Claire Auger développe son expertise pendant 3 ans dans l’entreprise familiale en tant que technicienne bureau d’études, après l’obtention d’un BTS Électronique. Ses missions : identifier le(s) besoin(s) des clients, réaliser des cartes électroniques prototypes, piloter le câblage, programmer les micro-processeurs et assurer la mise en service chez le client. D’un naturel cartésien, elle s’épanouit dans ce métier où la finalité est concrète et le résultat tangible.
En 1999, elle est présidente de l’Association des anciens élèves de l’ENREA. Son désir d’enseigner reprend le dessus. Elle répond à une annonce du CFI diffusée sur le réseau de son ancienne école. Claire Auger décroche le poste pour assurer la formation des jeunes inscrits en BEP électronique.
En 2011, après la fermeture de ces formations et un passage par les classes préparatoires à l’apprentissage du CFI (dispositif d’initiation aux métiers techniques et découverte de l’alternance), notre formatrice s’oriente vers l’électricité et l’électrotechnique. Responsable des enseignements du CAP PRO ELEC (préparation et réalisation d’ouvrages électriques), elle voit parfois son statut de femme enseignante technique remis en cause. Cependant, elle affirme sa légitimité en transmettant sa passion et ses connaissances du métier tout en valorisant ses élèves dans leurs missions professionnelles. Lors de visites en entreprise, après l’étonnement, il faut parfois passer par une phase d’acceptation : « Il faut prouver que j’ai les compétences, que je connais le métier », confie Claire.
« On retrouve plus de femmes dans les métiers de l’électronique. Ce sont des métiers qui demandent de la minutie, qui emploient des courants faibles ; cela pourrait expliquer une attraction plus grande auprès des publics féminins », constate-t-elle.
En 2015, Claire propose à ses apprentis de participer à des concours professionnels : celui des Meilleurs Apprentis de France (MAF) et le Championnat national des apprentis électriciens, organisé par la Fedelec (Fédération nationale des professionnels indépendants de l’électricité et de l’électronique). L’objectif de ces concours : valoriser une profession, un secteur (le bâtiment/l’industrie), trop souvent dépréciés par les jeunes et le grand public.
Pourquoi si peu de femmes s’engagent-elles dans les métiers de l’électricité ? L’analyse de Claire est simple : « L’électricité et l’électrotechnique emploient des courants plus forts, des techniques et des outils issus du BTP ; ces métiers peuvent paraître plus exposés aux risques. Cependant, l’évolution des technologies permet de réaliser les tâches plus facilement sans avoir besoin d’employer la force physique. Par ailleurs, l’évolution du métier et les différentes normes de type habilitations ont sécurisé le métier, qui fait aujourd’hui moins peur. »
D’expérience, Claire remarque également que les filles qui choisissent ce type de formation l’ont choisi par motivation et non par défaut. « Les apprenties sont sérieuses et motivées. De plus, elles font souvent preuve d’une plus grande maturité, ce qui rassure les employeurs. Il n’y aucun obstacle physique ou intellectuel qui empêcherait des jeunes femmes d’accéder à ces métiers », ajoute-t-elle.
Son avenir, elle l’envisage dans le secteur de la domotique et de l’efficacité énergétique. « Les technologies de ces secteurs sont en plein essor, cela me passionne. À terme, avec l’adaptation de nos formations au marché, l’électronique pourrait refaire partie intégrante de mes enseignements », confie-t-elle.
Actuellement en formation en génie climatique (80 % des pannes sont d’origine électrique !), Claire enseignera prochainement auprès des apprentis techniciens en maintenance énergétique.