproduction issue de trois typologies de centrales : au sol, en toiture et en ombrière.
Une proposition de valeur qui se situe autour de l’économie
La ZAC de Ker Lann présente la particularité de regrouper différentes activités porteuses : une expertise académique par la présence de nombreuses écoles de l’enseignement supérieur et de la recherche, des entreprises spécialisées dans la haute technologie, ainsi que des ensembles immobiliers résidentiels et d’hébergement pour étudiants. La rentabilité du projet, pour un investissement estimé à environ 10 millions d’euros, sera principalement assurée par la vente d’énergie verte aux entreprises et aux particuliers présents sur la ZAC, ainsi que par une offre élargie de services de gestion de l’énergie. Le modèle de RennesGrid consiste en fait à proposer un bouquet de services innovants, basés sur des projets bien maîtrisés, mais à inscrire dans un nouveau modèle économique qui embarque aussi du renouvelable. La rémunération de RennesGrid, c’est le partage de l’économie réalisée. « Sur ce premier modèle existent des démonstrateurs, qui ont aujourd’hui été peu vendus. Or l’époque de ces pilotes, souvent subventionnés par des fonds publics et privés, touche à sa fin », estime Thierry Djahel, directeur de la Stratégie et de la Prospective, Schneider Electric. « Les entreprises comme nous ont investi dans une dizaine de démonstrateurs. Aujourd’hui, nous aimerions bénéficier du retour sur investissement. Valoriser une prestation de services avec une rémunération issue du partage de la valeur s’avère un modèle très vertueux où in fine le client est gagnant économiquement », estime-t-il.
Passer d’un modèle de subvention à un modèle de marché
Sur ce type de projet, les clients tertiaires sont priorisés car ils ont un volume de consommation qui justifie la mise en œuvre de ressources. Les particuliers, eux, sont encore à l’abri des tarifs régulés. Intégrer pour eux un approvisionnement énergétique ne pourra se faire que sur une proposition tarifaire bien adaptée. Le photovoltaïque ne fonctionnant que le jour, reste à tester des solutions de stockage innovantes, car si ces solutions sont matures techniquement, elles ne le sont pas encore économiquement. Le stockage coûte encore aujourd’hui entre 25 et 30 centimes d’€ le Kwh alors qu’on l’achète entre 10 et 15 centimes au compteur.
En revanche, la proposition d’approvisionnement en renouvelable porterait sur une partie du besoin qui représenterait entre 10 et 50 % de la facture des clients. Cela nécessite une imbrication sophistiquée sur l’approvisionnement habituel du client. RennesGrid va gérer l’approvisionnement venant de plusieurs fournisseurs d’énergie ainsi que l’approvisionnement renouvelable. Et pour que cela soit facile à gérer pour les clients, tout en étant très transparent, Schneider Electric vise un modèle contractuel global qui sera porté par la société de projet.