Nos produits sont soumis de manière croissante à de nombreuses réglementations et normes environnementales ainsi qu’à des exigences de plus en plus marquées de la part des clients. Développer une démarche complète d’écoconception au sein de son entreprise permet de répondre à ces exigences.
Par Julie Dalban-Canassy, responsable Écoconception au sein de la division UPS (Uninterruptible Power Supply) chez Eaton Industries France, également vice-présidente de la commission environnement du Gimélec et secrétaire du groupe de travail Environnement du Cemep UPS.
Une démarche d’écoconception se mène généralement sur plusieurs fronts. Les impacts d’un produit sur l’environnement se considèrent à toutes les étapes de son cycle de vie (de sa conception au choix des matériaux, en passant par son utilisation et sa fin de vie), c’est pourquoi tous les départements d’une entreprise doivent être impliqués.
Les services de marketing/communication feront, en amont de la conception du produit, le recueil des attentes environnementales des clients, et, en aval, la promotion du produit écoconçu. Celle-ci passe par la publication du profil environnemental du produit (PEP) : véritable carte d’identité environnementale, il permet d’obtenir de nombreux renseignements tels que le respect des réglementations et normes, mais encore les atouts du produit et de ses fonctionnalités écoconçues. En matière d’affichage des performances environnementales, le projet européen PEF (Product Environmental Footprint) a vu le jour en 2012 et servira de méthodologie commune de mesure des impacts environnementaux et de leur affichage à tous les pays européens. Les UPS font partie des produits pilotes afin de tester ce guide et devraient rendre leurs résultats au premier trimestre 2017.
Le département de R&D veille à la prise en compte des aspects environnementaux lors de toutes les étapes de la conception du produit, sans oublier les obligations réglementaires auxquelles le produit doit se conformer, telles que les exigences en matière de substances dangereuses (règlement européen REACH – Registration, Evaluation, Authorisation and Restriction of Chemicals), la directive européenne RoHS – Restriction of Hazardous Substances), de recyclage (directive européenne WEEE – Waste of electrical and electronic equipment) ou encore d’énergie (directive d’écoconception ErP – Energy related Products). Une analyse de cycle de vie (ACV) doit être menée à la fois pour identifier les phases de vie du produit les plus impactantes sur l’environnement et les améliorer, mais aussi pour valoriser et déclarer un produit écoconçu auprès de programmes d’éco-déclarations tels que PEP Ecopassport®.
Les achats et la supply chain collectent des informations auprès des fournisseurs (nature des matériaux, substances dangereuses…) et permettent une gestion optimisée du transport des produits afin de réduire les impacts sur l’environnement de cette phase du cycle de vie.
Les forces commerciales constituent l’interface avec les clients qui souhaitent obtenir des preuves de la conformité environnementale des produits et font du caractère écoconçu un critère désormais déterminant. La formation des commerciaux est primordiale pour une réponse adéquate aux clients, sur des sujets encore nouveaux tels que ceux-là.
Enfin, au travers de tous les services d’une entreprise, l’écoconception peut présenter une source d’innovation intéressante et une création certaine d’opportunité et de valeur.
L’écoconception est au cœur des préoccupations actuelles. Pour preuve, avec le renforcement des exigences d’écoconception dans la nouvelle version de la norme internationale ISO 14001 : 2015 de management de l’environnement. Elle fait également partie intégrante du nouveau paquet « économie circulaire » adopté en décembre 2015 par l’Europe. Celui-ci est voué à optimiser l’utilisation des ressources naturelles, les achats et la consommation durable (par exemple l’allongement de la durée de vie du produit), le recyclage par le biais de concepts tels que la réutilisation du produit pour un nouvel usage ou encore des matières premières secondaires issues de ses déchets, la maintenabilité, la réparabilité, etc. Nous retrouvons dans ce paquet toutes les réglementations et initiatives citées plus haut, ce qui devrait inciter les entreprises à adopter ce modèle et aller vers des démarches d’écoconception de plus en plus robustes. La boucle est bouclée !