Précédemment, il y avait deux syndicats représentatifs : l’Union des Maisons Françaises (l’UMF), que je présidais depuis mars 2015, consacrée au secteur de la maison individuelle, et l’Union des Constructeurs Immobiliers de la FFB (l’UCI FFB) qui regroupait des constructeurs de maison mais également des promoteurs et quelques aménageurs. Depuis des années, nous collaborions sur des actions communes et nous nous sommes dit qu’il était dommage de ne pas parler d’une seule voix en matière de logement en France. Nous avons décidé, il y a environ 2 ans, d’unir nos forces et avons, au cours de l’année 2015, créé un groupe de travail entre les membres de l’UCI, de l’UMF et de la FFB. Nous avons décidé de dissoudre nos propres organisations syndicales pour créer une nouvelle entité : « Les Constructeurs et Aménageurs de la FFB ». Le premier enjeu a été de convaincre tous nos adhérents du bien-fondé de ce rapprochement qui a pris naissance au 1er janvier 2016 autour de trois métiers : les constructeurs de maisons individuelles, les promoteurs et les aménageurs. Trois vice-présidents : Patrick Leleu, Grégory Monod et Gérard Adamo sont en charge de leur animation.
En additionnant nos effectifs, nous devrions être bientôt un millier d’entreprises adhérentes, avec une représentativité plus forte, plus écoutée afin d’être l’interlocuteur incontournable en matière de logement. Nous disposons, par ailleurs, de plus de moyens pour répondre à nos adhérents et notre affiliation à la FFB nous permet également de bénéficier de tous les services de cette dernière au niveau national, régional et départemental.
Quels ont été les premiers chantiers de l’année ?
Les deux premiers mois de l’année ont été particulièrement chargés avec la mise en place de notre Union dans le cadre des 13 nouvelles régions. Au-delà de la nomination des vice-présidents, membres du bureau, du conseil d’administration et des présidences régionales et départementales, nous avons mis en place plusieurs commissions, à commencer par 3 commissions Métiers animées et dirigées par chacun des vice-présidents. Pour la maison individuelle, nous avons lancé un chantier sur lequel je m’étais engagé, à savoir le « toilettage » du contrat de construction loi de 1990, qui a 26 ans, et qui ne répond plus aux problématiques d’aujourd’hui. Nous associons à cette démarche la création d’une carte d’identité des terrains afin que nous ne soyons pas éternellement responsables des vices cachés, que nous ne pouvons déceler, n’ayant pas les moyens légitimes de réaliser des études de sols avant l’achat du terrain par le maître d’ouvrage. Nous estimons que le bon sens doit prévaloir sur ce sujet et qu’un terrain de mauvaise qualité et nécessitant des travaux d’adaptation n’aura pas la même valeur qu’un terrain parfaitement sain.
Par ailleurs, nous avons reconduit la commission BIM animée par Alain Duret, ainsi que la commission Transition énergétique, présidée par Patrick Leleu. Il en est de même pour la commission Produits qui associe nos adhérents à une centaine de partenaires pour réfléchir et faire émerger des solutions techniques au travers de nos ateliers produits. Nous organisons par ailleurs un séminaire technique chaque année, qui réunit environ 500 personnes, qui était auparavant réservé aux constructeurs de maisons, mais qui a été élargi aux promoteurs et aux aménageurs. Enfin une commission Digital, animée par Sylvain Massonneau, continuera à alimenter nos réflexions dans le cadre de la révolution numérique que nous vivons. Parallèlement à ces travaux, nous avons bien entendu renforcé notre communication auprès de nos adhérents à travers des flash infos, des newsletters, etc.
Les activités des constructeurs immobiliers de la FFB sont nombreuses et variées. Elles s’ordonnent autour de trois grands thèmes : la réalisation de maisons individuelles ; la promotion immobilière ; l’aménagement foncier. Quels sont les enjeux communs à ces différents métiers ?
La construction de maisons, promotion et aménagement sont, à l’origine, trois métiers distincts avec chacun leur spécificité. Depuis plusieurs années, les règles d’urbanisme rapprochent de plus en plus ces 3 métiers et nous constatons que les constructeurs de maisons font un peu de promotion et un peu d’aménagement, notamment autour des grandes métropoles. Cette évolution de l’acte de construire m’a incité à accepter la présidence de notre nouvelle Union qui correspond exactement à la façon dont j’envisage l’évolution de nos métiers. Je pense qu’à terme nos 3 métiers n’en feront plus qu’un et qu’il est indispensable que nous puissions tous bénéficier des informations et des services pour accompagner cette évolution.
Quelles sont vos propositions quant à la loi de finance et au code de l’urbanisme ?
Nous avons travaillé avec l’UCI et la FFB sur l’APL Accession, qui avait été sérieusement remise en cause en 2014 et qui devait être supprimée fin 2015. En deux mots, cette aide au logement, si elle avait été supprimée, excluait de fait de la propriété beaucoup de ménages modestes. Aussi était-il capital de maintenir cette APL. C’est pourquoi nous avons fait beaucoup de lobbying sur ce sujet au niveau parlementaire. Et nous avons été entendus, puisque l’APL Accession a été maintenue.
