La caméra thermographique a bien changé : écran tactile, format réduit voire de type smartphone, mais aussi toute une panoplie de fonctionnalités pour une prise en main aisée. Quels sont les critères de choix en fonction de son activité ? Quels résultats en attendre ?
La thermographie pour démontrer et convaincre
Un petit peu de physique pour rappeler que tout objet dont la température est supérieure au zéro absolu (– 273,15 °C ou 0 kelvin) émet un rayonnement dans la plage infrarouge. Et c’est à partir des émissions d’infrarouges d’un objet cible que la thermographie infrarouge mesure sa température, à distance et sans contact. De fait, la thermographie est une technique, et non un métier, et s’applique comme outil de diagnostic pour déceler des désordres invisibles à l’œil nu et ce dans plusieurs domaines du bâtiment (isolation, réseau de chauffage, électricité, mécanique…).
« Grâce à la caméra thermographique, nous pouvons compléter l’état des lieux en détectant l’invisible dans un bâtiment. Par exemple, nous avons pu détecter récemment dans une copropriété des années 80 la présence d’un circuit de chauffage en dalle, la copropriété n’avait plus les DOE et personne n’avait connaissance de ce réseau qui distribuait pourtant plus de 70 % du chauffage dans la copropriété. Et la superposition des couches de revêtement de sol au fil des années avait rendu le chauffage au sol inefficace alors que les radiateurs devaient servir uniquement pour le complément », explique Mustapha Forci, chef de projet au sein du bureau d’études environnementales Terao. Pour nos études thermiques, la caméra est un outil indispensable pour réaliser un bon audit énergétique, car elle permet de détecter et de cibler les défauts, de mettre en évidence des désordres invisibles à l’œil nu ou encore, à l’inverse, de démontrer la présence de défauts qui étaient déjà soupçonnés. Dans les deux cas, les images sont explicites et convaincantes.
Les défauts majeurs peuvent être traités en priorité, et cela aide beaucoup par exemple en copropriété pour convaincre et expliquer au syndic et aux occupants les points sensibles et ponts thermiques importants, poursuit-il. En tertiaire, en rénovation comme en construction neuve, l’utilisation de la caméra thermographique est fortement recommandée pour la réception des travaux, les entreprises y trouvent un intérêt majeur dans certains cas, notamment par le gain de temps dans les opérations d’autocontrôle et la mise au point des ouvrages, en particulier l’isolation du bâtiment et les installations CVC. « C’est ainsi plus facile par exemple de contrôler le bon fonctionnement d’un plafond ou une dalle rayonnante, et le maître d’ouvrage est rassuré lors de la réception », illustre l’expert.
Se former pour maîtriser l’usage de la caméra thermique
La prise en main et l’utilisation d’une caméra de thermographie peut paraître facile et n’implique pas nécessairement de connaissances très poussées en thermique ou en transfert de chaleur. Mais attention, le diagnostic et l’interprétation des résultats doivent être justes : des grandeurs d’influence comme l’émissivité ou la température d’arrière-plan peuvent conduire à des erreurs significatives. Le cadrage thermique, puis le travail en mode manuel, sont des notions qui méritent un apprentissage et une adaptation à chaque application étudiée. Au niveau d’un audit énergétique d’un bâtiment, « certaines conditions doivent être respectées pour une inspection efficace, la prévoir en pleine période de chauffe ou lorsque la température extérieure est en dessous de 10 °C, privilégier un moment avant le lever du soleil, par exemple». Mais la caméra ne se substitue pas à une inspection physique sur place, notamment des parois ; pour savoir s’il y a une isolation sous le doublage, démonter une prise de courant ou un interrupteur reste le moyen le plus simple, souligne Mustapha Forci.
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