Nous avons également été très présents dans les discussions sur le prêt à taux zéro qui, après une première mouture fin 2014, a été reconsidéré au 1er janvier 2016 sur des bases extrêmement intéressantes pour les jeunes ménages dans le cadre de l’accession sociale à la propriété.
Ces actions, nous les avons menées conjointement, avant la fusion, et elles ont pesé sur la loi de finance 2016. Nous continuerons bien entendu à intervenir dans le cadre de la loi de finance 2017, car cela fait partie du travail de base de notre Union.
Aujourd’hui, vos métiers tournent autour de deux dispositifs d’aide : le prêt à taux zéro et le dispositif Pinel sur l’investissement locatif. Ces deux dispositifs sont acquis pour la loi de finance 2016, mais quid de demain ?
Concernant les aides au logement, notre but est de démontrer que les recettes sont plus importantes que les dépenses, ce qui malheureusement n’est pas toujours appréhendé par les pouvoirs publics. À partir du mois de septembre, nous allons approcher l’ensemble des formations politiques et les futurs candidats dans le cadre de l’élection à la présidentielle pour parler logement, connaître la volonté de chacun dans ce domaine et faire part de nos propositions.
Les métiers du bâtiment sont en train de changer, notamment du fait de l’entrée du numérique et de l’apparition du BIM, mais aussi de la réglementation sur la performance énergétique. Comment appréhendez-vous ces changements ? Quels sont vos projets d’action pour les accompagner auprès de vos adhérents ?
La révolution numérique est évidente au niveau de la communication. Elle l’est tout autant au niveau technique, et la meilleure illustration ce sont les réflexions du BIM qui sera certainement incontournable dans les années à venir que l’on soit constructeur, promoteur ou aménageur : nous ne pouvons passer à côté de ce sujet majeur! Notre rôle est d’informer nos adhérents et de collaborer à la mise en place de cet outil dans le cadre de chacun de nos métiers, d’où une commission de réflexion. Ce sujet est en train de se mettre en place, il n’est pas encore mature, nous nous devons de participer à son évolution, mais il ne faut pas croire que le BIM sera pour autant une réponse universelle. On peut imaginer que, sur de grosses opérations de promotion pilotées par des majors, tous les intervenants pourront s’associer au projet ; par contre, sur un chantier de maison individuelle, cela me paraît plus difficile que tous les corps d’état, qui, pour la plupart du temps sont réalisés par des artisans, puissent se coordonner via leur propre logiciel. Dans la société que je dirige, par exemple, nous sommes entre le niveau 1 et le niveau 2 de BIM, nous gérons la maquette numérique, mais nous n’avons pas encore d’interopérabilité entre tous les corps d’état existants.
Quelles sont les étapes à franchir pour que cela se développe vraiment ?
Il faut continuer de travailler ensemble, quelle que soit la taille de son entreprise, afin de mettre en avant les problématiques propres à chaque métier et coopérer avec les partenaires industriels qui, eux-mêmes, sont déjà très impliqués dans la démarche.
Comment appréhendez-vous l’efficacité énergétique ?
C’est une priorité pour nous depuis des années et nous avons beaucoup travaillé sur la RT 2012 en alertant, à l’époque, les pouvoirs publics sur les effets inflationnistes de la réglementation. Nous n’avons malheureusement pas été entendus et avons dû augmenter nos tarifs d’environ 15 % au 1er janvier 2013 ! Aujourd’hui, nous sommes déjà dans le cadre de la RT 2020, du Bepos mais également d’une réglementation intermédiaire en 2018. Pourquoi pas, car on ne peut ignorer les effets du réchauffement climatique qui est, aujourd’hui, un élément incontournable au niveau mondial. Notre rôle est de discuter avec les pouvoirs publics pour trouver des solutions qui n’enrayent pas la reprise du logement que nous constatons depuis quelques mois. Il faut rappeler qu’en 2012 nous avions déjà fait un pas énorme en divisant par 3 la consommation d’énergie primaire. Aujourd’hui, nous venons à peine d’intégrer la RT 2012 et je pense que l’on est allé au bout de ce qui pouvait être fait au niveau performance énergétique d’une maison. De nouvelles contraintes au niveau de la réglementation thermique entraîneraient des surcoûts importants et inamortissables qui risquent, de nouveau, de casser la dynamique actuelle. Restons sur les bases d’une consommation énergétique d’aujourd’hui, réfléchissons sur le bas carbone et surtout travaillons sur l’habitat ancien, que nous soyons constructeurs ou promoteurs.
La rénovation fait également partie de nos axes de développement pour les prochaines années. Nous sommes certains que ce marché existe même s’il n’est pas structuré aujourd’hui. Le développement de nos métiers passera par ces marchés de rénovation, notamment énergétique. Et cela concerne autant les constructeurs que les promoteurs et les aménageurs.